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excufée; il y a des hommes qui fe dé. dommagent par elle des privations qu'on leur impofe. L'auteur cite à ce fujer cette anecdote qui lui fournit des réfléxions qui ne font malheureu· fement que trop vraies. » Un homme » un jour injurioit en ma préfence une » femme refpectable. Pouffé à bout par des queftions preffantes, il s'enferra » de lui-même & fut obligé d'avouer qu'il n'avoit jamais eu aucun droit à »fes bonnes graces. Eh bien, dit-il avec dépit, je n'en publierai pas moins le » contraire; je fus malheureux & je » dois m'en venger. Etrange fureur! Si

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l'attaque eft une action libre de no. »tre part, la défenfe doit l'être auffi. » Les femmes nous permettent des de» mandes ; le refus doit leur être per» mis. Ne ferons nous jamais équi» tables! Impofteurs audacieux, que » penferiez-vous d'une femme qui haï»roit tous les hommes qui ne l'au≫roient pas aimée? Vous la méprife»riez; jugez vous donc : ce fentiment en elle ne fuppoferoit qu'un ridicule, & vos menfonges fuppofent

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» un vice. »

On punit tous les jours ces miférables que la famine & l'indigence conduifent à voler, & fouvent à tuer pour fe débarraffer d'un témoin qui peut les dénoncer; c'est ce que fait le calomniateur. Cette obfervation eft d'ancienne date. On a dit depuis longtemps qu'il y a peu de différence de la vie à l'honneur. Il étoit aufli affez inutile de répéter que l'innocence calomniée n'a que les pleurs pour fe défendre, à moins qu'on ne fe flatte de faire paf fer cette idée rebattue à la faveur d'un tableau qu'on voit toujours avec émo»tion,»On ne peut lire fans l'attendriffe. »ment le plus douloureux avec quelle peine Henri le Grand luttoit contre les calomniateurs qui vouloient arracher » de fon cœur fon bon ferviteur, fon » fidèle ami le grand Sully. Quand on » croit voir ce refpectable Miniftre aux pieds de fon cher maître, lui de» imandant en grace de ne point le » combler de bienfaits,avec autant d'ar› deur que d'autres les euffent brigués,

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n'eft on pas faifi de la joie la plus » touchanté & de l'émotion la plus pathétique ? Tout autre que Henri eut

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cédé aux importunités de ces lâches » courtifans qui l'affiégeoient, qui ne » pouvoient lui parler fans renouvel»ler leurs infâmes délations. Tandis » que Sully combattoit pour fon maî» tre contre les fangfues de fon peuple, » Henri combattoir pour fon Miniftre » contre les ennemis de fon digne fa» vori. Trois jours le Monarque eut la » force de bouder contre fon ami, & pendant ces trois jours fon cœur déchité éprouva le plus affreux fupplice. La calomnie triomphoit; Sully » rafsûré par fa confcience attendit que fon maître le prévînt; & ce bon Roi, s'il avoit eu la honte d'aban» donner trois jours fon ame aux horreurs du foupçon, fçut au moins se » dédommager en fe ménageant la gloire de faire les premières avances.» Je ne m'arrêterai pas davantage Monfieur, fur certe Brochure; les réAlexions de l'auteur ne font pas neuves; mais elles font intéreffantes & présentées avec chaleur.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 9 Août 1769.

LETTRE

LETTRE V.

Parallèle de la condition & des facultés de l'homme avec la condition & les

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facultés des autres animaux conte nant des Obfervations critiques fur l'ufage qu'il fait des facultés qui lui font propres, & les avantages qu'il en pourroit retirer pour rendre fa condition meilleure: ouvrage traduit de l'Anglois fur la quatrième édition, par M. Robinet, à Paris chez Lacombe Libraire rue Christine.

Cet ouvrage forme

Et ouvrage forme un volume in12 de 272 pages; il eft divifé en cinq Sections. Dans la première l'auteur établit que le peu de de progrès qu'on a fait dans les recherches fur la nature de l'entendement humain, vient de ce qu'on a négligé AN. 1769. Tome. V.

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de comparer la condition & les mours de l'homme avec celles des animaux. En comparant les diffé»rentes espèces animales, on remarque » aifément que chacune a des facultés qui lui font particulières, convena»bles au rang qu'elle tient dans la » nature, & proportionnées à la fphère » de fon activité. Parmi les facultés infiniment variées qui diftinguent les »efpèces, il y en a plufieurs qui font » les mêmes dans toutes, & quelques» autres qu'elles pofsèdent en commun, » mais à différent degré. L'homme eft » au haut de l'échelle animale. Le roi » des animaux eft capable de tous les

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plaifirs dont ils jouiffent, mais en» core de beaucoup d'autres qui leur » font inconnus. S'il n'eft pas le feul » animal doué de raifon, il en possède » du moins une dofe fi forte & dans » un degré fi fupérieur qu'aucun autre » animal ne lui eft comparable à cet » égard.»

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Il y a beaucoup d'uniformité dans les actions des animaux ; ceux de la même efpèce font les mêmes chofes & toujours de la même manière

; on

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