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Il est a cette heure tout herissé de doutes et de difficultez sur le traitté meme; il tremble aux dangers des garanties; et il ne considere point que les dangers seroient les mêmes, et peut etre plus grands, si on ne les donnoit point, et enfin touttes les raisons qui le portoient si fort pour le traitté, les trois premiers mois apres la signature, sont evanouiës, et sont remplacées, par des raisonnemens tout contraires.

Vous scavez apparemment que le Grand Duc a conclu un traitté de famille avec L'espagne, par lequel il s'oblige a recevoir Don Carlos chez luy comme son heritiér, ou sans troupes, ou avec troupes, selon que L'espagne jugera a propos; de sorte que moyennant cet accomodement la, et le dernier traitté de Vienne, du 22 Juillet, on peut regarder les Affaires comme finies. Et cet embarrassant traitté de Seville comme executé.

La Haye est a present assez tranquille, et il n'y a pas de brouillerie assez eclattante pour meritér votre attention, de sorte qu'il ne me reste a vous dire que ce que vous scavez deja, qui est que je suis tres parfaittement a Vous

CHESTERFIELD.

A week later takes another letter to Baron Torck :

A La Haye, 24 d'Aout 1731.

Vous direz que je suis bien importun avec mes lettres, et que je n'attends pas que vous en accusiez une, avant que de vous jettér une autre a la tête. Mais n'importe, le motif en est toujours pardonnable, et le plaisir que j'ay a vous ecrire, me sera une excuse valable.

Le Prince d'Orange part demain pour la frise, apres avoir été fort fetoyé icy, ce qui m'a couté quelques maux de tête, que les diners et les soupérs qui ne discontinueroient pas, m'ont donnez.

A propos du Traitté, il faut que je vous dise un beau projet, que l'imagination fertile de Monsieur de Linden a formée pour vous presentér a votre prochaine Assemblée. C'est de vous proposér d'autorisér Vos Deputez de consentir au traitté a condition seulement que touttes les autres Provinces, y consentent unanimement; Or comme il prevoit, que la Province d'Utrecht selon sa louable coutume n'y consentira que tard, ou peut étre point du tout, il espere indirectement accrochér l'Affaire, de cette maniere la. J'espere qu'on ne donnera point dans ce panneau, et il me semble que vous devez vous fiér plutot a vos propres jugemens sur le traitté, que de vous en rapportér a ceux de la Province d'Utrecht; Si le traitté vous est avantageux consentez y, s'il vous est désavantageux, au nom de Dieu rejettez le, mais jugez toujours pour vous memes.

Adieu, le bon Dieu vous aye en sa sainte garde, et continuez toujours votre amitié au plus fidele de vos amis et serviteurs

CHESTERFIELD.

In a long letter dated The Hague, the 5th of October 1731, Chesterfield mentions the visit of the Duke of Lorraine to that city.

Un sejour de dix ou douze jours que le Duc de Lorraine a fait icy, a donné une grande vivacité a la Haye, il n'y a été question que de diners, soupers et bals; il est parti hier pour voir Amsterdam et les autres villes de cette province; et en dix jours il vient a Rotterdam s'y embarquér pour L'Angleterre, de vous dire, que c'est le plus aimable prince que j'ay vu de ma vie; seroit peut etre ne pas dire beaucoup, mais reellement c'est le plus aimable homme. Il a les manières du monde les plus aisées, polies, et

The Grand Duke of Tuscany.

• Who a few years later married the Archduchess Maria Theresa.

naturelles; Mais les femmes disent qu'il luy manque de la Galanterie, et effectivement, il n'en a pas assez distingué aucune pour qu'elle en peut tirér vanité elle meme, ou en insulter les autres. Crime que ce sexe raisonnable, ne pardonnera point.

Si vous vouliez dire les marriages entre L'Angleterre et la Prusse, il n'en est plus question; quoyque je suis persuadé que le Roy de Prusse les souhaitte plus que jamais; mais il ne scait point comment s'y prendre, et nous n'avons garde de faire la premiere demarche.

In his next letter Chesterfield mentions la Caroline' for the last time.

Le marriage de la Caroline est tout a fait rompu, sans que le Zelandois en paroisse desespéré. Au contraire il soutient son malheur avec une resignation edifiante.

Some months later Chesterfield writes again, and this time from London.

The letter is dated Ce 3 Mars. V.S. 1732.

Le peu de tems que j'ay été icy a été employé a des ceremonies tres fatiguantes, c'est a dire a recevoir et a faire de tres mauvais complimens, et il faut que je dise que jusqu'icy mon sejour de Londres ne m'a dedomagé en rien d'avoir quitté celuy de la Haye; Et franchement vous autres, vous m'avez gaté pour les manieres Angloises, et mes chers compatriotes ne me ragoutent nullement. Sans mentir je regrette infiniment la vie de la

Haye, qui m'accommodoit bien mieux que celle que je mene icy.

Comment va la grande affaire ? et quand est ce que Mitie doit eprouvér la force de vos attaques; finissez cette affaire la, avant qu'il fasse trup chaud, car la chaleur affoiblit; et si, je ne me trompe, un homme en pareil cas, a besoin de touttes ses forces.

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Nous ne scavons encore que pensér icy de l'armament espagnol, mais pour moy je n'en suis nullement en peine, car je ne peus pas me figurér, que la Reine d'Espagne toutte folle qu'elle est, voudroit faire une tentative sur l'Italie sans etre sure du secours de la France, et je peus encore moins me figurer que le Cardinal qui a laissé passér les plus belles occasions du monde de faire la guerre avec avantage voudroit a cette heure en entamér une dans des circonstances bien moins favorables et dans un age bien plus avancé. Vos apprehensions due cote de Bentheim sont a cette heure passées; et j'espere que celles touchant Bergues, Juliers et Ravenstein passent aussi bientôt, car nous faisons tous nos Efforts a la cour de Vienne, pourque sa Majesté Prussienne, ne soit pas trop favorisée dans l'accommodement a faire; et je suis persuadé que la Cour de Vienne ne la souhaitte pas non plus que vous.

Donnez moy je vous prie, bientôt de vos vos nouvelles, et mandez moy tout ce qui se passe a la Haye; d'interessant tant parmi les femmes que parmi les hommes, les guerres civiles regnent elles encore? Le Pharaon & subsiste t'il? Enfin que fait-on? Mais dites moy sur tout que vous me conservez quelque place dans votre amitié, et soyez persuadé qu'il n'y a personne au monde qui vous honore, et qui vous aime tant que Votre tres humble et tres obeïssant serviteur,

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Oseray je vous prier de faire mes complimens, a tous ceux qui se souviennent de moy?

The next letter has in it more private matter:

Je m'imagine que la Brigadiere donne bien sur ma fripperie a cause de la Belle que je luy ay enlevé; j'en demande pardon et a Dieu et a elle, mais il n'y avait pas moyen de L'eviter.

Je vous avoueray franchement, mais en confidence, que c'etait de la Bouchet que j'ay tenu, ce que je vous ay dit a la Haye, par rapport, a une certaine personne; elle m'a reiterée la meme chose depuis qu'elle est icy, et m'a dite de plus que la mere et la fille, s'attendoient que vous vous expliquassiez plus clairement, et qu'elle etoit sure par ce qu'elle a ouie dire dans la maison sur votre sujet que vos propositions soient tres bien reçues.

Poursuivez cette Affaire, car au bout du compte marriage pour marriage il n'y a pas a tout prendre, de si bon dans la Republique.

Je suis bien aise que vous soyez content de la lettre due Roy aux Etats Generaux, mais franchement, si elle n'eut été écrite avant mon arrivée icy, j'aurois taché de L'avoir fait coucher en des termes plus clairs et plus satisfactoires, ce que j'aurois tres facilement obtenu; puisque veritablement L'intention icy etoit bonne, et qu'on souhaittoit reellement de vous contenter, quoique j'avouë, qu'on s'y est assez mal pris.

Je ne suis pas encore fait a la vie d'icy moyennant quoy je vous proteste que je m'y ennuye extremement il me manque mille agremens que j'avois a la Haye, et principalement celuy de vous assurer tous les jours, que rien ne peut egalér L'Amitié et L'estime, avec lesquels je suis plus que personne, mon cher ami Votres tres humble, et tres obeïssant serviteur,

CHESTERFIELD.

Dites a Bentinck qu'il est un miserable, de ne m'avoir ecrit qu'une fois Et priez ceux chez qui vous souperez le Soir que vous recevrez cette lettre de se souvenir de leur Serviteur.

encore.

In the next letter, dated the 7th of April, V.S., 1732, Chesterfield gives voice to his suspicions of the Queen of Spain:

J'espere au moins que votre reforme 10 ne se fera pas, avant que vous sachiez au juste la destination de L'armament espagnole; Car pour moy je ne peus pas me figurér que la Reine d'Espagne toutte folle qu'elle est, aye voulue faire une telle depense, contre L'Afrique, surtout dans un temps, ou elle est dans un besoin extreme d'argent, et je soupconne fort qu'elle a L'isle de Corse en vue, ce qui ne Laisseroit pas de causer un brouillamini dans lequel tôt ou tard nous serons enveloppés. La descente qui se fit autrefois en Sicile, fut commencée sous le meme pretexte, et on s'y servit de L'argent, sacré a des usages pieux.

Finissez vitement votre marriage, car je scay qu'il ne tient qu'a vous, et il y a toujours periculum in Mora. Il faut que Votre frere, substituë de bonne grace, Car il n'est pas juste, au bout du Compte, que vous travaillez gratis, a la continuation de sa famille.

S'il est vray que L'approche de la semaine sainte, aye remise une guerre qui etoit prête a eclattér, pour pouvoir communiér en paix et en

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The mother of his son, and possibly the Cupidon' mentioned in some of his earlier letters, which we have passed over.

10 Probably a reduction of troops.

Evidently some private quarrel.

charité, Je le tiens pour un miracle que Dieu a bien voulu opéré en faveur de la Religion reformée, et qui egale tous ceux dont L'Eglise de Rome se vante tant, sur tout vu la bravoure, et Le penchant des parties, pour la guerre.

Expliquez moy le chiffre a la fin de votre lettre, car je n'ay pu le déchiffrér, et il n'y en a pas assez pour aider a un dechiffreur. Adieu mon Cher ami, Si je ne vous aime pas, que le Diable Emporte Votre tres humble Serviteur, CHESTERFIELD.

A Londres ce 19 Mai V.S. 1732.

MON CHER AMI,-Je vous rends mille graces de votre raptissimé, du 23 N.S. On est bien redevable a un ami amoureux, quant il nous sacrifie des momens, qu'il pourroit employer avec sa Maitresse, il est vray qu'il ne faut pas s'attendre que cela arrive souvent; mais en revanche quand une fois elle est devenuë sa femme, on espere d'etre dedomagé. Le pretexte de faire ses depêches et d'avoir beaucoup a ecrire, etant quelquefois tres utile dans le marriage. Je suis faché que vos deux puissances contractantes ne sont pas encore d'accord. Je m'imagine que c'est sur L'article des subsides, qu'ils different; Article pourtant tres necessaire dans les traittez de marriage, et qui en est le plus sur ciment.

Quoyque je suis Amateur de la paix, je ne peus qu'etre mortifié d'apprendre qu'elle a duré sans interruption a la Haye, depuis mon depart; parceque on pourroit croire que j'ay contribué aux guerres civiles, qui dechiroient la Haye, pendant mon sejour la. Mais j'espere que vous voudrez bien me disculper sur cet Article, en assurant a qui il appartient, que ce n'etoit point ma personne, mais mes depouilles, qui etoient les sources funestes de ces brouilleries intestines.

A propos de brouilleries Affair de Bergues et de Juliers,12 en va causér bientôt si L'on n'y met ordre ce qui ne se peut faire que moyennant quelques bonnes et vigoureuses resolutions des puissances Maritimes.

The rest of the letter is a dissertation on this theme, and Chesterfield finishes by apologising humbly for having been tiresome:

Enfin si je vous ay ennuyé je vous demande pardon; et si je suis le plus ennuyeux, je suis surement en meme tems le plus fidele de tous vos amis et Serviteurs.

In his next letter Chesterfield is able to congratulate his friend on the successful negotiation of the troublesome Article ' alluded to in his last.

A Londres ce 23 Juin V.S. 1732.

MON CHER AMI,-C'est avec bien du plaisir, que j'apprends par votre derniere que votre marriage est en si bon train; si un marriage peut etre bon, c'est celuy cy; car il y a le solide, a scavoir, L'Argent; et c'est la fille que je connois, qui a le moins la mine de faire enragér son mari.

12 Bergues and Juliers, or Jülich and Berg. In 1726, in order to secure the Alliance of Charles Philip, the Elector Palatine, who was inclined to favour France, the Emperor Charles the Sixth guaranteed the succession to the Duchies of Julich and Berg to the Sulzbach branch of the princely house, the heirs of Charles Philip. Unfortunately and most unwisely he made similar and almost simultaneous promises to Prussia, whence the endless quarrels and intrigues which made up the 'Jülich-Berg Affair.' See Hassall, The Balance of Power.

Il est juste que le marriage paye les plaisirs passez car il n'en procure gueres a L'Avenir. Et vous avez tres bien fait de les endosser a Monsieur votre frere, et a votre famille, puis qu'a cette heure vous allez travaillér pour eux; et L'ouvrier, dit L'ecriture, est digne de son salaire.

Pour mon Marriage il ne va pas si vite, et La Bouchet me connoit trop bien pour vouloir de moy. Dailleurs qu'il nous convient mieux a tous deux, que je trouve quelque autre, sur laquelle je puisse aussi endossér mes plaisirs passez; et qui fournisse un peu a L'Entretien de la Bouchet et de son Enfant, qui par parenthese devient un gaillard; et donne deja tous les indices d'avoir un jour beaucoup de merite. Si cette nouvelle peut faire le moindre plaisir a Madame la Brigadiere votre future tante, vous n'avez qu'a La luy communiquér . . .

Je ne peus pas vous bien dire, ou nous en sommes par rapport au marriage du Prince d'Orange, avec notre Princesse Roiale, il me semble pourtant que cela a la mine de se faire. Et si vous ne prenez pas L'alarme trop vivement chez vous, et que nous nous conduisons sagement dans cette occasion, je ne voy pas, que cela puisse produire de mauvais effets. Car au bout du compte il se marieroit toujours a quelque autre, et il feroit toujours des petits Stadthouders, et il me semble qu'il vaut autant qu'ils ayent du Sang Anglais, que du Sang Prussien, ou tel autre sang que vous voulez.

Vous me ferez s'il vous plait un rapport fidele de vos promesses le soir de vos Noces.

A Londres 30 Juin V.S. 1732.

Je vous felicite Mon Cher ami du fond de mon ame, sur l'heureuse conclusion de Votre Affaire je vous y souhaitte tout le bonheur que vous meritez, c'est a dire tout le bonheur qu'un homme peut avoir. Et ce qui me fait le plus de plaisir c'est qu'au moins touttes les apparences y sont, de part et d'autre.

Je pars demain pour les eaux de Scarbrough; et par consequent j'ay un embarras d'Affaires aujourd'huy qui rendra cette lettre plus courte, heureusement pour vous; qu'autrement elle n'auroit été. A La fin Voicy les Espagnoles en Afrique, j'espere qu'ils finiront la, et que leurs succez la, ne les mettra point en gout d'en tentér Ailleurs.

Je conçois bien la secheresse des reponses de Milord Harrington, il est naturellement froid, et d'ailleurs il n'etoit point revetû de grands pouvoirs pour s'expliquér. Nos Ministres craignent la moindre chose, et pourvu qu'ils jouissent d'une tranquillité presente, ils ne se soucient point a quel prix. Croyant que les suittes, seront les Affaires le leurs successeurs. Dieu Merci je suis hors de la Galere moy meme, mais je lâche de tems en tems mon mot, a quoy on me repond que je m'embarrasse trop de L'Avenir.

A Brettby ce 12 Sept. V.S. 1732

MON CHER AMY,-Votre lettre a fait tant de chemin pour me trouvér que je ne l'ay receu qu'avant hier; Car j'avois quitté Scarborough, deux Jours avant qu'elle y vint, et depuis ce tems la j'ay été toujours par voyes et par chemins, il m'a fallu traverser tout le Royaume pour venir icy chez moy, et en faisant j'ay été arrété quelques jours par plusieurs de mes amis, dont les Campagnes se trouvoient dans ma route. Tout cecy c'est pour me justifiér au pres de vous de n'avoir pas plutôt accusé une lettre qui m'apportoit une nouvelle a laquelle je prends tant de part. Vous Voicy donc a la fin marié, je vous jure que je vous en felicite du fond de mon Cœur et j'en felicite tout autant Madame, qui aussi de son coté, n'a pas mal trouvé. Si le marriage peut étre heureux, ce que je croy etre possible mais pas ordinaire, le votre doit l'etre, il n'y manque rien des deux cotéz

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