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un tableau du Jugement Dernier qui le fie frémir. Quelle place fouhaiteriezvous dans ce moment terrible, lai demanda Conftantin? Ah, reprit Wladimir, je mettrois ma félicité à être placé à la droite du Juge févère & redoutable que j'apperçois! Eh bien, reprit le Philofophe, vous ne pouvez l'efpérer qu'en vous faifant baptifer & qu'en fuivant le culte qu'il a prefcrit lui-même Wladimir réfléchit; il fe fit inftruire; mais avant de fe décider il affembla un Confeil qui lui dit d'envoyer à Rome, à Conftantinople & chez lesMufulmans, des gens fages qui examinaffent les Religions fur les lieux où elles étoient pratiquées. Les députés partirent ; ils ne fe donnèrent pas la peine de voir les Jaifs;'ils trouvèrent chez les Mahométans des cérémonies fi ridicules & fi peu décentes qu'ils ne s'y arrêtèrent pas long-temps; la pompe du culte à Rome les frappa; mais il les féduific à Conftantinople; ils y trouvèrent tant de majesté qu'ils fe décidèrent pour celui-là. Wladimir prit la réfolution de demander le baptême à l'Empereur; mais craignant qu'on ne regardât cette démarche

comme une foibleffe,le nouveau profélyte,en allant chercher fon parrain, lui enleva une ville; il demanda aux Empereurs leur fœur en mariage. La Princeffe Anne réfifta long temps; fes frères pour la déterminer lui repréfentèrent l'honneur dont elle fe couvriroit.">Vo »tre mémoire, lui dirent-ils, sera en » bénédiction chez les Ruffes, & vous » afsûrerez encore le repos de votre pa» trie. Vous fçavez les maux qu'ils » nous ont faits, & nous fommes à la »veille d'en éprouver d'autres fi vous » rejettez cette alliance. La Princesse »étoit fi affligée qu'elle pouvoit à peine »parler.Que deviendrai je, leur dit elle, » s'il refufe d'embraffer la Religion » chrétienne, ou fi, après l'avoir em»braffée, il y renonce & me force à ado»rer les faux Dieux? Mourez plutôt » que de le faire, lui répondirent-ils, » mais que la postérité fçache que c'est à » nous queles Barbates font redevables de la connoiffance du vrai Dieu. »

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La Princeffe Anne confentit ; elle n'eut pas lieu de s'en repentir. On raconte que Wladimir avant fon baptême perdit la vue; il regarda cet accident

comme une punition des Dieux qu'il quittoit. Sa femme le rafsûra & lui promit que le baptême lui rendroit ce qu'il venoit de perdre; ce qui arriva effectivement. Après ce miracle, Wladimir devoit être attaché à la Religion qu'il venoit d'embraffer, & il le fut. A fon retour dans les Etats, il fit détruire les idoles; il n'épargna pas le Dieu Pérun, dont il avoit fait faire une ftatue de bois avec la tête d'argent; il le fit jetter dans la Wolchowa. » On raconte que ce »Dieu nagea fur l'eau, & qu'ayant » faifi un bâton qui flottoit fur la riviè » re, il le prit & s'écria en le jettaut » fur le pont: Prenez le, Nowogrodiens, & Jervez vous en en mon honneur. C'est » delà qu'eft venue la coûtume des habi»tans de Nowogrod, de fe donner des » coups de bâton les jours de fête; ce qui ne fe paffe point fans qu'il y ait » bien des têtes caffées. On peut voir » par là leur crédulité, & en outre l'a» verfion qu'ils avoient pour le gouver»nement monarchique, la plûpart » ayant mieux aimé s'affommer eux» mêmes que de fe foumettre. Ceux » qui s'étoient convertis, voyant qu'il

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» vouloit gagner le rivage, lui tirèrent » des coups de flêches en lui difant : »Tu n'es plus notre Dieu; nous t'avons » craint affez long-temps; retourne dans "l'Enfer d'où tu es forti. ».

Wladimirétablit des écoles; les femmes trouvèrent fort mauvais qu'on voulût obliger leurs enfans à apprendre à lire & à écrire; elles pleurèrent beaucoup, mais le Clergé leur fit entendre raifon. Wladimir mourut le 15 Juillet de l'an 1015. L'Eglife Grecque l'a mis au nombre de fes Saints.

Swatopolk voulut lui fuccéder au détriment de fes frères; il en fit égorger quelques uns; Jaroflow les vengea & força le fratricide à fe retirer en Po. logne, où il chercha des fecours qui ne le mirent point fur le trône. Jaroflaw I y monta, regna trente-huit ans avec gloire & mourut en 1054. Ce Prince vêcut 76 ans, & fut très-grand dans la paix ainfi que dans la guerre. Il étoit religieux jufqu'à la fuperftition. Il fit déterrer les os de deux de fes oncles, morts payens, & les fit baptifer.

C'eft à ce point que M. Lomonoffow termine fon Hiftoire; elle eft curieufe & remplie de faits agréables qui dé

laffent attention du lecteur fatiguće par les premiers détails concernant l'origine des Rules qui eft couverte des ténèbres les plus épaiffes dans lefquelles on ne peut marcher qu'à l'aide de la critique. I eft fâcheux que l'auteur n'ait pu achever fon Hiftoire; il faut efpérer que quelque Ruffe inftruit continuera fan travail.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 6 Septembre 1769.

LETTRE XV.

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Lettre aux Académiciens du Royaume & à tous les François fenfes, in- "8° 69 pages; à Paris chez le Jay Libraire rue Saint Jacques au-deffus de la rue des Mathurins.

L'A

'Auteur de cette Lettre commence par fe plaindre de l'importance des occupations de nos Académies qui n'ont pas le temps de combattre nos ufages abfurdes. Il prend

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