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jusqu'à douze cents; tous en complent quinze principales. La plus considérable est Luçon, dont la capitale est Manille, et aussi celle de toutes les Philippines. Mindonao vient après Luçon c'est entre ces deux îles qu'est le groupe de beaucoup d'autres îles d'une médiocre et petite étendue, qui, avec Luçon et Mindanao, forment l'archipel. Ces îles sont arrosées par un nombre infini de rivières et de lacs, et par de très-fortes pluies qui durent jusqu'à quinze jours de suite sans interruption, et qui causent des débordemens tels, que dans les mois de juin, juillet, août et partie de septembre, où tombent ces pluies, on ne peut voyager que par eau.

Des trois volcans que renferment les Philippines, le plus élevé, se trouve dans l'île de Luçon. Sa figure est conique, sa hauteur très-considérable, et sa base a plusieurs lieues de circonférence. Ces volcans amènent des tremblemens de terre, qui renversent les édifices le plus solidement construits, et forment souvent des gouffres énormes. Ce fléau, qui n'afflige les Philippines que de temps à autre, quoiqu'assez fréquemment, est moins redouté que les ouragans, qui sont presque habituels, et qui parcourant avec une violence extraordinaire l'horizon, détruisent tout ce qui se rencontre dans leur direc

tion.

Ces inconvéniens terribles sont balancés par des avantages très-considérables. Outre la grande quantité de soufre donnent les volcans, on leur doit vraisemblablement que l'abondance des eaux minérales, qui sont d'une œu ressource pour la cure des maladies. I

ande

s pluies et les rosées entretienneni îoute l'année dans la plaine et sur les montagnes, la fraîcheur et la verdure la plus agréable. Les arbres ne sont jamais dépouillés de leurs feuilles, la campagne est toujours émaillée de fleurs. Des fruits savoureux et nourrissans se succèdent en toute saison; la canne à sucre se cultive avec succès; le sol est presque par-tout très-fertile : le riz, le froment, et plusieurs autres espèces de grains s'y récoltent en abondance. Tous les légumes

d'Europe ont prospéré aux Philippines. Si l'on y est privé de mouton, on y a le boeuf, le cochon et le cerf à très-vil prix. Celui de la volaille et des pigeons, très-multipliés dans ces îles, est également à la portée des gens les moins aisés. La chasse fournit des oiseaux de toutes espèces, du goût le plus délicat. C'est dans l'île Iolo qu'on trouve principalement ces nids si recherchés dans l'Orient. Le pays étant très-aquatique, et contraire à la multiplication des lapins en pleine campagne, on les élève dans les maisons. L'abondance du poisson est extraordinaire aux Philippines. Outre celui que fournissent les lacs, les rivières et les lagunes, la mer en nourrit de toute espèce. Ce genre de richesse n'est pas le seul qu'elle procure : elle donne à Iolo beaucoup d'ambre. Tout ceci est principalement applicable à l'île de Luçon; celle de Mindanao, comme on le verra, n'est pas à beaucoup près si fertile.

L'étendue de la ville de Manille n'est pas bien considérable. Les rues en sont tirées au cordeau : mais comme elles ne sont point pavées, elles sont impraticables dans la saison des pluies, et l'on y est étouffé par la poussière dans les temps de sécheresse. Presque toutes les maisons de la ville appartiennent aux moines, dont les couvens sont si nombreux, qu'on compte à peine huit cents Espagnols dans la partie de la ville qui n'est point occupée par ces monastères. Malgré cette multiplication des maisons religieuses, il règne dans la ville, et sur-tout dans "n des faubourgs où logent les marchands de l'Inde et de la Chine, un air d'aisance et de luxe. Les Chinois, qui ne fréquentoient originairement Manille que pour des opérations de commerce passagères, s'y sont insensiblement établis sous prétexte d'embrasser la religion chrétienne. Le nombre de ceux qui y résident, s'élève à plus de deux mille. La plus grande partie du commerce roule our eux. Ce n'est guère que parmi les Chinois qu'on trouve des ouvriers en tout genre. Ils s'occupent aussi de l'agriculture. Manille renferme encore quelques négocians armépiens, des Siamois, des Malais, des Malabares, et jusqu'à

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⚫ des Japonais, qui, jetés sur ces côtes par le vent, n'osent pas retourner dans leur patrie.

Le port de l'île de Luçon est Cavites : il s'y trouve un arsenal bien fortifié, de beaux chantiers de construction pour les vaisseaux du roi, moins riches à la vérité que ceux de l'Europe, mais ayant les mêmes proportions et aussi solides. Attenant ce port, est un gros bourg d'Indiens, qui tout à-la-fois sont des ouvriers très - adroits pour les ateliers, et de très-bons matelots pour la mer.

L'île de Mindanao, qui a trois cents lieues de tour, n'est pas, à beaucoup près, aussi productive que celle de Luçon peu de ses terres, quoique très-arrosées, sont propres à la culture, parce qu'elle est fort coupée de golfes, de presqu'îles, et que le terrein, en général, en est extrêmement montueux : elle produit néanmoins du riz, des racines, des patates et du sagou en abondance.

les

Les Espagnols n'ont conservé à Mindanao d'établissement que dans la partie de l'île à l'ouest d'une côte où se trouve une plaine immense. Elle est défendue par une citadelle cachée par derrière une plantation de cocotiers. Cet établissement se nomme Sausboaavigani. La partie de l'île où est située la ville de Mindanao, a un rọi indépendant des Espagnols. Ils avoient tenté de le soumettre, ét avoient même bâti quelques forts dans ce quartier de l'île; mais une révolte des Chinois qui menaçoient Manille, obligea de rappeler toutes leurs forces à Luçon. Le roi profita de cette circonstance pour faire démolir ces forts, et depuis il n'a pas souffert qu'on en construisît aucun de nouveau. Une autre partie de l'île qu'on appelle Balayen, trouve sa défense contre les Espagnols dans l'insalubrité du climat. Les terreins y sont noyés et mal-sains, et ses habitans, dévorés par les moustiques, se trouvent heureux à ce prix d'éviter le joug des Espagnols.

Les habitans de cette île, comme ceux de Luçon, paroissent avoir eu différentes origines ; ils ont en effet beaucoup de ressemblance avec les peuples de Bornéo, de Célèbes et des Moluques. Avec leur idiôme naturel, ils

parlent également la langue malaise. Tous professent le mahométisme; leurs prières renferment beaucoup de termes arabes: ils ont des écoles où leurs enfans apprennent à lire et à écrire.

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On peut recueillir encore dans la relation de Dampierre, quelques particularités curieuses sur l'île de Mindanao.

Le terrein y est si humide, que communément les maisons y sont bâties sur des pilotis élevés de terre de qua torze, dix-huit et vingt pieds. Le palais du roi, au temps où le visita Dampierre, étoit assis sur environ cent quatrevingt troncs d'arbres. Ce voyageur y vit dans la première chambre, une vingtaine de canons de fer placés sur leurs affuts. Le général de la milice et les autres grands de la Cour, ont aussi des canons chez eux.

La ville de Mindanao n'est pas dépourvue d'artisans. Dampierre y trouva beaucoup de charpentiers, quelques forgerons et deux orfèvres. Les Mindanayens son ujels à une espèce de lèpre dont ils ne paroissent pas s'inquiéter beaucoup, et qui ne se communique point par l'attouchement.

Ce qui donne le plus d'importance aux Philippines, c'est qu'elles forment un entrepôt qui approvisionne l'Amérique espagnole des richesses de la Chine et des Indes. La nécessité où se sont vus assez récemment les Espagnols, d'expulser entièrement les Chinois, qui les fatiguoient par des soulèvemens três - fréquens, préjudiciera sans doute à l'importation des marchandises de la Chine, et même des Indes, aux Philippines.

L'expulsion des Jésuites a porté un coup funeste aux Philippines. Ils avoient fait faire de grands progrês à l'agriculture et aux arts dans la partie de ces îles où leurs missions s'étoient étendues. Tout y est retombé dans le néant depuis leur départ.

NOUVELLES-PHILIPPINES.

On trouvera sur ces îles des notions curieuses, et qui paroissent exactes, dans le sixième recueil des Lettres édifiantes on y a joint une carte de ces îles, dont on doit la découverte aux habitans de ces îles eux-mêmes.

SECTION VIII.

Descriptions des îles du Japon. Voyages faits dans ces íles.

Je ne grossirai point mon ouvrage de la totalité des écrits

publiés par les missionnaires envoyés au Japon. Ceux qui seroient curieux de connoître dans ses plus minutieux détails, l'histoire de l'introduction du christianisme dans cette contrée, et des persécutions qu'il y a essuyées, peuvent consulter les notices exactes qu'en ont données dans la préface les traducteurs de l'ouvrage de Kæmpfer, et dans son Histoire du Japon, le P. Charlevoix : mais on peut recueillir des renseignemens curieux sur le Japon, dans les Lettres édifiantes.

Le premier voyageur qui ait visité le Japon, est MarcPaul ou Marc-Paolo: c'est dans sa relation, dont j'ai indiqué les différentes éditions (Partie première, section 111) sous le titre de Marci Pauli de Regionibus orientalibus libri tres. Outre le récit qu'il y fait d'une expédition au Japon entreprise par l'empereur de la Chine, il y décrit les différentes îles du Japon, leurs fruits et autres productions, et entre dans quelques détails sur l'idolâtrie et la cruauté des Japonais.

Le premier volume de la Collection de Purchas renferme les relations des voyages de Jacques Mahan et du chevalier Guillaume Sarris au Japon.

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