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AMBOLIAO

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Nous voudrions achever de mettre en lumière l'esprit selon lequel Mme de la Fayette a traité le xvie siècle dans son roman de La princesse de Clèves.

Dans quelle mesure a-t-elle saisi et rendu les aspects divers du xvIe siècle? Qu'a-t-elle rejeté de ses auteurs, qu'en a-t-elle conservé, et quels ont été ses motifs d'exclusion et de choix? En quels sens a-t-elle sollicité l'histoire, ou plutôt de quels tons l'a-t-elle colorée ?

On peut dire qu'elle a regardé le xvIe siècle avec les yeux d'un écrivain du xvire; et l'on sait ce que cela signifie.

Deux lacunes essentielles frappent à première vue dans son roman. Les deux grands traits du siècle manquent à l'idée qu'elle en donne : la Renaissance et la Réforme.

Elle indique une fois, en passant, les premiers troubles religieux. Or, quelques mois après la mort de Henri II,

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1. Voir nos deux premiers articles, Revue du Seizième siècle, t. II (1914), p. 92 et p. 289. Pour les références et les citations, nous renvoyons toujours à l'édition Formont (Paris, Lemerre, 1909).

REV. DU SEIZIÈME SIÈCLE. V.

I

TO VIMU AIMBOLIAO

2

LA COULEUR HISTORIQUE

Anne Dubourg était conduit au supplice, la conjuration d'Amboise se formait, la guerre civile allait éclater. Et déjà Henri II, même François Ier, avaient eu une politique religieuse.

On s'explique qu'une femme du xviie siècle, comtesse et sujette de Louis XIV, n'ait pas tenu, dix ans avant la révocation de l'édit de Nantes, à rappeler ces souvenirs, qui ne convenaient guère d'autre part à un roman d'amour. Mais la Renaissance! Mme de la Fayette ne la fait pas même pressentir. Chambord n'est pour elle qu'un nom. A aucun de ses personnages elle ne donne vraiment le goût des lettres et des arts; elle se contente pour eux d'exercices chevaleresques et de jeux galants. Elle n'a qu'une phrase, combien vague! sur les tableaux «< qu'avoit fait faire Mme de Valentinois pour sa belle maison d'Anet» (p. 213). Elle n'a qu'un mot, combien froid! pour Madame Marguerite, « Duchesse d'Alençon, depuis Reine de Navarre, dont vous avez veu les Contes ». Soit précision, soit hasard, ces Contes ayant paru en 1558 et 1559', on peut sans doute admirer l'à-propos chronologique de l'allusion; on peut goûter encore la délicatesse avec laquelle Mme de la Fayette prête ce propos à Marie Stuart, la reine lettrée. Mais pas même une nuance de style pour rendre? hommage, elle écrivain, à la Marguerite des Princesses! Évidemment, elle partage le dédain ou l'ignorance de son siècle. Ajoutons, pour être complets, deux autres allusions, l'une à l'esprit de Madame Marguerite, sœur de Henri II, et à son « grand discernement pour les belles choses » (p. 20), l'autre à la « politesse » de Marie Stuart (p. 7). Pourtant, Brantôme avait senti le grand souffle de la Renaissance; elle n'avait qu'à s'abandonner à lui davantage. Mais entre elle et le xvie siècle son temps élevait tant de préjugés!

Godefroy, dans son Ceremonial François (t. II, p. 8-9), lui offrait une occasion merveilleuse de représenter, ne fût-ce qu'une fois, dans une page symbolique, l'esprit de

1. Cf. second article, p. 309, n. 1.

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