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pagnie pourra faire S à 600 mille livres d'opérations par jour. Nous vous »prions, Meffieurs, ajoûte l'auteur, » de faire une réfléxion bien effentielle, » c'eft qu'il ne tiendra qu'aux Action»naires que les porteurs des anciennes actions foient eux mêmes les acqué»reurs des nouvelles ils auront fur » cela toute la préférence qui dérive de » la nature de leur titre; dailleurs, ce qui leur arriveroit aujourd'hui ne leur » feroit pas plus à charge que ce qui leur eft arrivé, lors de l'appel de 1764. » Quand les actions qui ne fournirent "pas les 400 livres furent réduites à d'action, il est évident que les propriétaires perdirent de leur proprié » té. Si fur huit actions on en vend aujourd'hui trois pour faire l'appel des cinq autres, on n'aura perdu de mê» me que de la propriété. Cet arran»gement ne fut pas trouvé à charge alors; pourquoi le feroit-il aujourd'hui que l'argent eft afsûrément à plus » haut prix? Dailleurs, il ne faut pas te diffimuler que les nouvelles actions fe chargent de toute la liquidation à leurs » rifques, périls & fortunes, & ren-

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» dent à cet égard la tranquillité, tant » aux Actionnaires qu'aux créanciers; » les nouveaux Actionnaires méritent

» de grands avantages, & encore une » fois nul étranger n'en pourra jouir » qu'au défaut & au refus des Actionnai » res mêmes. »

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L'auteur développe davantage fon plan dans un Projet de Délibération qui contient dix fept articles. Depuis la lecture du Mémoire on a tâché de foulever les Actionnaires contre ce projet; on leur a dit que ce plan étoit ufurpateur & dévorant, pour me fervir des termes mêmes de l'auteur. La plûpart des Actionnaires réfolurent de faire l'emprunt provifoire, devenu indifpenfable pour éviter la banqueroute. La pluralité des voix fe réunit à rejetter comme une extravagance la propofition de former cet emprunt à cinq pour cent, & voulut enfin le faire enfuite à dix pour cent. Mais le Public fera moins furpris quand il fçaura que dans »le nombre de trois ou quatre cens per»fonnes qui donnent leurs voix dans les "affemblées de la Compagnie, les trois quarts ne font peut-être pas Action

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>> naires, & que dans le nombre de » ceux qui le font, la plupart ont l'in»térêt le plus foible au fort des Ac» tionnaires, & l'intérêt le plus con» fidérable à faire des affaires particu lières avec la Compagnie, & par con»quent à fon exiftence quelconque.

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L'auteur offre enfuite les tableaux de la fituation actuelle de la Compagnie des Indes, & de ce qu'elle fera en 1771. Il en conclut que le plan qu'il propofe eft le feul qu'elle ait à fuivre. Dans le cours d'un demi-fiécle, rempli d'avantages, de fuccès & de pertes, elle a perdu deux cens millions, fans que les Actionnaires ayent jamais vu accroitre leurs dividendes. Quel efpoir raifonnable peut-elle concevoir pour l'avenir? Elle s'eft établie dans l'Inde dans un temps où fes habitans avoient perdu le fouvenir de la gloire de leurs ancêtres, & contribuoient à perfuader qu'elle n'eft qu'une belle fable; elle ne trouva bientôt d'autres ennemis que les Européens. Les Anglois & les François fe partageoient des conquêtes qu'ils devoient perdre un jour; les premiers ont enfin démoli une ville fuperbe que nous

avions bâtie à cinq mille lieues de notre continent. » Ce malheur, fi c'en eft » un pour l'Etat, eft irréparable pour les Actionnaires, foit que les Anglois » confervent les forces qui ont détruit » les nôtres, foit qu'ils fuccombent »fous le nombre des Indiens qui s'indigneront à la fin de porter le joug de l'Europe, & qui apprendront à le rompre. Mais je dirai encore plus: » l'idée de conquête qui nous fait pot»ter la guerre dans ces climats,ne tend qu'à augmenter notre commerce. On

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1 que fi l'avantage de ce commerce » peut être réel pour le négociant, il ne produit pour la Nation que l'effet de » faire paffer par les mains du Négo»ciant les richeffes nationales, tandis

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que la Nation, & peut-être le négo. »ciant lui-même,croient que ces richef»fes font une conquête, un nouvel ac» croiffement. Acheter eft vendre, & vendre eft acheter: voilà l'axiome qui »embraffe tout commerce national. M. Dupleix n'a ceffé de répéter à la Compagnie que fon bénéfice ne feroit ja» mais auffi avantageux qu'il pourroit l'être, fi elle n'acquéroit pas en pro

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priété les Provinces d'où elle tireroit » alors les marchandises au meilleur prix poffible. On ne peut contefter "que ce ne foit là le plus grand avan»tage qu'une Compagnie puiffe fe » mettre; la puiffance devient immense; » c'eft une république fouveraine & guerrière qui s'élève ; les Actionnai→ respeuvent s'enrichir; mais il faudroit » que la Nation fût éblouie de cette » vaine gloire, pour ne pas fentir elle qu'elle eft plus funefte pour que » brillante en elle-même. "

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M. le Comte de Lauraguais conclut que le parti que doivent prendre les Actionnaires leur eft dicté impérieufe ment par leur état réel, & que celui de continuer le commerce eft fondé fur des fpéculations chimériques; que jamais ils ne réaliferont les avantages dont ils fe flattent, à moins qu'ils ne redeviennent les maîtres de l'Ile de France, & que cette Ifle ne devienne pour eux ce que Batavia eft pour les Hollandois. Les pertes qu'ils ont faites, leur épuisement, le défaut d'hypothèques leur ôtent tout moyen de continuer le commerce; ils n'ont point d'autre

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