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Cependant, continue l'auteur de la Lettre,» je vous demande, Monfieur, » s'il y a dans ce procedé de la bonne » foi & de l'honnêteté; c'est la passion fans doute qui vous aveugle... Vous » accufez M. de Voltaire d'être un fauf» faire, un plagiaire, un effronté, un » ignorant qui ne fçait pas le Grec. Eft» ce là le ftyle des égards & du refpect?»> Je conviens avec l'auteur de la Lettre que ces expreffions font dures; mais un écrivain qui falfifie, tronque, altère plufieurs paffages de l'Ecriture pour la rendre ridicule, n'eft-il pas un fauffaire? Un hiftorien qui compile fans pudeur Hyde, Bochard, Warburthon &c n'eft-il pas un Plagiaire effronté? Un homme qui voulant citer quelques mots Grecs & traduire quelques passages de Grec, fait tantôt des barbarifmes, tantôt des contrefens, peut-il paffer pour fçavoir cette Langue? Pourquoi M. de Voltaire a-t-il la manie d'être

univerfel? Qu'il fe renferme dans fa fphère; on ne lui contefte pas le talent d'avoir fçu faire de beaux vers & d'écrire d'un ftyle brillant, quoique bien inférieur à la profe rapide & brûlante du Citoyen de Genêve; mais qu'il n'affiche point l'érudit, tandis qu'il n'est qu'un plagiaire.

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L'auteur de la Lettre avoue qu'il ne connoît M. de Voltaire que par la célébrité de fes talens. Ne me prenez 39 donc pas, dit-il, pour un de ces » difciples qui cherche à vous offen» fer pour venger fon maître. Un tel » projet n'eft pas fait pour la bonhommie provinciale dont je fais profeffion; » je voudrois que tous les gens de Let»tres futfent dignes d'être fincèrement » amis. » On ne peut que fouhaiter, mais non efpérer, l'accompliffement de ce defir formé par un efprit jufte & par une ame honnête. Toute cette Lettre à M. Larcher, quoiqu'on y défende une

très mauvaise caufe, eft polie& bien écrite. C'eft une petite Brochure in80 de 16 pages qui fe trouve à Paris chez Gauguery Libraire rue des Mathurins.

Principes de la Religion & de la Morale, Extraits des ouvrages de Jacques Saurin, Miniftre du Saint Evangile.

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Jacques Saurin, Miniftre de la Religion Prétendue Réformée, eft le plus grand Prédicateur que les Proteftans ayent produit. Au talent de la parole il joignoit une érudition profonde & une modeftie fingulière : accord affez rare. En général, les Prédicateurs font comme les Poëtes, c'eft-à-dire, fort ignorans & fort vains. Il nâquit à Nifmes ẹn 1677 d'un habile Avocat de cette ville, qui étoit Calvinifte. Il fut élevé avec foin & fit d'excellentes études. Il les interrompit pour fuivre le parti des armes. Il eut un drapeau dans un Régi

ment qui fervoit en Piémont. Mais la paix s'étant faite entre la France & la,. Savoie, Saurin alla reprendre à Genè ve fes études de Philofophie & de Théologie. Il fit en 1700 un voyage en Hollande, puis en Angleterre, où il se maria en 1703. Deux ans après il retourna à la Haie, où il prêcha avec un applaudiffement extraordinaire. Il y mourut le 30 Décembre 1730 à 53 ans. Ses Sermons ont été recueillis en douze volumes in-8°; on y trouve du génie, & ce qu'on y admire fur tout, c'eft que cet orateur eft plein de fageffe & d'impartialité. Il ne fe permet point ces imprécations effrénées contre l'Eglife Romaine, qu'on reproche avec tant de raifon à la plupart des Calvinistes. Outre ces douze volumes de fermons fur différens fujets, nous avons encore de M. Saurin onze volu-~ mes du même format fous ce titre: Dif ours Hiftoriques, Critiques, Théolo

giques & Moraux fur les événemens les plus mémorables du Vieux & du Nou-, veau-Teftament. Les Principes de la Religion & de la Morale que je vous annonce, Monfieur, font extraits avec beaucoup d'intelligence de tous ces différens ouvrages de Saurin, par M. l'Àbbé Pichon Chantre & Chanoine de l'Eglife Royale de Saint Pierre-la-Cour, Sainte Chapelle du Mans. Il a dédié fon travail à M. de Grimaldi d'Antibes, des Princes de Monaco, Evêque du Mans, &c, Prélat plus recommandable encore par fes qualités perfonnelles que par fa haute naiffance. Le rédacteur a laiffé de côté la doctrine hétérodoxe du Miniftre; il n'a rassemblé que les traits éloquens du Philofophe & de l'Orateur qui développe avec tant d'énergie les grandes preuves de notre foi, & qui met dans le plus beau jour les maximes effentielles de nos mœurs, Je voudrois pouvoir vous citer, Monfieur, quel

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