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COMPTES-RENDUS

Musée national du Louvre. Catalogue de la collection Arconati-Visconti. Paris, 1917. In-16, 48 pl.

Le musée du Louvre, si longtemps privé de catalogues dignes de ce nom, s'enrichit périodiquement, à défaut d'un catalogue général, d'excellents livrets partiels, abondamment pourvus d'illustrations, et rédigés avec toutes les précisions biographiques, historiques, bibliographiques qu'on est en droit de leur demander. Le dernier venu, qui décrit la généreuse donation de peintures, dessins, sculptures et objets d'art, faite le 17 mars 1914 à notre grand musée national par Mme la marquise Arconati-Visconti, est rédigé par MM. Leprieur, Michel, Migeon et Marquet de Vasselot. On y retrouve, soigneusement décrites, les merveilles du moyen âge et de la Renaissance qui faisaient un décor incomparable de cet hôtel de la rue Barbet de Jouy, courtois cénacle, dans des temps plus paisibles, des lettres et des arts français. Citons pour le XVIe siècle (français) : nos 12 à 14. Portraits peints de Lansac (Louis de Saint-Gelais), de Villeroy, de Charles IX. 16. Un beau crayon par Lagneau (collection Fillon) représentant le ligueur Acarie. 35. Un écusson porté par deux angelots, pierre, provenant de la chapelle de Pagny. 38. Un charmant buste de fille, marbre, de la suite de l'atelier de Germain Pilon. 39. Un buste de jeune fille en terre cuite polychromée, attribuable au sculpteur comtois Claude Luliez. La série de bois est particulièrement riche: no 49. Bahut attribué à Hugues Sambin, art bourguignon. 50. Dressoir, art lyonnais. 52. Armoire à deux corps,à sujets de l'Ancien Testament et de la Fable, art de l'Ile-de-France, comme les trois autres armoires 53, 54, 55. 56. Devant de coffre, art d'Auvergne. — 60. Porte

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Henri II de l'hôtel de Jean d'Alibert à Orléans. 61. Porte du château d'Urfé (Loire). — 65 et 66. Panneaux décorés de la salamandre et de l'F de François Ier. Dans les bronzes, on remarque 103. Petit modèle de canon aux armes de France.

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104. Médaille de Louis XII et d'Anne de Bretagne. 106. Médaillon du chancelier de Birague. Dans les fers: 114, 115, 116. Targettes en fer forgé aux armes royales ou décorées de trophées, d'écus, de grotesques. Enfin, dans l'argenterie une pièce de haute rareté: 124. Aiguière d'argent en partie doré, provenant de la collection du baron Pichon, que M. Marquet de Vasselot, date, par les poinçons, des années 1580 à 1581, et que l'on pourrait à première vue croire plus récente.

Henri CLOUZOT.

A. RENAUDET. Préréforme et humanisme à Paris pendant les premières guerres d'Italie (1494-1517). Paris, Champion, 1916. In-8°, XLVIII-789 pages.

Le beau livre qui a valu à M. Renaudet le grade de docteur avec la mention très honorable donne plus que ne promet le titre' si l'auteur a réussi à renfermer son exposé dans le cadre de Paris (et encore a-t-il été contraint de jeter les yeux sur les diocèses de Sens, de Bourges, sur les Flandres, la vallée du Rhin), il ne l'a pas restreint au laps de temps, un quart de siècle environ, qui correspond à peu près aux premières guerres d'Italie. M. Renaudet est trop modeste. En réalité, ce qu'il nous offre est un tableau du mouvement intellectuel, religieux et moral, pendant tout le cours du xve siècle et les seize premières années du xvie, plus largement tracé pour la période antérieure à 1494, plus minutieux, plus fouillé pour la fin du règne de Charles VIII, le règne de Louis XII et les débuts de celui de François Ier, mais également solide et approfondi dans toutes ses parties.

Ce qui frappe d'abord dans ce travail considérable, c'est l'am

1. Le titre est d'ailleurs ce qu'il y a peut-être de plus critiquable dans le livre : outre que l'année 1517 n'est pas une date particulièrement notable dans les guerres d'Italie, le terme de préréforme manque de clarté. S'agit-il d'un mouvement précédant la Réforme ou la déterminant? Antériorité, causalité? Cela reste obscur. Et pour en finir avec ces petites chicanes, j'avoue que je n'aime pas beaucoup le procédé qui consiste à remplacer par des chiffres renvoyant à la bibliographie initiale les titres d'ouvrages utilisés ou cités. Il se peut qu'il présente certains avantages, qu'il permette typographiquement de gagner de la place, mais il est bien mal commode pour le lecteur.

pleur des recherches dont témoigne l'abondante bibliographie placée en tête': M. Renaudet a exploré non seulement les dépôts de Paris, mais il a fait de fructueuses découvertes à Rome et à Florence (où la correspondance des agents florentins lui a fourni de nouveaux détails au sujet du concile de Pise-Milan, 1511-1512), à Schlesttadt, à Bâle. Éditions de scolastiques ou d'humanistes, recueils de textes publiés, ouvrages, il n'a à peu près rien négligé : tout a été vérifié, contrôlé. Les éléments dont il s'est servi pour établir son exposé ont été passés au crible de la critique la plus méticuleuse, rien n'est avancé sans preuve; il n'est peut-être pas de membre de phrase qui ne soit étayé d'un fait dûment constaté, d'un texte correctement interprété.

La même probité apparaît dans l'exposé lui-même. M. Renaudet a distribué la masse énorme de matériaux qu'il a recueillie en trois grandes parties, suivant une division fondée à la fois sur la chronologie et sur la nature même des faits. La première, intitulée les Éléments de réforme en 1494, décrit, en même temps que les cadres de la vie intellectuelle (université, collèges, couvents), l'évolution des doctrines. dans le cours du xve siècle, le développement de la scolastique, avec la victoire de l'ockamisme et du nominalisme, la réaction mystique qui se propage à partir des Pays-Bas, l'apparition et les progrès de l'humanisme, littéraire et philosophique sous l'influence et avec le concours des Italiens. Les tentatives de réforme dans l'église gallicane profondément déchirée et désorganisée et dans une partie du clergé régulier s'esquissent au cours du règne de Charles VIII. La commission de Tours (novembre 1493) étale les maux, indique quelques remèdes; on voit quelles forces vont s'unir pour collaborer à la réforme, mais aussi quels obstacles, et dressés par qui, moines, scolastiques, gallicans, parlementaires ou séculiers, cette réforme rencontrera. Cette première partie, où l'auteur

1. Cette bibliographie suggère peu d'observations. Je ne vois guère à citer au point de vue général que l'ouvrage de l'abbé Humbert, Les origines de la théologie moderne, Paris, 1911; au no 408, il faudrait ajouter la même étude de M. Delaruelle sur Bérault, publiée, revue et augmentée dans le musée belge no 8, 1909; de même au n° 449, M. de Nolhac a publié sur Érasme en Italie, dans la Revue des Deux Mondes, en 1896, un article qui ne fait pas double emploi avec la publication indiquée.

ne veut voir qu'une introduction, pourrait à elle seule, par son ampleur (elle occupe environ le tiers de la thèse), constituer un ouvrage particulier.

M. Renaudet, ayant ainsi décrit le milieu intellectuel et indiqué les principales directions dans lesquelles s'engagent les esprits, entre alors dans le vif de son sujet : les seconde et troisième parties sont consacrées à la préréforme et à l'humanisme de 1494 à 1504, de 1504 à 1517. En réalité, il a fractionné son exposé en tranches plus réduites, chronologiquement : 1494-1498; 1498-1504; 1504-1510; 1510-1517, et dans chacune de ces subdivisions il a distingué ce qui a trait aux réformateurs et aux réformes de ce qui a trait aux doctrines. Une analyse de ces deux parties nous entraînerait trop loin qu'il nous suffise de relever l'extraordinaire richesse de renseignements de tout ordre que l'auteur a su rassembler et grouper : faits d'ordre politique ou religieux, doctrines, éditions, biographies de moines, d'humanistes, Standonk, Lefèvre, Érasme, etc. Il se meut avec aisance à travers ce monde de moines, de docteurs, d'humanistes, précisant leur œuvre, fixant leur caractère, déterminant avec précision leur influence. Tout au plus, pourrait-on reprocher à M. Renaudet que, par excès de scrupules, il se soit par trop asservi à un ordre chronologique strict, qu'il ait par suite un peu trop morcelé et comme haché menu son exposé d'où une impression, je ne dis pas de confusion, mais de diffusion, d'exubérance qui ne laisse pas d'être parfois pénible. Il semble qu'en l'intérieur des subdivisions adoptées il aurait été possible, sans que la chronologie en souffrît et sans que la réalité des choses en fût affectée, de grouper les faits ou les détails biographiques par masses un peu plus compactes: pourquoi, par exemple, ne pas exposer en une seule fois ce qui concerne le divorce de Louis XII, pages 292, 293, 300, ou même le procès de Standonk contre Briçonnet, pages 294, 300, 302? De même, semble-t-il, les figures de certains réformateurs ou de certains humanistes, je ne parle pas seulement d'hommes de seconde plan, mais encore d'Érasme et de Lefèvre, auraient, je crois, gagné en relief, sans perdre beaucoup en vérité, à être plus ramassées. Il est vrai qu'une table très complète permet au lecteur de se retrouver aisément dans cet exposé si fragmenté et si abondant.

Ajoutons enfin que la forme est constamment d'une tenue à laquelle on n'est pas toujours habitué dans les thèses d'histoire.

Le style est simple et précis ; M. Renaudet trouve des formules frappantes pour résumer les résultats de ses recherches. Il a aussi prouvé qu'il était capable de dominer une matière extrêmement abondante, qu'à l'esprit d'analyse poussée jusque dans le plus minutieux détail il savait joindre l'effort de synthèse et les vues d'ensemble. Ce sont ces qualités qui font de son livre certainement un des plus solides, des plus nouveaux et des plus remarquables qui aient paru sur cette époque dans ces dernières années'.

V.-L. BOURRILLY.

A. RENAUDET. Les sources de l'histoire de France aux Archives d'État de Florence des guerres d'Italie à la Révolution (1494-1789). Paris, Rieder et Champion, 1916. In-8°, x1-276 pages.

Sous les auspices de la Société d'histoire moderne et de l'Institut français de Florence, M. Renaudet a établi un inventaire méthodique et sommaire des sources de l'histoire de France aux Archives d'État de Florence pour la période qui s'étend des guerres d'Italie à la Révolution. C'est le début d'une série d'inventaires analogues; il pourra servir de modèle. Après avoir, dans une introduction substantielle et claire, fait l'historique de la formation de l'Archivio di Stato de Florence et décrit sommairement les différents fonds qui le constituent, M. Renaudet expose le résultat de ses recherches suivant un plan à la fois chronologique et méthodique. Il a découpé les trois siècles compris entre 1494 et 1789 en plusieurs périodes formant autant de sections, dans l'intérieur desquelles il a présenté son inventaire par fonds d'archives et par ordre chronologique. De ces sections, les trois premières seulement (fin de la période républicaine, 1494-1530; principat des Médicis, 15301559; 1559-1610), correspondant à peu près à la moitié de l'ouvrage, intéressent plus particulièrement notre Revue. On y

1. La correction matérielle est à peu près irréprochable, la même probité et le même scrupule partout. Cependant, p. 185 au lieu de Sixte IV, lire Pie II; p. 350, au lieu de Sixte IV, lire Paul II; p. 519, lire Fernand d'Aragon (au lieu d'Alphonse); p. 660, no 5, le poème de Valerand de Varennes relatif à Jeanne d'Arc a été réimprimé par Prarond. On voit que c'est bien peu de choses.

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