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autre pour sa délicatesse à faire pain, et aussi pour son facile accroist. » La Fontaine, dans son conte sur le Diable de Papefiguière, a pris le mot à Rabelais'.

2o Arbres dont plusieurs sont particuliers aux régions méridionales:

Boulas, nom berrichon du bouleau (1. III, ch. LI).

Fenabregue, nom languedocien du bois de Perpignan, le micocoulier de Provence (Celtis australis), arbre du • Midi de la France (1. III, ch. LI). Nom ancien : les documents bas-latins citent en 1160, « Saint-Pierre de Fanabregolo », comme nom d'une église à Arles, ainsi nommé à cause d'un micocoulier (Mistral).

Fouteau, nom provincial du hêtre (l. IV, ch. LXII : « un rameau de fouteau »), terme courant au xvIe siècle : Jean Le Maire, Marot, Belon, Ronsard, Montaigne. Robert Estienne donne (1539) : « Fayant ou Fouteau ou Hestre »>, et Duchesne (1544): « Fagus, Fousteau, Fou, Faus ou Hestre. » Voici ce qu'en dit Ménage : « Ce mot de fouteau est fort usité dans nos provinces d'Anjou et du Maine; à Paris et en Normandie, on dit haistre; et les Parisiens et Normans croiroient dire une ordure en disant fouteau (cf. Montaigne, ch. v du livre 3). »

Maguelet, nom méridional de l'arbre qui fournit une huile de parfumerie (1. II, ch. xxxiv: «< drogueurs qui font l'huile de maguelet »), nommée aujourd'hui mahaleb, que Belon2 transcrit macalep (d'après l'italien macaleppo).

1. On lit, à ce propos, un curieux article dans le Dictionnaire de Richelet (1680): « J'ai consulté plusieurs greniers ou grenetiers et plusieurs herboristes fameux. Ils m'ont tous dit qu'ils ne savoient pas ce que c'etoit que la touselle. Là dessus j'ai vu le celebre Monsieur de la Fontaine, à qui, après les premiers complimens, j'ai dit Vous vous êtes servi du mot de touselle dans vos Contes, et qu'est-ce que touselle? Par Apollon, je n'en sais rien, m'a-t-il repondu, mais je crois que c'est une herbe qui vient en Touraine, car messire François Rabelais, de qui j'ai emprunté ce mot, etoit, à ce que je pense, Tourangeau. >>

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2. « Macalep, de nom arabe, espece de Cerisier sauvage... L'ex ́perience de l'appellation de l'arbre, nommé Macalep, se trouvera par les semences qu'on vend és boutiques des grossiers et dont

En Languedoc, malaguet désigne le cerisier sauvage, et cette forme suppose une autre plus ancienne maguelet, source immédiate de la variante rabelaisienne'.

Melze, nom languedocien du mélèze (1. I, ch. LI), terme que Rabelais désigne comme « Alpinois », c'est-à-dire originaire du patois des Alpes, ce qu'il est en réalité. Du Cange (au mot Chavrenus) cite ce texte dauphinois de 1336: <«< Dicimus palatium est bene coopertum de optimis postibus de meleze bene clavellatis. »

Persiguire, nom languedocien du pêcher et de la feuille de pêcher (1. I, ch. xIII). Dans le Midi, perseguiero désigne le pêcher et le lieu planté de pêchers.

Ulmeau, nom berrichon de l'ormeau (1. I, ch. 1) : « escorce d'ulmeau ».

3o Fruits, tout spécialement originaires du Midi, la Provence ayant toujours excellé par l'abondance et la variété de ses fruits :

Alberge, nom marseillais de la pêche pavie (1. III, ch. VIII). On dit à Marseille, aubergi, d'où la forme auberge qu'on lit dans Olivier de Serres (1600). Le Duchat remarque à ce propos (dans Ménage) : « Cette pêche nous est venue du Languedoc environ l'an 1540; mais en vingt ans de temps on en fit venir une si grande quantité de greffes, qu'en 1560 il y avait à Paris peu de jardins où on n'en trouvât des arbres. >>

Chastagne, nom limousin de la châtaigne (Pant. Progn., ch. vi« force Chastagnes en Périgord et Daulphiné »). Ailleurs, Rabelais fait mention des « chastaignes du Bois d'Estroc » (1. I, ch. xL), bourg vendéen, fertile en toutes sortes de fruits et en premier lieu en châtaignes 2.

Mesle, nom provincial de la nèfle (1. II, ch. 1), aujour

aucuns s'en servent à laver les gands pour perfumer. C'est une diction prinse d'Avicenne, dont les François usent pour exprimer l'appellation des semences dudit arbre... », Remontrances d'agriculture, 1558, p. 39 et 42.

1. Voir Ant. Thomas, dans Rev. Ét. Rab., t. VI, p. 314.

2. Clouzot, ibid., t. II, p. 148.

d'hui usuel en Anjou, en Saintonge, en Berry, et dans tout le nord de la France. Robert Estienne remarque (1539): « Mesle Picardis, neffle Francis », et Richelet ajoute (1680): « Mêle est provincial, à Paris on dit neffle. » Le caractère régional du mot est indiqué dans un document cité par Du Cange (au mot melata), sous l'année 1457: « Le suppliant requist a icelluy Poncelet lui aidier à cueillir les nefles appellées ou païs Mesles... »

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Poncire, variété méridionale de citron (1. III, ch. LI) : pommes Medices, ce sont Poncires de Medie... » On dit dans le Midi pomsire, proprement pommes de Syrie.. Bruyerin Champier en fait mention, p. 86 : « Quin et citria, mala orancia, limones et quos poncerias appellant'... » Belon s'en sert également dans ses Observations, fol. 13 et 71 « ... moult grans Orangers, Citronniers, Pommiers d'Adam et Poncieres... les Citres, autrement nommez Poncieres. »

Quecas, nom poitevin de la noix dépourvue de son brou (1. I, ch. xxv) : « un cens de quecas. » Le Duchat remarque (dans Ménage): « Quecas. C'est un terme du Poitou où les paysans appellent de la sorte une noix verte, mais dont la coque se détache sans peine. A Metz on appelle toutes sortes de noix quacas; mais le mot y est absolument enfantin. » La forme quecas se trouve également dans le Berry et le Bas-Maine, et n'est qu'un des aspects de l'expression enfantine pour noix (cf. Rolland, t. IV, p. 35 et suiv.).

Et surtout de nombreuses variétés de raisins et de cépages. Rabelais a groupé dans un passage célèbre les

1. Il y revient plus explicitement à la page 637 : « Ea [arancia] insuper, quæ peponum magnitudinem æquare videntur, vulgo Ponceria, quasi poma cerea, aut citria, nuncupantur: odorem spirant admodum suavem gustatuque non ingrata sunt, quanquam sapore subdulci et fatuo. »

2. Cf., pour le xvr° siècle, Jean Liébault, Maison rustique, Paris, 1564 (d'après le Prædium rusticum de Charles Estienne, 1554), et, de nos jours, comte Odart, Ampélographe universelle ou traité des cépages, 3° éd., Paris-Tours, 1854, p. 135 et 398.

différents cépages estimés dans la première moitié du xvie siècle (1. I, ch. xxv) : « Car notez que c'est viande celeste, manger à desjeuner raisins avec fouaces fraiches, mesmement des pineaulx, des fiers, des muscadeaulx, de la bicane, et des foyrars pour ceulx qui sont constipez du

ventre... >>

Plusieurs provinces ont fourni leurs contingents à cette nomenclature viticole de l'époque :

Bicane, cépage qui fournit des raisins d'une belle couleur jaune, à très gros grains ellipsoïdes, mais comme goût qui laisse un peu à désirer. La forme rabelaisienne est la première attestée; des variantes ultérieures sont données par Liébault (p. 326) : « Le tiers morillon s'appelle beccane, il a le bois noir et le fruit de même... » et par Nicot : « Bicarne. C'est ce gros raisin du treille dont on fait du verjus, car il n'est propre à faire vin. »

Cette dernière forme est secondaire (cf. lucarne, pour lucane); aujourd'hui, le mot est surtout usuel en Indre-etLoire en Blésois, bicane désigne le cépage blanc à gros raisins (Thibault).

Sous sa double forme, bicane et becane, c'est un dérivé de bique (Poit. bèque), chèvre, répondant, sous le rapport du sens, à la variété bordelaise, nommée chévrier en Dordogne et cabrié en Périgord: Raisins de chèvre est le nom vulgaire du nerprun purgatif, dont les baies ont une saveur âcre comme celles du cépage. Le goût acide de la bicane, à raison de laquelle certains auteurs l'appellent verjus', explique son nom que Rabelais a tiré d'un patois du Centre, et tout particulièrement de l'Orléanais.

Les Fiers appartiennent, par contre, à l'Anjou. Ménage remarque à cet égard : « On prononce en Anjou fiez, mais on dit figez en Poitou, ce qui me fait croire... qu'on a appellé ces raisins de la sorte, à cause de leur douceur qui approche de celle de la figue. » On les appelle à Montauban, ajoute Borel, raisins goust de figue. On sait que

1. Voir les auteurs cités par le Dr Dorveaux, dans Rev. Ét. Rab., t. VII, p. 105.

les formes fie et figue alternent en ancien français et dans les patois.

Les Foirards venaient du Lyonnais : il est bon, nous dit Rabelais, pour ceux qui sont constipés du ventre. Le mot était déjà devenu parisien, suivant le témoignage de Liébault, fol. 326 vo: « Celui [complant] que, pour l'effet, les Parisiens appellent foirard... est le moindre de tous quant à la valeur et bonté du jus. » Les Berrichons appellent ce cepage foiraud, les Languedociens, fouiral. A Montpellier, esfouiran désigne une variété de raisin noir (Mistral).

Les Francs-aubiers venaient de la Provence aubié, variété de raisin blanc, à grains ronds et doux, comme à Aix; aujourd'hui, ce raisin est fréquent dans la CharenteInférieure. Meyer note pour l'Aunis, franc aubier, sorte de cépage; ailleurs (Meuse, Moselle, Meurthe), on donne le nom d'aubin blanc aux raisins hâtifs, très sucrés et très bon à manger, ayant les grains ronds et dorés'.

Le Muscadeau, ou raisin muscat, venait du Languedoc (muscadel). Liébault l'appelle, fol. 326 vo, muscadet, nom qui est resté. « Le muscadet compose exclusivement quelques vignes des coteaux de la Loire-Inférieure qui ne sont peuplées que de vignes blanches2. » Aujourd'hui, dans le Bas-Maine, muscadel désigne un excellent cidre.

Rabelais donne ailleurs (1. V, ch. xxxiv) le nom de muscadet au vin de goût muscat, sens encore usuel et remontant au xve siècle. En Languedoc, muscadet, est le nom d'un cépage connu qu'on cultive également sur les coteaux de la Loire-Inférieure.

Le Pineau, dont les petites grappes ressemblent aux pommes de pin, est un cépage de Touraine. Liébault, écrit pinot, fol. 326 vo: « Le meilleur complant est le morillon appelé pinot, duquel le bois a la coupe rouge plus que nul autre », à côté du « fin pinet d'Anjou, qui a le bois tirant sur te verd ». Aujourd'hui encore, dans la Touraine, le

1. Comte Odart, ouvr. cité, p. 254.

2. Id., ibid., p. 157.

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