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ne vous crois rien moins que disposés à recevoir ces accessoires, avec bien d'autres encore également nécessaires, et qui ne sont pas plus attrayans, permettezmoi de ne plus parler d'un avantage qui n'a plus droit de vous faire envie (2).

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· (2) Beaucoup d'écrivains même des plus célèbres, montrent en politique précisément la même inconséquence qu'Helvétius reproche au commun des hommes, en matière de morale et dans leurs jugemens habituels. « Rien de plus commun, nous dit ce Philosophe, que d'exiger dans les hommes des qualités incompatibles, des > talens qui s'excluent l'un l'autre... On a vu diverses perfec>tions éparses dans différens objets; on veut les trouver réunies » dans un seul... Rien cependant n'est parfait sur la terre. Le

bien y est toujours compensé par le mal; c'est L'ENSEMBLE qu'il > faut juger. » (De l'Esprit. Disc. 4, Chap. 14 et 15.) Or, la. plupart des écrivains dont je parle ne paraissent-ils pas ignorer cette vérité, quand, nous vantant les vertus d'un peuple ou les vantages qu'il doit à tel usage, telle institution chez lui en vigueur, ils proposent ce peuple pour modèle, et nous disposent ainsi à l'imiter? Ils ne s'aperçoivent pas que les avantages, les vertus de ce peuple, avec l'usage ou l'institution à laquelle il les doit, tiennent ou à des privations que nous ne pourrions supporter, ou à des illusions, des préjugés, des désordres même, aussi funestes qu'inévitables, souvent à l'ensemble de toutes ses institutions civiles et politiques, ensemble qui ne serait pour nous rien moins qu'à envier. Pensera-t-on, par exemple, que la simplicité et l'uniformité de la vie patriarcale, avec les affections, les goûts et les habitudes qui en sont la suite, puissent jamais être bien compatibles avec notre luxe, nos lumières, nos progrès en tout genre, et toutes les jouissances que les arts nous procurent? Il ne faut pas vouloir séparer ce qui essentiellement doit rester uni, ni réunir ce qui est inconciliable. L'Empereur de la Chine n'est pas seulement le père de son peuple, il en est le Dieu. Il suit de-là et de toutes les idées que cet état de choses fait naitre, que chaque père, dans l'intérieur de sa famille, devient son représentant naturel, et sous ce point de vue, le Gouvernement paternel, en Chine, parait essentiellement lié avec le Gouvernement théocratique. Que sait-on ce qui arriverait, si cette liaison venait à cesser? En politique comme ailleurs et dans tout ce qui est l'ouvrage de l'homme, il y a donc, comme on dit, un revers de

< Pour réfuter tous les argumens du C. Nougarède, pour établir d'autres principes plus raisonnables, et surtout plus applicables que les siens à l'état de choses où nous vivons, il y aurait un livre à faire sur son livre; e; car c'est bien réellement un livre qu'il a fait et dû faire. Il a bien senti qu'une question comme celle dont il s'agit ici, n'était pas susceptible d'être résolue dans un mémoire, et c'est (pour le dire en passant ) le reproche qu'on peut faire à presque toutes les questions de ce genre proposées jusqu'à présent par la classe des sciences morales et politiques. Ce livre, qu'il faudrait faire, servirait également à réfuter un autre livre para en l'an 5, écrit dans les principes du C. Nougarède, et qui par son objet comme par les talens connus de son Auteur, ayant à juste titre excité l'attention du public, idonna, dit-on, l'idée à l'Institut de proposer question dont on vient de parler (3). En attendant que le tems et le courage nécessaires à cette entreprise nous permettent de l'offrir à nos lecteurs, bornons-nous à leur" présenter cette idée générale, digne de toute leur attention, et qui suffira peut-être pour les mettre en garde contre de vains sophismes et cette prétendue évidence de sentiment, si facile à faire naître en cette matière délicate.

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Ils savent comme nous que de tous les moyens de puissance et d'ascendant sur les hommes, les forces morales sont certainement les plus efficaces, les plus souhaitables à tous égards, puisqu'elles seules assurent à l'individu qui ̈ peut y prétendre, un empire réel et durable (4). Cette

médaille, que l'expérience fait reconnaitre tôt ou tard, et qu'il faut toujours avoir en vue, quand on veut se faire une idée nette des choses et de leur prix réel.

(3) Voyez l'Ouvrage intitulé: De la Famille, considérée comme élément des sociétés; par T. Guiraudet; alors secrétaire-général des relations extérieures, maintenant Préfet du département de la ' Côte-d'Or. (Paris, chez Desenne. An 5. )

(4) Entendons-nous bien sur la valeur des termes. Par ces mots Autorité morale, Force morale, on sent que je ne puis entendre

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vérité est même devenue bannale, tant elle a été de fois répétée; mais ce qu'on a dit beaucoup moins souvent, et qui n'est pas moins vrai, c'est qu'on détruit toute l'énergie de ces mêmes forces, précisément par les moyens qu'on prend pour cimenter leur puissance et les signaler à tous les yeux. J'entends ces réglemens, ces actes directs et positifs, et généralement toutes ces mesures coactives qui font d'une obligation naturelle et morale que mille circonstances peuvent modifier, un devoir civil, déterminé en quelque sorte physiquement, et général pour tous les cas. Le dirai-je enfin? Il semble que l'homme, excessivement jaloux de son indépendance, et dans le fait dépendant de tout ce qui l'entoure, porte volontiers ses chaînes, tant qu'il peut se les déguiser à lui-même, mais les rompt avec violence, sitôt qu'un Législateur imprudent s'est avisé d'en trahir le secret. Peut-être ne faudrait-il qu'une loi qui nous obligeât tous d'avoir une maîtresse à 20 ans, pour ôter aux femmes tout leur empire. Ce qu'il Ꭹ a de très-sûr, c'est que pour établir et cimenter le pou voir d'un bon père, comme celui d'une femme jolie, un code domestique n'est pas plus nécessaire qu'un code d'amour. Or, on sait qu'en fait de code, et sur toute matière y tout ce qui n'est pas nécessaire est nuisible.

cellé que peut avoir un père par l'effet des biens dont il disposé, ●t généralement par tous les moyens de ce genre que la loi civile met entre ses mains et qui tous se rapportent à quelque intérêt · grossier, physique ou pécuniaire. Par Force ou Autorité morale pour un père, un chef, un supérieur, quel qu'il soit, j'entends l'effet constant d'un attachement et d'un dévoûment plus ou moins prononcés, sentimens que peuvent seules faire naître une longue habitude de déférence et de respect, et de plus une conviction plus ou moins profonde des lumières, de la sagesse, ou de la bonté, ou de la puissance, et généralement de toutes les perfections de que nous reconnaissons pour maitre. L'obéissance et le dévoûment, en ce cas, loin de supposer des vues cupides et viles, tiennent aux plus pures, aux plus louable, mais aussi aux plus libres de nos affections.

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Non-seulement ces forces morales sont les plus puissantes; il est bien à remarquer qu'elles sont encore les seules qui peuvent agir sur nous et nous dominer avec un grand empire, sans avilir nos ames et nous dégrader à nos propres yeux. En un mot elles nous font aimer notre chaîne. Que dis-je? Nous ne cessons pas de nous croire libres, même lorsqu'elles nous maîtrisent le plus; et cette chaine par conséquent, quelque lourdement qu'elle pèsé, laisse toujours à l'homme le sentiment de så dignité personnelle. C'est pour cela qu'en toute occasion, s'il était possible, il conviendrait qu'on ne nous en imposat que de cette nature. C'est pour cela qu'il n'en faudrait connaitre que de telles dans la République bien constituée... Mais où nous sommes-nous laissés entraîner? Nous ne voulions que rendre compte à nos Lecteurs d'un Ouvrage nouveau sur la Puissance Paternelle, et voilà que nous entreprenons, si ce n'est de résoudre, au moins d'éclaircit la grande question proposée par l'Institut. Bornons donc là nos réflexions, satisfaits d'avoir, malgré la différence des opinions, rendu justice aux grandes connaissances et au talent de l'Auteur. Déjà les membres de l'Institut, eux-mêmes, en ont porté un témoignage aussi honorable qu'éclatant, et le C. Nougarède ne pouvait moins attendre. Mais de plus, et très-heureusement pour lui sans doute, les opinions de ses juges sur le fond de la ques→ tion, se sont trouvées absolument conformes aux siennes; Gaudeant bene, nati,

G. P.

VOYAGES.

VOYAGE dans la partie méridionale de l'Afrique, fait dans les années 1797 et 1789; par John Barrow, exsecrétaire de lord Macartney, et auditeur général de la chambre des comptes du cap de Bonne-Espérance, contenant des observations sur la géologie, la géographie l'histoire naturelle de ce continent, et une esquisse du caractère physique et moral des diverses races d'habitans qui environnent l'établissement du Cap, suivi de la description de l'état présent, de la population et du produit de cette importante colonie. Traduit de l'anglais par L. Degrandpré, auteur du Voyage à la côte occidentale d'Afrique, dans l'Inde et au Bengale. Deux vol. in-8o, sur papier carré fin. Prix, 9 fr., et 12 fr. franc de port par la poste. Idem, papier vélin, 18 fr., et 24 fr. franc de port. A Paris, chez Dentu, imprimeur-libraire, Palais du Tribunat, galeries de bois, No 240.

LE colonel Gordon, Sparman et Levaillant ont excité tour à tour l'attention de l'Europe sur la colonie 'du cap de Bonne-Espérance, et chacun d'eux a fait plus ou moinst connaître les Hottentots et les Cafres.. Mais il s'en faut bien que ces voyageurs soient d'accord.. Cependant Gordon passe pour observateur, Sparmau a dans les sciences un rang distingué et Levaillant qui annonce avoir pénétré beaucoup plus loin, séduit par cette assertion même le plus grand nombre de ses lecteurs, ainsi que par le relief d'audace qu'il donne à ses entreprises et par les événemens qui animent ses récits.

Dans cet état de fluctuation de la confiance où il semble que les deux premiers voyageurs cités gagnent en proportion de ce que perd le dernier, qui avait voulules décrier, un Anglais, très-instruit, ex-secrétaire du comte Macartney, gouverneur du Cap, et auditeur général de la chambre des comptes de cet établissement, publie le voyage qu'il

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