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exempts des inquiétudes causées par les Indiens aux colonies européennes. Après la mort de Powhattan qui, depuis qu'il avait relâché le capitaine Smith, avait toujours maintenu de bonnes relations avec la colonie de la Virginie, les Indiens de sa tribu, sur le conseil du chef qui lui avait succédé, formèrent le projet d'exterminer tous les blancs qui l'habitaient. Ce complot fut si secrètement tramé qu'au matin du 22 mars 1622, jour fixé pour le massacre, ils purent entrer dans la colonie, pénétrer dans les maisons, s'asseoir à la même table que ceux dont ils projetaient la mort, sans qu'aucun indice extérieur révélât leurs intentions sanguinaires. A l'instant convenu, les Indiens se ruèrent de tous côtés sur les colons disséminés dans leurs plantations, et ils en firent une épouvantable boucherie, tuant plus de trois cents hommes, femmes et enfants. Heureusement les habitants de Jamestown, prévenus à temps par un Indien converti, purent préparer leur défense, en sorte que la ville et les quelques établissements particuliers qui l'environnaient furent sauvés de la première attaque. Une guerre sans trêve et sans merci s'engagea alors entre les deux races. Les colons furent réduits de quatre mille à deux mille cinq cents, mais les Indiens reçurent une telle leçon qu'ils en conservèrent longtemps le souvenir, et cessèrent pendant vingt ans toute hostilité.

En 1664 pourtant, l'impression de la punition que les blancs leur avaient infligée s'était, paraît-il, quelque peu effacée, puisqu'ils recommencèrent leurs

attaques contre la colonie. Dans une de ces surprises qu'ils savaient si bien préparer, les Indiens massacrèrent cinq cents colons. Enfin les blancs s'unirent et, marchant à leurs ennemis, les refoulèrent hors de leur territoire.

En 1624, le roi Jacques, dont la jalousie était excitée par les sentiments patriotiques de la Compagnie de Londres, retira à la colonie sa troisième charte et déclara la Virginie province royale. Depuis ce temps, le roi eut la nomination du gouverneur et du conseil, quoique la colonie gardât le droit d'élire son assemblée de représentants. Mais celle-ci était composée en majeure partie de royalistes qui, non contents de se faire payer 250 livres de tabac par jour, à titre d'appointements, refusaient de se démettre de leurs fonctions lorsque le temps pour lequel ils avaient été élus était expiré. Deux partis se formèrent

peu à peu, dans la colonie; l'un aristocratique, com

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posé des riches fermiers et des magistrats, l'autre comprenant la masse du peuple, qui se sentait privé de ses droits politiques. Les choses en arrivèrent à un tel point qu'il suffit d'une circonstance où le gouverneur Berkeley n'avait pas pris les mesures de défense nécessaires contre les Indiens pour faire éclater les ressentiments du parti populaire. Un jeune avocat, Nathaniel Brown, rallia autour de lui ses amis, et, après avoir repoussé les Indiens, se tourna contre le gouverneur qui venait de le dénoncer comme traître. Celui-ci fut obligé de s'enfuir, mais, au milieu

du combat, la ville de Jamestown prit feu et toutes les maisons furent consumées. A la suite de ces événements, les habitants se dispersèrent pour fonder, dans d'autres parties de la contrée, de nouveaux établis

sements.

CHAPITRE XIII

Fondation de la colonie de Maryland. Lord Baltimore obtient la propriété du territoire. Construction du village de Sainte-Marie. Charte de la colonie; ses conditions et priviléges. Réunion d'une assemblée de représentants. Passage de l'acte de tolérance. Querelles suscitées par l'arrivée de puritains. Les catholiques sont privés de leurs droits. Guerre civile. Le roi intervient et déclare la colonie province royale. Un des descendants de lord Baltimore est nommé gouverneur. La colonie retrouve sa prospérité. Ressemblance entre le Maryland et la Virginie.

COLONIE DE MARYLAND.

Le premier établissement créé dans le territoire formant actuellement l'Etat de Maryland fut fondé en 1631 par une troupe d'émigrants et d'aventuriers partis de la colonie de la Virginie, sous la conduite du capitaine William Clayborne, qui avait reçu un brevet du roi d'Angleterre pour entreprendre des voyages de découvertes. L'année précédente, cette partie du continent américain avait été visitée par un Anglais catholique, lord Baltimore, qui, désireux d'assurer aux membres de son Eglise un refuge contre les persécutions dont ils souffraient en Angleterre, cherchait un emplacement favorable à l'exécution de son projet.

Immédiatement après son exploration, lord Balti

more retourna en Angleterre, et obtint du roi Charles Ier la concession de tout le territoire situé au nord du Potomac. La nouvelle colonie reçut d'avance le nom de Terra Mariæ » ou « Terre de Marie, » en l'honneur de la reine Henriette Marie, épouse du roi. La première expédition organisée par lord Baltimore fut placée sous le commandement de son frère cadet, Léonard Calvert, qui s'embarqua avec deux cents hommes sur deux vaisseaux, l'Arche et la Colombe. Au mois de mars 1634, ils arrivaient sur le lieu désigné pour leur établissement et bâtissaient, à l'embouchure du Potomac, les premières maisons d'un village qu'ils appelèrent Sainte-Marie. » C'est de là que les habitants des colonies voisines tirèrent le nom de « Pèlerins de Sainte-Marie, sous lequel les premiers colons de Maryland furent désignés.

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La charte que le roi Charles Ier avait octroyée à lord Baltimore pour la colonie de Maryland était bien différente de celles qu'avaient obtenues les autres colonies anglaises, en ce sens que le roi s'était formellement engagé à ne point s'immiscer dans ses affaires. Lord Baltimore devait donc gouverner la colonie sans aide ni empêchement de la part de l'Angleterre. Il était néanmoins tenu d'envoyer annuellement au roi deux flèches indiennes en signe de soumission, et de lui donner un cinquième de l'or et de l'argent qui serait trouvé dans le territoire concédé. Tous les membres de la colonie avaient droit de vote dans les questions législatives; aussi, peu de temps

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