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le parti de les leur dénoncer, ainfi qu'à tous les François fenfés. Il s'arrête d'abord fur celui de terminer toutes les Lettres par je fuis votre très-humble &. très obéiffant ferviteur. Il parle enfuite des fantés que l'on boit encore parmi le peuple, & des faluts que la politeffe ordonne, mais qui fe font d'une manière fi différente felon les perfonnes, qu'il feroit effentiel de connoître la gamme de ce cérémonial. Nos bons ayeux avoient moins d'efprit ; ils fe connoifloient moins en bonne chère, en frifure, en épigrammes; mais ils étoient francs, fincères, bons foldats, & mettoient leur honneur à acquérir des vertus, comme nous mettons le nôtre à acquérir des manières. L'auteur intro, duit nos ancêtres revenant fur la terre, & leur met dans la bouche cette vefpérie qui nous regarde. Rougiffez, »nous diroient-ils, troupeau de paref» feux & de diffipateurs; nous étions » ménagers; c'étoit pour vous engraif» fer , pour vous procurer des établisse» mens folides. Nous nous privions de » délices pour fonder votre nom, pour

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E 1769. 345 cimenter votre opulence; nous tra» vaillions, nous allions aux combats, nous fuivions avec peine les fentiers épineux de la juftice; nous nous cap»tivions, nous nous réduifions au fim»ple néceffaire : & pour qui nous impo»fons nous cette contrainte? N'étoit-ce » pas pour vous, ingrats! Et voilà l'ufage que vous faites du fruit de nos >>fueurs. Vous avez encore l'indécence » de vous moquer de nous. Vous nous raillez d'avoir été à pied pour vous » faire rouler en carroffe. Vous nous re"prochez d'avoir vêcu frugalement pour

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vous procurer la fomptuofité dont » vous abusez. Vous avez raifon; mais »notre feul tort eft de nous être con

» traints pour des enfans fi peu recon» noifans & fi peu dignes de nos foins. » Nous avions plus d'efprit que vous » fans avoir autant de prétentions Notre regne étoit aufli Horiffant que le

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vôtre; nos troupes n'étoient pas moins » formidables; notre marine étoit aufli puiflante; nos arts, nos manufactu » res, nos bâtimens nous fuffifoient nous étions par notre bonne conduite P'y

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» auffi riches que vous, & nous vous » avons laiffé plus de biens que vous » n'en laifferez à vos defcendans; en» fin, nous avons été les créateurs de vo » tre gloire; fçachez donc nous refpec»ter; loin de brifer nos autels, imitez »notre bravoure, notre tempérance, »notre zèle patriotique, &c. »

Nos pères vieillifoient avec une exiftence robufte, & nous devenons caducs avant le milieu de notre carrière; on ne voit parmi nous que de jeunes vieildards également défavoués par Mars & par Venus. Nous l'emportons fur eux dans la confommation des denrées; la terre rapporte à peu près depuis long-temps le même volume de productions; il en eft un grand nombre dont nous avons doublé, triplé, & même décuplé la confommation. Cent mille domeftiques de plus à Paris & ailleurs confomment plus de pain blanc qu'on n'en mangeoit il y a cent ans. L'on doit dire la même » chofe de la viande; la nature n'a » point fertilifé la faculté générative des animaux, & le luxe des tables » tend à appauvrir toutes les espèces ;

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» il femble même qu'on cherche à les » anéantir par l'avidité avec laquelle on ourt après toutes les primeurs. Les ragoûts recherchés, les jus, les coulis, » entraînent une deftruction qui eft à » peine concevable ; & fouvent un feul plat, s'il n'eût pas été raréfié, auroit fuffi à la fubfiftance de quatre familles. On le juge à la mine; on en ignore » la valeur, & il n'occupe qu'un trèspetit coin fur une grande table; mais »fouvent répété, il opère un vuide » dans la fociété. Gens riches, détrui» fez moins, les pauvres mangeront plus.

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La quantité du bois diminue dans les environs de la capitale; il faut le faire venir de loin; il en eft plus cher; la confommation qu'on en fait eft prodi gieufe; il faut dans chaque maison feu chez Monfieur, feu chez Madame, chez chacun des enfans, chez le maître d'hôtel, la femme de chambre, dans la cuisine, l'anti-chambre, la loge du portier, &c; & Dieu fçait comment les fubalternes épargnent une denrée qui ne leur coûte rien! Autrefois trois feux

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au plus fuffifoient dans les grandes maifons. La famille fe raffembloit autour d'une vafte cheminée; on formoit un grand cercle; les enfans y étoient admis; ils écoutoient leurs pères & pronoient leurs mœurs & leurs inftructions.

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L'épidémie a pénétré jufques dans les maifons Religieufes. » Il y avoit an"ciennement des falles du commun, » des foyers au bout du dortoir, où la » Communauté entière fe chauffoit, & » où chacun alloit tour-à-tour puifer la » chaleur dont il avoit befoin. Aujour d'hui il n'eft point de maifon où tous » les chefs n'ayent leur appartement » échauffé. Les Confeffeurs, Prédica»teurs, gens de cabinet ont chacun » leur feu particulier; il n'y a que les jeunes frères à qui cette faculté foir » interdite. L'on convient que c'eft un foulagement bien placé pour les gens >> utiles dans une maifon; mais l'espèce » en elle même ne s'en altère pas moins; » plus elle deviendra rare, plus elle » fera chère, parce que la terre eft moins: prodigue. que vous. Vous forcez fa dépenfe; mais vous ne la néceffitez

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