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partance pour la

Nouvelle-Suède, durent rentrer

chez elles et y attendre une autre occasion.

La création de cette colonie avait bien, dans les commencements, un peu inquiété les Hollandais établis dans les Nouveaux Pays-Bas, mais lorsqu'ils la virent se peupler et prendre une grande extension, ils s'en émurent sérieusement. Les Hollandais considéraient, en effet, que les Suédois occupaient une partie du territoire qui leur appartenait; néanmoins, ils n'osaient, quoique les plus forts, les en expulser ouvertement, de crainte que le gouvernement suédois ne prît la défense de ses nationaux. Mais lorsque les Suédois du Delaware eurent chassé la garnison du fort que les Hollandais avaient bâti auprès de Christiana, toute hésitation cessa; le gouverneur Stuyvesant, Jambe d'argent, se mit à la tête des siens et la colonie suédoise fut annexée aux possessions des Hollandais dans les Nouveaux Pays-Bas.

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CHAPITRE XI

Fondation de la colonie de Pennsylvanie. William Penn; ses premières années. Il obtient la propriété du territoire. But dans lequel il veut établir une colonie. Générosité dont il fait preuve à l'égard des colons. Organisation intérieure de la colonie. Fondation de Philadelphie. Rapports de Penn avec les Indiens. Il part pour l'Angleterre. Dissensions de la colonie pendant son absence. Réclamations des habitants à son retour; leur ingratitude; mort de Penn. Fixation de la ligne de démarcation entre les colonies de Pennsylvanie et de Maryland. Description de Philadelphie vers le milieu du dix-huitième siècle.

COLONIE DE PENNSYLVANIE.

La Pennsylvanie fut fondée d'une manière complétement différente des autres colonies, car une charité religieuse et fraternelle, seule, fit concevoir à son fondateur l'idée d'abandonner ses droits sur le sol dont il était propriétaire, et d'y établir une colonie.

William Penn avait été élevé en Angleterre et instruit à l'université d'Oxford. Dans les derniers temps du séjour qu'il y devait faire, il prit part à des assemblées de quakers et fut chassé de l'université. Il se rendit alors en France, où il étudia à Saumur les doctrines calvinistes. L'exil ne fit qu'exciter davantage son enthousiasme religieux, et, de retour dans sa patrie, il s'enrôla, au grand désespoir des siens,

dans la secte des quakers. Comme la persécution enflammait à cette époque tous les esprits en Angleterre, Penn, dont la générosité était renommée parmi ses anciens camarades, résolut de fonder en Amérique une colonie où tous ceux qui étaient persécutés à cause de leurs opinions religieuses pourraient trouver un asile.

Son père, fameux amiral de la marine anglaise, mourut sur ces entrefaites. Il lui était dû par le gouvernement anglais une somme de seize mille livres sterling (400,000 fr.) qu'il avait prêtée au roi Charles II avant son avénement au trône. William Penn s'adressa au roi et lui demanda une province en Amérique en paiement de sa dette. Le roi consentit, mais Penn dut s'engager à lui envoyer tous les ans, en signe de fidélité, deux peaux de castor. Connaissant par les rapports qui lui furent faits que la contrée dont il était devenu propriétaire était couverte de forêts, Penn désira l'appeler « Sylvanie» (du mot latin sylva, forêt), mais le roi intervint et ordonna que le nom du propriétaire fût ajouté à ce mot et qu'ainsi elle s'appelât Pennsylvanie. »

En 1681, Penn organisa un premier convoi d'émigrants, et l'année suivante il s'embarqua sur un vaisseau portant le nom de « Bienvenu, » pour se rendre lui-même dans sa colonie et commencer ce qu'il appelait la «Sainte expérience (Holy experiment). Il

avait fait précéder son arrivée d'une sorte de lettremanifeste dont voici la teneur :

«Mes amis, je vous souhaite toute espèce de bonheur « ici-bas et plus haut. Ceci est pour vous faire savoir « qu'il a plu à Dieu, dans sa providence, de vous met«tre dans mon lot, de vous confier à mon soin. C'est « une affaire que jusqu'à présent je n'ai point entreprise, mais Dieu m'a donné la conscience de mon << devoir et un esprit honnête pour agir droitement.

« J'espère que vous ne serez point contrariés par ce « changement et par le choix du roi, car vous voici << maintenant solidement établis, et non pas à la merci « d'un gouverneur qui vient pour faire grande for

« tune.

« Vous serez gouvernés par les lois que vous ferez « vous-mêmes; vous vivrez libres, et, si vous voulez, << comme une nation sage et industrieuse. Je n'usur« perai aucun droit, et n'opprimerai personne; Dieu m'a inspiré une meilleure résolution et m'a donné sa grâce pour l'exécuter.

« En somme, je me prêterai cordialement à tout ce « qu'un homme sage et libre peut raisonnablement a désirer pour sa sûreté et son bonheur. Je prie Dieu « de vous diriger dans la voie de la justice, pour que vous prospériez, et vos enfants après vous.

« Je suis votre véritable ami.

<< Londres, le 8 du mois d'avril 1681. »

« WILLIAM PENN.

Toutes ces promesses devaient être fidèlement tenues.

L'enthousiasme, déjà grand pour la personne de

Penn, fut au comble à son arrivée en Amérique. On le reçut avec les honneurs qu'on eût rendus à un roi, et il est de fait qu'il méritait la reconnaissance qu'on lui témoignait, car il avait permis à tout pauvre émigrant de s'établir sur ses terres. Il n'exigea aucune compensation pour lui-même et promit, en outre, d'assurer à tous leur entière liberté de parole et de conscience. Lorsque Penn descendit à terre, la population, composée de Suédois, d'Anglais et de Hollandais, se porta à sa rencontre, et on donna lecture devant elle des actes signés du roi; puis, s'adressant au peuple, Penn, le « roi-quaker, comme on l'appelait quelquefois, répéta avec un accent sincère les engagements qu'il avait pris dans sa lettre du mois d'avril.

En 1683, Penn acheta le terrain où il désirait fonder sa principale ville, à quelques Suédois qui l'avaient eux-mêmes obtenu des Indiens. Il lui donna le nom de Philadelphie (ce qui veut dire amour fraternel), et en traça le plan suivant celui de la vieille cité de Babylone.

Au début, la nouvelle ville de Philadelphie n'eut que quatre ou cinq petites chaumières, mais au bout de la première année on y pouvait compter une centaine de maisons, et en trois ans elle prit plus d'importance que New-York n'en avait acquis en cinquante ans. Toutefois cette dernière a depuis longtemps regagné sa supériorité sur Philadelphie, à cause des avantages que lui donne, pour le commerce, sa situation géographique.

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