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doute d'avoir long-temps exercé ses crayons sur une nature quelquefois pittoresque, mais toujours sauvage et dépourvue des beautés que peut lui prêter la culture, M. Hodges voulut contempler des sites enrichis des productions de l'art: ses regards se dirigèrent donc sur l'Inde. Les fréquentes communications que la compagnie des Indes anglaise entretient avec la plupart des cantons de l'Inde, lui donna beaucoup de facilités pour ses travaux et ses recherches. La relation qu'il en a donnée, et dont M. Langlès a publié la traduction faite sur la seconde édition anglaise qui a paru en 1794, prouve, dit le traducteur, que l'auteur n'est pas moins habile à manier la plume que le pinceau, et qu'il a tout autant de sagacité pour observer les hommes que pour représenter les productions de la nature et de l'art. Le public a souscrit à ce jugement, et a su gré à M. Langlès d'avoir enrichi sa traduction de notes propres à faciliter l'intelligence de l'ouvrage, à des lecteurs bien moins familiarisés que ne le sont les Anglais, avec la géographie, l'histoire et les moeurs de l'Indoustan. Les sources où il les a puisées, et qu'il a citées avec le plus grand soin, peuvent faire juger du degré de confiance que méritent ces notes.

Voici le rapide apperçu du Voyage de M. Hodges, dans lequel je ne ferai pas entrer quelques digressions auxquelles il s'est livré sur les événemens politiques du temps où il écrivoit, et qui sont un peu étrangères à un Voyage pittoresque.

Il débute par la description de l'aspect général de la côte de l'Inde, où il débarqua. A celle de la ville de Madras, il fait succéder une esquisse du pays, des édifices et d'un temple indien.

Arrivé au Bengale, M. Hodges décrit le fort et la ville de Calcuta, le site mémorable qu'offrent les plaines de Plassey, les ruines d'un Zenana ou sérail, qui sont le sujet de l'une des planches, les cataractes de MontedJernah. Suit une description de Bagslepour et de la ville et forteresse de Monguyr. A des remarques curieuses stir

la manière de voyager dans l'Inde, qu'il a intercalées dans ces descriptions, il en ajoute d'autres très-intéressantes sur les temples et les bains des femmes; et sa plume rend d'une manière pittoresque, la singulière illusion nocturne qu'il éprouva.

Après avoir décrit les barques du pays, et en avoir fait un ingénieux rapprochement avec celles de la mer du Sud, il donne les vues qu'il a prises sur la riviere du Gange, et trace le tableau des établissemens hollandais, français et danois au Bengale.

La description de la mosquée de Monheyr, est suivie de celle de plusieurs ruines curieuses près de Glazipour, M. Hodges décrit aussi dans un assez grand détail, Bénarès, où est l'école des Brames, les façades élégantes de ses édifices, la magnificence indienne de ses temples. Il a jeté dans cette partie de son Voyage, une dissertation sur l'architecture indienne, maure et gothique.

C'est avec une touche sentimentale, qui fait également honneur à son cœur et à son talent, qu'après avoir détaillé la cérémonie des veuves se dévouant sur le bûcher funéraire de leurs maris, il peint un sacrifice de cette nature dont il fut témoin. Celui d'un buffle qui fut immolé avec un grand appareil, dont il fut également spectateur, forme dans sa narration un tableau curieux qui n'offre rien d'atroce comme l'autre.

Tels sont les objets qui font la matière du premier volume. M. Hodges décrit, dans le second, plusieurs villes et forteresses de l'Inde, les magnifiques ruines qu'on voit près d'Agra dans le Mogol, plusieurs mausolées dignes d'attention. Il fait une vive peinture des dangers que, malgré la grande influence des Anglais dans l'Inde, on court', de la part des bandits, en faisant des excursions dans cette belle contrée. Il termine sa relation par des réflexions sur l'état des arts dans l'Inde, et par un avis très-utile aux artistes qui y voyagent.

Postérieurement à la relation de son Voyage, M. Hodges a publié l'ouvrage suivant:

VUES Choisies de l'Inde, d'après les dessins exécutés sur les lieux, et gravés à l'aqua-tinta, avec la description en anglais et en français, et quarante belles gravures, le tout en papier vélin. Londres, in-fol.

1784, gr.

TABLEAU analytique de l'Inde anglaise : (en anglais) British India analysed. Londres, 1793, 3 vol. in-8°.

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C'est une bonne statistique de l'Inde.

VOYAGE de Seelande au cap de Bonne-Espérance, à Batavia, Bantam, au Bengale, fait dans les années 1768 à 1771, par J. S. Stavorinus, avec cartes (en hollandais) Reize van Seeland, over de kaap de Goede-Hoop, naer Batavia, Bantam, Bengalen, enz gedean in de jaaren 1768 bis 1771, door J. S. Stavorinus. Leyde, 1793, 2 vol. in-8°.

Ce Voyage a été traduit en français sous le titre suivant;

VOYAGE par le cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71, par J. S. Stavorinus, chef-d'escadre de la Répu blique Batave; avec des observations sur la navigation et le commerce de ces contrées, ainsi que sur le caractère, les mœurs et la religion des peuples qui les habitent : traduit du hollandais par H. J. Jausen, avec trois cartes. Paris, Jansen, an VI1798, 1 vol. in-8°.

VOYAGE au cap de Bonne-Espérance, à Batavia, à Samarang, Macassar, Amboine et Surate, dans les années 1774, 1775, 1776, 1777 et 1778, par J. S. Stavorinus: (en hollandais) Reize over de kaap

de Goede-Hoop, van Batavia, naer Samarang, Macassar, Amboine, van Surate, in jaaren 1774, 1775, 1776, 1777 end 1778, door J. S. Stavorinus. Leyde, 1794, 2 vol. in-8o.

Ce Voyage a été traduit aussi en français sous le titre

suivant :

VOYAGE par le cap de Bonne-Espérance et Batavia, à Samarang, à Macassar, à Amboine et à Surate, en 1774, 1776, 1777 et 1778, par J. S. Stavorinus, chef-d'escadre de la République Batave ; traduit du hollandais, et orné de cartes et de figures. Paris, Jansen, an v11—1799, 2 vol. in-8o,

Le climat, le sol et les productions du Bengale, son gouvernement et son commerce, le caractère physique et moral de ses habitans, leur religion, leurs coutumes, sont l'objet de quelques observations de Stavorinus. Sa relafion, à cet égard, est terminée par un tableau des factoteries européennes au Bengale, et des possessions particulières que s'y est procurée la compagnie des Indes hollandaise. Je ne donnerai point l'extrait de cette partie du premier Voyage de Stavorinus, parce que je ferai connoître plus particulièrement le Bengale, lorsque je donnerai les notices de l'Etat civil du Bengale par Bolts, et du Voyage de M. de Grandpré dans cette contrée. Je me contenterai d'observer ici, qu'avec la riante peinture des bords du Gange et des fertiles campagnes qui les avoisinent, Stavorinus, dans sa description du Bengale, fait énergiquement contraster le sombre tableau de l'épouvantable famine qu'essuya ce riche pays, et qui fit périr plusieurs millions de ses habitans. Cette catastrophe, peutêtre unique dans les annales de l'histoire, eut beaucoup moins pour principes une mauvaise récolte, que le monopole infame pratiqué par les agens anglais, lors de cette insuffisante récolte.

Ce que j'ai dit du cap de Bonne-Espérance, sur-tout

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d'après les excellentes relations de M. Barrow, me dispense aussi de faire connoître, même par un simple apperçu, ce que Stavorinus a publié sur cet établissement.

C'est dans la section septième, où se trouvent les descriptions des îles de la mer des Indes et des voyages faits dans ces îles, que je donnerai des extraits des excellentes relations de Stavorinus, concernant les îles de Java, de Célèbes et d'Amboine. Je me bornerai ici à donner un rapide apperçu de ce qu'il nous apprend sur Surate. Celte ville, située dans la province de Guzarate, et qui, dans le temps de la grande puissance du Mogol, étoit le marché de l'Inde, a présenté encore, dans sa décadence, un assez vaste champ aux observations de Stavorinus. Les productions du pays sont le froment, dont il s'importe pour Batavia une quantité assez considérable, le riz, le tabac, enfin une espèce de grain nommé le nilli, qui donne des grappes comme le maïs, et qui sert de nourriture ordinaire aux indigènes.

Si le commerce a déchu à Surate, la culture des terres s'y est soutenue avec une grande activité ; et la richesse du pays y entretient encore une population très - considérable, puisqu'on assura à Stavorinus qu'elle excédoit cinq cent mille ames. Peut-être doit-on l'attribuer à la faveur, qu'aux dépens du commerce ont prise les occupations agricoles, plus favorables à la multiplication de l'espèce humaine que le commerce maritime dévore.

LETTRES écrites des Indes orientales : (en allemand) Briefe aus Ostindien. Bâle, 1786, in-8°.

VOYAGE aux Grandes-Indes par une route que n'a jamais suivie aucun Européen, par Léonard Campbell: (en anglais) A Journey overland to India, party by a route, never befour by any European, by Leonard Campbell. Londres, 1795, in-8°.

Ce Voyage est très-instructif: il est à desirer qu'on le traduise en français.

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