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où elle fe fit chrétienne. Neftor, Annaliste Ruffe & Moine, dit que l'Empereur de Conftantinople en devint amoureux & voulut l'époufer; que pour éviter ce mariage elle le pria d'être fon parrain lorfqu'elle fut baptifée; mais ce conte eft fans vraisemblance; il faudroit fuppofer qu'après cinquante- deux ans de mariage avec Igor, Olga avoit encore affez de charmes pour faire impreffion fur le cœur de l'Empereur. » Swatoflaw »qui n'avoit aucun penchant pour laReligion chrétienne, ne s'occupa que de sce qui concernoit la guerre ;il ne dé»fendit point à fes fujets de fe faire bap » tifer; mais il méprifoit ceux qui l'é»toient. Il permit à fa mère de convertir »dans la Province de Pleskow qui lui "appartenoit en propre, autant de gens "qu'il lui plairoit, d'y planter des croix, "d'y bâtir des hôpitaux. Tout fon plaisir "confiftoit à faire beaucoup de butin »fur fes ennemis; il parcouroit leurs »terres avec la rapidité d'un aigle & l'in»trépidité d'un léopard. Jamais Prince »n'a moins aimé fes commodités; un »fimple morceau de pain lui fuffifoit »pour vivre; la felle de fon cheval lui "fervoit de lit & fon manteau de couverture; fes généraux & fes fol

» dats imitoient fon exemple

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Ce ne fut que fous le regne de Wladi mir, vers 988,que laReligion chrétienne s'établit en Ruffie. Idolâtre comme fes ancêtres, il avoit des vertus & il chercha la vérité; il ne la trouva pas cependant tout-à-coup; il languit dans l'erreur; il commença par être perfécuteur avant d'être profelyte. Il étoit fort adonné à fes plaifirs; il avoit plufieurs femmes; celle qu'il aimoit le plus étoit Rogneda Princeffe de Polotsk qu'il époufa malgré elle. » Un jour qu'il dormoit chez elle, la Princeffe réflé» chiffant fur la violence qu'il lui avoit » faite & fur les infidélités qu'il com»mettoit tous les jours, fe faifit d'un

couteau & alloit le poignarder, lorf»que Wladimir fe réveilla, lui faifit la » main & l'empêcha d'achever fon » coup. Rogneda, loin de fe repentir de » ce qu'elle venoit de faire, parut être

fâchée de ne l'avoir pas tué, & lui dit » en verfant un torrent de larmes: Tu as » tué mon père, ma mère, mon frère » tu as ruiné mon païs, & non content » de me mépriser & de me hair, tu déteftes » le fils quej'ai eu de toi. Après que fes

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premiers tranfports furent calmés, » Wladimir lui ordonna de prendre fes » habits royaux, de fe rendre dans fon appartement& de fe placer fur fon trô»ne pour y recevoir la mort de fa main; » il fut enfuite la trouver; mais quelle » fut fa furprise lorfqu'il vit fon fils affis »à côté d'elle, un fabre nud à la main. »Il s'avança vers fon père, & en lui » donnant le fabre: Seigneur, lui dit-il » en répandant un torrent de larmes,

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daignez me tuer le premier pour que je » n'aie point le chagrin de voir répandre »le fang de mamère. Wladimir ne put re» tenir fes larmes ; il lui arracha le fa»bre des mains, & lui dit : qui eft - ce qui t'a caché ici? Ce fut là tout ce qu'il lui dit & fa colère fe calma dans »l'inftant. Cependant,ayant fait rebâtir » Polotsk par le confeil de fes Bojards, il l'érigea en principauté & donna or. » dre à Rogneda de s'y rendre avec fon » fils, avec défense d'en fortir fans fon » ordre. ››

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Les victoires de Wladimir afsûrèrent le repos à fes Etats; il s'occupa du bonheur de fon peuple; la réputation de fa fageffe fe répandit au loin; les nations

tions étrangères,touchées de fes erreurs, voulurent lui faire quitter le paganifme; il reçut différens Ambaffadeurs. Les Bulgares du Nifowich furent les premiers qui lui en envoyèrent; ils le prefsèrent de le faire Mufulman.La doctrine de la pluralité des femmes lui plaifoit affez; mais il ne pouvoit fe téfoudre à la circoncifion; il aimoit le vin & croyoit qu'il étoit propre à animer les foldats; il ne vouloit pas s'en priver; la défenfe de manger du cochon lui déplut aufli, parce que ce feroit diminuer les moyens de fubfiftance à fes peuples; il ne voulut point de ce culte. Il reçut des Ambassadeurs du Pape & de l'Empereur de Conftantinople; mais il leur répondit que leur Religion ne lui convenoit pas. Les Juifs qui habitoient avec les Rofares fur les côtes de la Mer-Noire, lai envoyèrent aufli des députés pour lui propofer d'embra fer la leur.

Nos ancêtres, lui dirent-ils, ont cru»cifié Jéfus que les Chrétiens adorent. » Nous ne connoillons & n'adorons » qu'un feul Dieu, créateur du Ciel & » de la Terre. Nous fommes circoncis » & nous obfervons le Sabbat ainsi que ANN. 1769. Tome V.

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"Dieu nous l'a ordonné par la bouche » de Moïfe. L'horreur que Wladimir » avoit pour la circoncifion fuffifoit feule pour l'empêcher de fe rendre à » leur propofition. Il leur demanda quelle étoit leur patrie; ils répondi»tent que c'étoit Jérufalem. Ydemeurez» vous, ajoûta-t-il? Cette queftion les embarraffa; ils répondirent: Dieu irrité contre nous à caufe des péchés de » nos pères, nous a chaffés de la Terre » Promife & l'a donnée à des étrangers. A ces mots Wladimir perdit patience » & leur dit : puifque Dieu vous a maudits & vous a difperfés parmi les na»tions étrangères, il y a tout lieu de » croire que votre Religion lui déplai" foit. Pourquoi voulez-vous donc » que je l'embraffe? Eft - ce afin qu'il »me châtie comme vous? Là deflus » les Juifs fe retirèrent accablés de » honte & de confufion. »

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Enfin l'Empereur de Conftantinople qui ne s'étoit point rebuté, lui envoya un philofophe appellé Conftantin, qui dans plufieurs converfations qu'il eut avec lui fur la Religion, fit quelques impreffions fur fon cœur ; il lui montra

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