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» de leur vie; un petit fervice les ten» te, & ne peut être accordé ; tout le paffe eft en pure perte : manière » de penfer bien extravagante! Leurs » droits pour obtenir font toujours en proportion du nombre de leurs pré»tentions; les fervices reçus n'entrent jamais dans le calcul: mais l'homine » en place, quand il est doué d'une raifon fupérieure, prévoit l'injuftice, la fent & l'abandonne à elle-même ; » content de mettre les ingrats au rang » des hommes qu'il peut regarder avec » indifférence, fon accueil leur épargne » la honte, ou leur dérobe cette fatif» faction préfomptueufe que pourroit »leur caufer l'air du reproche. Dans » des cas de concurrence, ils ne feront ni préférés ni exclus; l'équité feule » fera leur deftinée. Auffi cette conduite » lui ramène-t-elle ceux à qui il refte quelque vertu ; elle lui concilie de » nouveaux amis, &, pour dire plus elle arrache fecrettement l'eftime des ingrats mêmes qu'elle achève de def» honorer. Il faut toujours en reve»nir à notre philofophe la Fontaine : » un bienfait n'est jamais perdu.

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Ce qu'on ne fçauroit trop louer dans

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Monfieur de Moncrif, c'est qu'il a fçu plaire fans bleffer la Religion, les mœurs, la décence, l'honnêteté pablique. Excellent Citoyen, Poëte charmant, Philofophe fans affiche, rempliffant tous les devoirs de l'homme, les faifant aimer dans fes ouvrages: voilà fous quels traits M. de Moncrif fera connu de la postérité. Que j'aime rois à voir nos jeunes écrivains fe propofer de femblables modèles ! Mais, par malheur pour les Lettres, la réunion de ces heureufes qualités eft bien rare aujourd'hui.

Lettres fur l'Esprit du Siècle, in-8°; à Paris chez les Libraires qui vendent les Nouveautés.

Ces Lettres, Monfieur, forment une Brochure in-8 de 61 pages; on ne s'y borne pas à montrer que l'esprit philofophique actuel ne fait qu'abattre fans rien conftruire; on établit con.. tre lui un fyftême conféquent, à l'égard de la Religion & du Gouvernement qui fe prêtent un appui mutuel; cet

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efprit philofophique déclame contre les Couvens; occupé de projets deftructeurs ; il ne ceffe de parler de leur fuppreffion; il en veut ouvertement à la Religion Catholique, à Rome, à nos Prélats, à nos Prêtres ainfi qu'aux Moines ; il voudroit fubftituer le Théifme; on s'attache à prouver que cela n'eft pas poffible. Le Théïfme peut être la religion de tel ou tel homme qui fe refufe aveuglément à tout autre frein religieux; mais il ne peut être celle d'un gouvernement politique. Vouloir aujourd'hui une religion fimple, ou, pour mieux dire, ne la » vouloir pas abondante en dogmes & "en loix, c'est vouloir que l'homme »ne foit pas dans l'état de dépravation » où il eft. La Religion, telle qu'elle > exifte dans fes myftères relatifs à l'homme dépravé, dans fes développe» mens& dans fes loix, eft celle qui doit » néceffairement exifter, & fa néceffité incontestable que je démontrerai, eft » la preuve fenible & toujours fubfif» tante d'un péché d'origine poullé » dins fes triftes effets jufqu'où il pouvoit aller. Je parle ici de toutes les dif

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rentes espèces de Religion; car mon objet n'est pas de prouver à nos Philofophes telle ou telle Religion >> particulière, mais de les amener » par des preuves, auxquelles ils ne puiflent pas fe refufer, à en admettre » une & à voir tout à la fois les inconféquences énormes & les fuites ter» ribles qu'entraîne après lui leur fyf» tême deftructeur, en ne le confidé>>rant même que philofophiquement. » Parvenus à ce point, ce fera alors qu'ils pourront fe replier fur la Re»ligion chrétienne & la voir dans toute »l'evidence que fes preuves emportent » avec elles pour quiconque n'est pas » détourné de les méditer, foit par la préfomption & l'indépendance d'un efprit tel que le leur, foit par l'aveu» glement & l'opiniarreté où jette une Religion faulle dans laquelle on a le >> malheur d'être né. Les preuves du >>Chriftianifme, quelque péremptoires » qu'elles foient, ne les convainquent point, & c'eft ce qui doit être, dès qu'ils font décidés contre elles avant }} même que de les examiner. »

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Les Philofophes ne veulent point de

religion révélée; mais d'où vient le Theifme? Scautions nous fans révélation qu'il exifte un Dieu créateur, ré munérateur & vengeur qu'il faut adorer; ce Dieu a gravé ce principe dans le fond de nos cœurs. Ils prêchent l'in différence pour toutes fortes de Religion: & pourquoi attaquent-ils celle dans laquelle ils font nés? Que ne laiffentils aux autres la liberté de ne pas penfer comme eux? Ils la demandent pour eux-mêmes cette liberté; ils im plorent à grands cris la tolérance, & ils font les plus intolérans des hommes; ils répandent l'injure, la calomnie, le farcafme, fur ceux qui ne font pas aveuglés comme eux que feroientils, s'ils avoient l'autorité en main? Jamais peut être il n'a coulé autant de fang qu'ils en feroient couler euxmêmes. » La liberté qu'ils demandent,

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ajoûte l'auteur, & que les loix civiles » ne peuvent pas leur accorder fans aller contre leur effence, & même » fans détruire toute la loi ; cette liberté, dis-je, ne peut être au fond que celle de parler & d'écrire contre » la Religion & le Gouvernement;

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