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Sadras. Ce sont sept temples dans une montagne couverte de terre végétale et d'arbres: ces temples ont été creusés avec le pic dans le roc vif. Je n'avois jamais vu de pareils travaux. L'entrée est du côté de la mer, qui se trouve à quelque distance. On rencontre d'abord un chemin creusé dans un rocher qui fait partie, de la montagne même. Ce chemin peut avoir vingt palmes romaines de large sur quinze de profondeur; les côtés sont ornés de différens animaux sculptés sur le rocher même. On y remarque l'éléphant consacré aux dieux Rauca et Ganécha; la tortué, symbole de la stabilité de la terre, et consacrée au dieu Vichuxq; le singe, symbole des ames, dédié à Rania; le cygne, dont Vichuva prit la forme; la vache, emblême de la déessé Parivadi, ou la lune, et de la déesse Lakemi, ou la Vertu romaine, laquelle étoit la terre fertile représentée par une vache; le poisson, symbole de l'eau; le serpent Cobra Capello, signe de la vie et de la mort, qui dépendent des dieux ; et d'autres animaux que je ne me rappelle plus, tous de grandeur naturelle. La teinte noire de cette muraille, et sa superficie, donnent bien à connoître que le chemin et les animaux qu'on voit sculptés, ne sont pas un ouvrage moderne ; je crois même qu'il a fallu plusieurs siècles pour creuser et tailler avec le ciseau, des temples aussi vastes et un aussi grand nombre de sculptures, mais encore pour couvrir ces objets de cette espèce d'enduit noir, dans un climat aussi serein, aussi doux, aussi pur que celui de l'Inde. Ce canal aboutit à une petite place ronde creusée dans le même rocher, et par laquelle on entre dans les temples, où conduisent des escaliers de pierre à droite et à gauche, formant des rues taillées aussi dans le roc. Ces rues ont environ sept palmes de large et douze de haut. Enfin, on voit les temples qui sont contigus les uns des autres, et cependant détachés, de manière que ce sont plusieurs grottes ou caves voûlées, séparées par un mur ou par une porte d'où l'on passe d'un temple à l'autre : les plus grands sont dessous, les plus petits dessus. Les temples, aussi bien que les colonnes

qui les soutiennent, sont taillés dans le même roc. Les côtés sont ornés d'une quantité de grandes statues sculptées sur place, et représentant les dieux indiens, dont tous les membres sont détachés de la pierre même sur laquelle on les a sculptés, qui est le rocher. On y remarque le dieu Brahma, Vichnow, Chiva, Rama, Krichna, Davendra, Karliguea, le dieu Ganécha, la déesse Parivadi, Sarasanati, Lakmi, les différentes formes sous lesquelles Vichnou parut dans ce monde. J'avois avec moi cinq Brachmanes pour m'instruire; ils parloient portugais, et je leur donnai cinq roupies pour m'expliquer toutes ces sculptures. J'eus soin de prendre les noms des divinités. Au reste, il me paroît impossible que ces grottes aient été creusées depuis l'ère chrétienne; il me paroît également impossible que ces divinités n'aient pas été adorées dans l'Inde avant la même époque.

Pour achever de donner une idée de ces ruines, je vais rapporter ici ce qu'en a dessiné et décrit le voyageur Thomas Daniel, dans ses Antiquités de l'Inde. Je le puiserai dans la même source.

La première des deux vues représente plusieurs rochers auxquels les anciens Indous ont donné des formes architecturales extrêmement curieuses, tant au-dehors que dans la partie inférieure creusée pour le culte religieux : les rochers sont composés d'un grain très-dur et compacte. Néanmoins les ornemens paroissent avoir été exécutés avec un haut degré de finesse, comme on peut s'en convaincre en examinant la partie occidentale, qui se trouve abritée contre l'air corrodant de la mer. Au centre, on remarque ùn lion et un éléphant : le premier est plus grand que nature, mais moins bien travaillé que quelques-uns des autres sujets voisins; l'autre est à-peu-près de dimension naturelle, très-bien dessiné, et offre tout le caractère d'un animal vigoureux.

La seconde vue représente l'entrée de l'un de ces temples. Le rocher dans lequel on l'a creusé, est, comme le premier, d'un granit dur et compact. Cette excavation

consiste en un vaste appartement de forme oblongue, avec un petit temple annexé à la partie qui fait face à l'entrée. Le plafond est soutenu sur le côté et en devant, par un double rang de colonnes formées d'une manière curieuse par le roc même, et qui ne sont pas dépourvues d'une cer→ taine élégance. Les colonnes de la partie extérieure sont composées d'un lion assis sur une double plinthe, formant la portion du fût octogone qui s'élève en diminuant, et dont le sommet effilé se termine par un chapiteau qui consiste en trois cavaliers qui soutiennent la corniche. Au-dessus de cette corniche, on a sculpté pour ornemens, de petits temples en bas-reliefs. A droite de cette excavation, les rochers sont couverts d'une grande variété de figures mythologiques; plusieurs sont parfaitement bien exécutées. Sur la hauteur située à gauche, se trouvent les ruines d'un vaste édifice presque détruit.

S. II. Descriptions de plusieurs contrées particulières de l'Indostan, et Voyages faits dans diverses régions de cette péninsule.

CÔTE DE MALABAR, GOA, ISLE DE

BOMBAY.

AVANT de donner les notices suivantes, je dois observer qu'à l'exception d'une seule, nous n'avons point de relations particulières sur les côtes de Coromandel et d'Orixa, si célèbres dans la lutte des puissances anglaise et française dans l'Inde; et qu'ainsi, pour le Carnate, pour Golconde, pour Maduré, et pour les villes de Madras, de Pondichéry et de Mazulipatan, qui ont joué un si grand rôle dans ces démêlés, il faut recourir à des relations qui embrassent une grande partie de l'Inde ou d'autres régions de cette vaste contrée.

RELATION du Malabar, traduite de l'italien

de François Baretto. Paris, 1645, 2 vol. in-12.

RELATION dernière de ce qui s'est passé dans les royaumes de Manduré, de Tanjaor, et autres lieux voisins du Malabar, par le P. Hyacinthe de Magistris. Paris, Cramoisy, 1663, in-8°.

RELATION de Joseph de Santa-Maria, légat apostolique aux royaumes du Malabar, dans la première expédition aux Indes orientales, en 1655: (en italien) Gioseppo de Santa-Maria, legato apōstolico nelli regni de Malabari, prima speditione all' Indie orientali 1655. Rome, 1661, in-4°.

RELATION Contenant des détails sur la religion, le gouvernement, les sciences et le systême économique des habitans de la côte de Malabar, par Ziegenbalg, traduit de l'allemand: (en anglais) Account of the religion, and government, learning, and economy of the Malabarians, von Ziegenbalg, translated of the high-dutch. Londres, 1697, in-8°.

DÉTAILS sur la religion, les usages et les sciences de la Nation Malabare dans les Indes orientales, contenus dans différentes lettres écrites par les hommes les plus savans de ce pays, aux Missionnaires danois, par M. Philippe, avec une carte de cette région (en anglais) An Account of the religion, manners and learning of the people of Malabar in the East-India, in several letters written by some of the most learned men of that country to the Danish Missionnaires, by Philipps, with a mapp of the country. Londres, 1699, in-8°.

VOYAGE à la côte de Malabar, par Inigo de Bier

villas, traduit du portugais. Paris, 1736, in-12. L'original, que je n'ai pas pu me procurer, est ancien. NOUVELLE RELATION d'un voyage fait aux Indes orientales, contenant la description des îles de Bourbon et de Madagascar, de Surate, de la côte de Malabar, de Calicut, de Timor, de Goa, etc.... avec l'histoire des plantes et des animaux qu'on y trouve, et un traité des maladies particulières aux pays orientaux et dans la route, et de leurs remèdes, par M. Dellon, docteur en médecine, auteur de la relation de l'Inquisition de Goa, avee figures. Amsterdam, Marret, 1699, in-12.

La traduction en anglais a paru sous le titre suivant : - VOYAGE aux Indes orientales, par Dellon: (en anglais) Voyage to East Indies, by Dellon. Londres, 1699, in-8°.

Cette relation a été réimprimée en deux volumes, parce qu'on y a joint celle de l'Inquisition de Goa. Quoique Dellon y décrive sommairement les îles de Bourbon et. de Madagascar, et dise quelques mots de Surate, j'ai cru devoir la placer dans ce paragraphe, attendu que c'est la description de la côte du Malabar et de Goa qui y occupe la principale place, et qui présente le plus d'intérêt.

La côte du Malabar a plus de deux cents lieues de long, et est divisée en plusieurs royaumes: ils figurent singulièrement dans l'histoire de la conquête des Indes par les Portugais, qui, sur ces côtes, formèrent leurs premiers établissemens : c'est une des contrées les plus fertiles de l'Inde : en aucune partie de cette péninsule, on ne fait une récolle aussi abondante de poivre et d'une si bonne qualité : le riz y prospère aussi beaucoup. Outre ces productions, et le bétel, qui est d'un si grand usage dans l'Inde, ce n'est qu'au royaume de Cananor, l'état le plus

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