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cenx du Cap. Ils ont du poil, mais point de laine: on les renferme toutes les nuits dans les cours.

Les oiseaux de l'ile les plus communs, sont les pigeons, les perroquets, les canards privés et sauvages. Les Malais ne mangent jamais de canards ni d'aucune espèce d'oiseaux

sauvages.

La côte et les rivières, à Célèbes, sont remplies de poissons de toute espèce. Les tortues y sont aussi très-communes. Les naturels ne les mangent pas, mais ils emploient leurs écailles à faire des bagues et des bracelets pour les bras et le bas des jambes. Ils savent ôter ces écailles à la tortue sans lui faire de mal, et la relâchent ensuite.

Chez les Malais, le gouvernement est arbitraire. Il y a un rajah principal qui domine sur plusieurs autres : ce rajah tient une cour de justice, où il passe la plus grande partie du jour pour écouter ceux qui ont affaire à lui. Quant un rajah meurt, son fils aîné lui succède. Les rajahs ont un habillement particulier.

Les guerres ne sont pas fréquentes chez les Malais. Ils s'y montrent tout à-la-fois braves, rusés et entreprenans. Leurs armes sont la cresse ou cric, la lance et un bouclier de bois. Lorsqu'un rajah veut faire la guerre à un autre, il consulte un de ses prêtres pour savoir si elle sera heureuse ou non. Le prêtre la lui prédit-il malheureuse, il souffre patiemment l'affront qu'un autre rajah lui a fait : la prédiction, au contraire, lui est-elle favorable, il commence la guerre.

Les Malais professent la religion mahométane, et détestent les chrétiens. Leurs prêtres, qui s'appellent Touan, et Touan-Hadgy quand ils ont fait le pélerinage de la Mecque, ont un grand pouvoir sur le peuple, et même sur les rajahs. Woodard observe que ses compagnons et lui durent en grande partie leur salut à la déférence qu'on avoit pour le Touan-Hadgy, qui s'étoit déclaré leur pro

tecteur.

La circoncision n'est en usage à Célèbes, que pour les hommes: on n'y connoît point "'excision. Le sabat s'ob

serve le vendredi. Les ablutions et la prière font une grande partie du culte.

Ce sont les prêtres qui négocient les mariages, et qui président aux cérémonies de la nation. Woodard a décrit dans un grand détail, la célébration d'un mariage dont il fut témoin. Ce qu'il y observa de plus remarquable, c'est qu'après avoir conduit les deux nouveaux époux dans un appartement magnifiquement tendu de palempore, espèce de courtepointe, on leur apporta un ou deux bambous remplis d'eau, avec une grande abondance de comestibles, et on les laissa enfermés pendant sept jours. Durant tout ce temps, ils recevoient des visites, mais ne se montroient pas en public.

Les prêtres président également aux funérailles : celles des rajahs se font avec beaucoup de solemnités. Leur corps est porté à la maison commune, où l'on retient près du cadavre deux lampes allumées, et où quatre filles l'éventent pendant deux jours et une nuit. Le corps, accompagné de guerriers armés de tous les instrumens de guerre, et formant le simulacre d'une bataille, n'est porté à la sépulture que lorsqu'il commence à sentir mauvais.

Les habitans des deux sexes, à Célèbes, ne sont ni grands, ni beaux. Petits et trapus, ils ont le visage plat, sans avoir les lèvres épaisses. La couleur de leur peau est un jaune rougeâtre. Ces hommes peuvent porter de gros fardeaux, faire de longues marches, endurer de grandes fatigues, et jeûner long-temps. L'ivresse est fort raré chez eux : l'usage qu'ils font du toddy, liqueur qu'ils tirent du cocotier, ne les rend que gais. Leur manière de vivre est fort simple: ils ne mangent que du riz, du sagou, du maïs, des noix de cocos; cette sobriété prolonge beaucoup leur carrière. Sujets à peu de maladies, ils n'ont pas de méde→ cins. Ils prétendent faire beaucoup de cures par la voie de l'enchantement: la noix de bétel est leur principal remède. La chaleur du climat met aussi beaucoup de simplicité dans leurs vêtemens. Vers l'âge de seize ans, tous les jeunes gens des deux sexes sont casserés, c'est-à-dirə

qu'on leur lime et qu'on leur noircit les dents: cela est regardé comme un ornement.

Les Malais fabriquent de fort bonne toile de coton, de couleurs mixtes: ce sont leurs femmes qui filent le colon. Ils entendent l'art de la teinture, et aiment les couleurs apparentes. Ils montrent beancoup d'industrie dans la fabrication des instrumens pour la pêche.

La culture de la terre, la construction des maisons, la chasse, la pêche, sont le partage des hommes. L'occupation des femmes, outre le filage du coton, est de moudre le riz et le grain, de faire la cuisine, de prendre soin du jardin, et de veiller à tous les autres soins domestiques,

Les Malais font grand cas de l'argent monnoyé ; ils l'accumulent, et ne le dépensent pas même lorsqu'ils achètent quelque chose ; ils procèdent alors par voie d'échange, Leur principal commerce se fait aussi par échanges: ils y joignent celui de la poudre d'or.

Les individus des deux sexes se baignent jusqu'à deux fois par jour, non sans courir le danger d'être dévorés par les alligatores, espèce de crocodiles qui infestent toute la côte et qui fréquentent les embouchures des rivières. Les femmes même prennent le bain deux jours après leur accouchement; mais dans ce cas, elles préfèrent l'eau salée à l'eau douce.

Les manières des Malais sont, en général, assez peu gracieuses. Ils sont vindicatifs et jaloux. Leurs enfans ne sont assujétis à aucune règle, et sont punis selon le caprice de leurs parens. Woodard n'a jamais vu les Malais s'embrasser entre eux, ni même baiser leurs enfans, ils leur sourient seulement : néanmoins ils jouent souvent avec ces en fans, lorsqu'ils sont jeunes.

Les divertissemens des Malais, sont les combats de coqs, le balon, les dez et les dames. Les compagnons de Woodard ont souvent joué aux cartes avec eux; mais ces jeux étoient différens de ceux de l'Europe. On ne permet pas aux femmes ces distractions.

La plus grande fête chez les Malais, et qui est com

mune aux deux sexes, est celle de la moisson: Woodard l'a décrite avec beaucoup de détails. Les Malais comptent le temps par lunes: douze lunes font une année : ils distinguent le matin, le milieu du jour et le soir; mais ils ne complent point par heures comme en Europe: ils indiquent le temps du jour par la hauteur du soleil.

Quand un homme a commis un délit qui ne mérite pas la peine de mort, on le vend comme esclave pour payer `le délit, et le rajah touche une partie du prix de la vente. Si ce prix est insuffisant pour payer le dommage qu'a fait le délinquant, on vend aussi sa femme et ses enfans. Le plus haut prix, pour un jeune homme, est de 6 liv. 15 sols sterlings: le prix des autres se règle par la qualité. Si le délit est un vol fait à un rajah ou à un prêtre, le voleur est vendu hors du pays. Si, au contraire, le délit est léger, le coupable est vendu dans l'endroit.

Le climat fort chaud exigeant peu de vêtemens, les besoins étant en petit nombre, l'entretien et la nourriture des esclaves coûtent fort peu de chose; ils ne s'élèvent guère au-delà de trois livres sterlings par an. On emploie les esclaves à la culture de la terre, à trouver des subsistances, et au service de la maison.

Voilà tout ce que Woodard a recueilli sur la législation criminelle de l'île de Célèbes : il ne nous a donné aucune notion sur leur législation civile, parce qu'elle se réduit peut-être à fort peu de réglemens.

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A la suite de la relation, est un petit vocabulaire de la langue malaise, auquel Woodard auroit pu donner plus d'étendue; car il paroît qu'il la parloit et l'entendoit assez bien.

Les vingt extraits de relations, lesquels forment un appendice à celle de Woodard, sont destinés à retracer quelques événemens remarquables, où se trouvent de fréquens exemples de l'étendue à laquelle peut être portée l'abstinence, et de l'importance de la subordination et de la persévérance dans les momens de détresse. Cet appendice est terminé par un extrait du Traité du docteur Land,

sur les moyens de prévenir le manque de subsistances en mer, et par l'apperçu de la formation d'une société qui s'occuperoit des moyens de préserver les vaisseaux et leurs équipages, dans des momens de danger et d'accidens.

On peut consulter encore sur l'île de Célèbes, les Voyages de Stavorinus, dont j'ai déjà donné plusieurs extraits.

ISLES MOLUQUES.

CONQUÊTE des îles Moluques, sous le roi Philippe 111, par le licencié Bartholomée-Léon d'Argensola (en espagnol) Conquestas de las islas Molucas, al rey Phelippo 111, por el licenciado Bartolomeo Leo de Argensola. Madrid, 1609, in-fol.

Cet ouvrage a été traduit en français, et a paru sous le titre suivant:

HISTOIRE de la conquête des Moluques par les Espagnols, par les Portugais et par les Hollandais, traduite de l'espagnol d'Argensola, et enrichie de figures et de cartes géographiques, pour l'intelligence de cet ouvrage. Amsterdam, Desbordes, 1706, 3 vol. in-12.

-La

1

La même, traduite en allemand. Francfort et Leipsic, 1780, 2 vol. in-8°..

Quoique cet ouvrage soit, pour la plus grande partie, purement historique, on peut y recueillir néanmoins des renseignemens assez précieux sur l'état physique des îles Moluqués, sur leurs productions, sur les moeurs des indigènes, au temps de la conquête.

LES VOYAGES et Navigations faites par les Espaguols aux îles Moluques, des îles qu'ils ont trouvées auxdits voyages, des rois d'icelles, de leur

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