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voir des Romains; Gordien en envoya à Rome 12, ou plus vraisemblablement 22, comme gages de sa victoire'.

Cette intervention des éléphants dans les guerres de Perse fournit au sénat l'idée d'une distinction parti culière pour les empereurs qui revenaient vainqueurs de l'Orient: ce fut de leur décerner des chars de triomphe traînés par ces animaux. Nous avons vu plus haut que cet honneur avait été accordé à Alexandre Sévère. Gordien l'obtint à son tour aussitôt que la nouvelle de ses victoires fut parvenue à Rome 2. La même distinction fut accordée à Dioclétien, après les succès obtenus sur les Perses par le césar Galère 3. Enfin, à cette époque, les plus grands honneurs que l'on crut pouvoir imaginer pour les chefs de l'État, c'était de leur dresser des statues portées par des éléphants: telles furent celles que le sénat décerna à Maxime, à Balbin et à Gordien, après qu'ils eurent renversé le féroce Maximin. Ces statues étaient sans doute de celles qui décoraient la voie sacrée, et dont nous avons fait mention à la fin du chapitre précédent.

On peut, par cette seconde apparition des éléphants sur les champs de bataille, expliquer pourquoi Végèce

1 Jul, Capitol., Gordian., 111, 26, 30, 33. Voyez les notes de Casaubon sur ce dernier chapitre, relativement au nombre des éléphants envoyés à Rome par Gordien.

2 «Quadrigæ elephantorum Gordiano decretæ sunt, utpote qui «Persas vicisset, ut triumpho persico triumpharet. »> (Jul. Capitol., Gordian., III, cap. 27.)

3 On a la preuve de ce fait dans une médaille de Dioclétien, citée par le savant cardinal Noris (de Quadrig. elephant.), et où cet empereur est représenté sur un char tiré par quatre éléphants. 4 «Victoriæ causa principibus nostris Maximo, Balbino, et Gor«diano, statuas cum elephantis decernimus:» ce sont les termes mêmes du sénatus-consulte rapporté par J. Capitol., Maximin., 25.

est le seul tacticien de l'antiquité qui nous ait laissé quelques documents sur les moyens employés pour combattre ces terribles quadrupèdes. Cet auteur écrivait à la fin du IVe siècle; il avait donc été au moins contemporain de Constance et de Julien, et il avait pu être témoin de plusieurs événements des guerres de Perse, où, ainsi que nous l'exposerons au chapitre suivant, les éléphants ne cessèrent jamais de figurer; car il est permis de supposer qu'en sa qualité de personnage distingué (vir illustris), il suivit le quartier général, et assista à des batailles et à des siéges auxquels prirent part ces animaux. Il était donc naturel qu'il sentît la nécessité de traiter un sujet qui avait tout l'intérêt de l'actualité. Par une raison contraire, il n'est pas étonnant que les écrivains militaires qui l'ont précédé se soient dispensés d'entrer dans ces détails, attendu qu'ils vivaient à une époque où le service des éléphants était tombé en désuétude, sans qu'il fût possible de prévoir qu'il pourrait un jour être repris.

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CHAPITRE II

Translation de l'empire.
Vastes entreprises de Chapour II.

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Guerres presque continuelles avec la Perse. Part que prennent les éléphants aux siéges de Nisibe et d'Amide. Avénement de Julien. — Beau commencement et fin désastreuse de son expédition. Guerres de Justinien et de Justin II. Siége d'Édesse par Khosrou-Nouschirwan. Guerre lazique. Éléphants employés au barrage d'une rivière. Combats de Phasis et d'Archéopolis signalés par l'indocilité des éléphants. Continuation des hostilités sous Tibère, sous Maurice, sous Phocas. Éléphant envoyé au khakan des Avares. Campagnes glorieuses d'Héraclius. — Quantité surprenante d'éléphants possédés par Chosroès II. Invasion de l'islamisme et fin de la maison de Sassan.

L'établissement de la résidence impériale sur le Bosphore devait imprimer une nouvelle direction à la politique et au système militaire des successeurs de Constantin. Tranquilles du côté de l'Occident, les empereurs étaient protégés au Nord par la mer, par le large courant du Danube, et par une chaîne de places fortes, vieille barrière élevée par les Trajan et les Antonins. Les peuplades barbares, qui gagnaient continuellement du terrain dans la Sarmatie et dans la Dacie, n'étaient encore ni assez nombreuses ni assez disciplinées pour forcer cette frontière. Le danger le plus pressant était du côté de l'Orient. Depuis les versants du Caucase jusqu'aux embouchures du Tigre 1, la belliqueuse nation des Perses était en armes, sur les limites de l'empire. Les princes de la maison de Sassan, poursuivant toujours leurs projets d'agrandissement, avaient étendu leur domination jusqu'à l'Indus et à l'Oxus, et ne dissimulaient pas leur espoir de régner un jour sur le Nil et sur l'Hellespont.

1 C'est-à-dire sur une étendue d'au moins 400 lieues, en tenaut compte des sinuosités de cette frontière.

Au premier cri de guerre parti des palais d'Hecatompyle1 et de Ctesiphon, des myriades de combattants quittaient les plateaux de la Bactriane et les vallées du Paropamise pour se précipiter sur la Colchide, sur l'Anatolie, et sur la Syrie.

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Trois grandes routes leur étaient ouvertes pour leurs incursions la première, par les montagnes de l'Arménie et de la Cappadoce, descendait dans les plaines de l'Asie mineure; la seconde, par la Mésopotamie et par l'Euphrate, conduisait au cœur de la Syrie; enfin on pouvait, par la Colchide et par les côtes du Pont-Euxin, faire marcher une armée jusqu'en face de Constantinople. En effet, les Perses suivirent tantôt l'une, tantôt l'autre de ces directions, et quelquefois ils opérèrent sur les trois en même temps.

1 La ville aux cent portes, ancienne capitale des Parthes, située à cinquante lieues au sud des Portes caspiennes, à l'entrée des déserts de la Parthiène et de la Carmanie: les Grecs, toujours emphatiques, lui avaient donné ce nom, parce qu'elle se trouvait à l'intersection de plusieurs des grandes routes de l'Asie centrale. C'était la résidence d'été des rois Sassanides: aujourd'hui ce n'est plus qu'une bourgade obscure du Tabaristan, défendue par un mauvais château; son nom moderne est Damghan.

Ctésiphon, fondée par les Arsacides, sur le bord oriental du Tigre, en face de Séleucie, devint la résidence d'hiver des Sassanides, et compta jusqu'à 600,000 habitants. C'est aujourd'hui un pauvre village appelé al-Modain. Non loin de là s'élève la ville moderne de Bagdad, qui a succédé à la splendeur de Ctesiphon, comme Ctesiphon avait succédé à Séleucie, laquelle avait ellemême remplacé Babylone. On voit encore à Modaïn d'immenses ruines, entre autres la façade du palais de Chosroès, qui a 300 pieds de longueur. C'est ainsi que les monuments gigantesques de Bélus et de Sémiramis, la magnificence élégante des Séleucides, le faste barbare de Nouschirwan, et la cour chevaleresque des Abassides, ont tour à tour figuré sur ce même coin de terre entre le Tigre et l'Euphrate. A coup sûr il serait difficile de trouver nulle part d'aussi grands souvenirs réunis sur un si étroit espace.

Dioclétien avait pressenti ce danger : aussi avait-il, pour veiller de plus près sur la Perse, établi sa résidence en Asie. Provoqué par Narsès (Nakhdjirkan), qui avait envahi la Mésopotamie, il envoya contre lui le césar Galérius, qui, après avoir essuyé un premier échec, réussit à pénétrer dans le cœur de la Perse, et répandit la terreur jusqu'aux portes de la capitale. La reine même et les enfants de Narsès tombèrent au pouvoir des Romains; et ce roi, forcé d'acheter la paix à tout prix, céda aux vainqueurs l'entière possession de la Mésopotamie, d'une partie de l'Arménie, de la Médie Atropatène1 et de quelques cantons de moindre importance2.

L'empire jouit ensuite, à l'Orient, de près de quarante années de paix; mais le danger subsistait toujours, et les Perses n'attendaient que l'occasion pour prendre leur revanche. Leurs préparatifs étaient devenus formidables à l'avénement de Constantin, et ce fut un des motifs qui déterminèrent ce prince à transférer sa résidence dans l'Orient, qu'il regardait avec raison comme la partie la plus vulnérable de ses États. Les événements justifièrent en effet ses prévisions, car bientôt il vit arriver dans sa nouvelle capitale des envoyés de Sapor ou Chapour II3, qui venaient lui redemander les provinces que Narsès avait cédées à l'Empire.

1 Probablement une partie de l'Aderbijan et du Chyrwan d'aujourd'hui.

2 Eutrop., Breviar., IX,

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P. Oros., VII, 25. Aurel. Victor.,

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de Cæsar., 39. Zonar., XII, 31. Gibbon, Histoire de la décadence, chap. 13. Ce fut après l'heureuse issue de cette guerre que Dioclétien triompha, ainsi que nous l'avons dit plus haut, sur un char attelé de quatre éléphants. Ce triomphe est le dernier qui ait été célébré à Rome.

3 Ce Chapour est connu dans les chroniques de la Perse sous les noms de Dhoul-Aktaf et de Ben-Hormouz, c'est-à-dire fils d'Hormisdas, lequel Hormisdas était lui-même fils du Narsès dont nous

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