Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Lettres, de M. Couturier ancien Notaire, & de M. l'Abbé Jourdans Chanoine de Saint Louis du Louvre.

M. Pafquier, déja célèbre par de très beaux portraits en émail, vient de fe fignaler encore par plufieurs morceaux de ce genre, fur tout par celui du Roi & du Roi de Dannemarck qu'il a fait de reminiscence, & néanmoins d'une reflemblance frappante. Il mérite les plus grands éloges. On croit cepen. dant pouvoir demander qu'il évite dans fes carnations quelques teintes d'un gris livide, qui déparent un peu les têtes.

La miniature eft rarement exécutée par des Artistes d'un ordre fupérieur. Une pratique aifée, du foin & quelques tons agréables, en font ordinairement tout le mérite. Mais M. Hall fait éclater dans ce genre le génie le plus rare; à la couleur la plus belle, au fini le plus précieux, il joint une hardieffe, une franchise de touche, une sûreté d'exécution, un caractère de deffin fier & reffenti, qui le décident un grand Peintre dans ce genre.

M. Clériffeau, Architecte & Peintre d'Architecture, vient d'être reçu à l'A

cadémie depuis l'ouverture du Salon, qu'il a décoré de plufieux tableaux d'architecture peints à la gouaffe, qui prouvent qu'il eft profondément verfé dans la connoiffance de la belle Architecture antique. Auffi voit on qu'elle prend fous fon pinceau un caractère mâle, une force, qui manquent à cette architecture dans la plupart des tableaux de ce genre. La réunion des études exactes & févères qu'il a faites de toutes les antiquités de l'Italie & des Gaules eft un objet de curiofité, d'autant plus piquant pour les Amateurs qu'il n'a pas encore été mis fous leurs yeux.

La Sculpture fe diftingue cette année moins parle nombre que par la per fection de fes ouvrages. M. le Moyne, Directeur de l'Académie, arrête nos regards fur plufieurs buftes auffi intéresfans par les perfonnes repréfentées que par la vérité avec laquelle il a fçû faifir leur reffemblance. C'eft de lui qu'on peut dire qu'il fçait animer le marbre. Il y a dans fes buftes une vie fingulière, un goût de fentiment & d'exécution qui lui eft propre. M. le Chancelier de Maupeou le père eft rendu avec

les plus beaux détails, & Mad. la Comteffe d'Egmont avec des graces, fans doure inférieures à celles dont elle est ornée, mais portées au plus haut degré de féduction que l'art puiffe atteindre. M. Allegrain a expofé deux bas-re liefs, figures de femmes qui repréfentent, l'une le Sommeil, l'autre le Matin. On ne peut difconvenir qu'il n'y ait de la chair dans ces figures; mais on pourroit dire qu'il y en a trop, & qu'à force d'avoir voulu lui donner de la foupleffe & de la fléxibilité, on l'a rendue molle. Les têtes,d'ailleurs, font bien extraordinaires, pour ne rien dire de plus.

La feue REINE, repréfentée avec les Symboles de la Piété, de la Prudence, de la Charité & de la Reconnoiffance, eft un des morceaux exécutés par M. Pajou. Je n'éxaminerai point fi la tête a véritablement cet air de bonté qui peignoit l'ame fenfible de cette Princeffe aimable. On a trop peu de fecours pour bien rendre ces perfonnes auguftes & chères à la Nation, & ce n'eft qu'après qu'on les a perdues, qu'on fe reproche de n'avoir pas pris toutes les pré

[ocr errors]

cautions néceffaires pour en conferver une exacte reflemblance à la postérité. Mais il me femble qu'il répugne à la modeftie, qui étoit une des plus grandes vertus de la REINE, de lui avoir laiffé plufieurs parties nues. On s'efforce fouvent envain de joindre avec une tête aflujettie aux détails qui forment la reffemblance, ce négligé grand & mâle que la fculpture emploie dans fes draperies. Quoi qu'il en foit, M. Pajou a rempli cet accord difficile avec autant de fuccès qu'il étoit poffible, à l'exception peut-être que cette figure paroîtra d'une proportion trop longue. L'efquiffe d'un Tombeau pour le Roi STANISLAS préfente une idée grande, noble, magnifique. L'Amour Dominateur des Elemens a auffi des beautés & des fineles de détail. On fçait gré à M. Pajou d'avoir indiqué les ftatues qu'il a faites au Palais-Royal; ce font quatre figures de pierre de neuf pieds de proportion placées à l'avant-corps neuf de ce Palais du côté du Jardin; elles font honneur à cet Artiste; elles repréfentent Mars ou les Talens Mili

taires, la Prudence, la Libéralité, Apolfon ou les Beaux-Arts.

Il y a de M. Caffieri le Pacte de Famille. Le feul confeil à lui donner eft de traiter de nouveau ce fujet, & furtout la tête. Il n'eft pas le premier qui ayant remarqué que le Roi a les yeux grands les ait encore aggrandis au point d'être obligé de gonfler les tempes. Ce confeil paroît d'abord affez dur; mais ce n'eft point par mépris pour l'ouvrage ; c'est' que je fuis perfuadé qu'en fait de Sculpture, lorfque le tour & l'efprit d'une figure ne fe trouvent pas heureufement faifis, il vaut mieux chercher un autre meuvement que de fe tourmenter à raccommoder. L'Espérance qui nourrit L'Amour feroit un grouppe affez ingénieux fi les proportions des figures étoient plus exactes. Le Portrait de M. de la Faye, Chirurgien, eft modélé avec beaucoup de goût & des détails

très-vrais.

Vénus qui demande des armes pour fon fils, par M. d'Huès, eft très-agréa ble, bien modélée & bien proportion

« VorigeDoorgaan »