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parler d'une pareille mesure, déclarant que, si des esclaves étaient introduits dans la Géorgie, il romprait inmédiatement tous les liens d'intérêt et d'affection qui l'attachaient à la colonie.

En Angleterre, un sentiment général de compassion pour la « Colonie des Pauvres » se répandit, et beaucoup de personnes charitables envoyèrent des sommes d'argent pour seconder l'entreprise. D'autres émigrants partirent, comprenant dans leurs rangs des catholiques et des quakers qui fuyaient les oppressions qu'ils avaient à subir en Angleterre; d'autres suivirent encore qui demandaient la liberté du peuple, en sorte que la population de la colonie s'accrut très-promptement et qu'une prospérité relative favorisa ses débuts.

Un grand nombre de Moraves, persécutés en Autriche pour leur foi religieuse, vinrent aussi s'établir dans la nouvelle colonie, et ils y fondèrent une petite ville qu'ils appelèrent « Ebenezer. » Lorsque les deux frères, Jean et Charles Wesley, les fondateurs du méthodisme, arrivèrent en Amérique pour y prêcher et propager leurs doctrines, ils furent charmés par la piété fervente du petit peuple établi à Ebenezer. Plus tard, le célèbre prédicateur George Whitefield, qui avait fondé un asile pour les orphelins à Savannah, vint les visiter et éprouva la même impression. Ce ministre de la religion réformée tirait les ressources nécessaires à son œuvre des nombreux auditeurs que son éloquence extraordinaire attirait autour de lui. Une fois plus de 60,000 personnes se rassemblèrent

pour l'entendre, et les réunions en plein air qu'il tenait variaient entre 20,000 et 40,000 auditeurs.

Lors de la guerre entre l'Espagne et l'Angleterre, la Géorgie, comme la Caroline, prit part aux hostilités contre la colonie espagnole de la Floride, et ses habitants nommèrent Jacques Oglethorpe commandant des forces dont disposait la colonie, soit environ 1,000 hommes. Aidé par quelques centaines d'Indiens, il attaqua, en 1740, le fort Sainte-Augustine, mais son assaut fut repoussé. Deux ans plus tard, 3,000 Espagnols débarquèrent dans l'île de Saint-Simon d'où les Anglais les délogèrent après un combat acharné.

Oglethorpe étant retourné en Angleterre peu de temps après, le gouvernement de la colonie fut confié à des commissaires nommés par le roi, qui, dès les premiers jours de leur installation, se rendirent impopulaires et se firent détester par la population, à cause de plusieurs lois vexatoires qu'ils établirent. Ils limitèrent la superficie de la ferme que pouvait posséder un seul homme, ils annoncèrent qu'une femme ne pourrait hériter de biens en terres, défendirent l'importation du rhum, etc..... Enfin ils devinrent si odieux aux colons que ceux-ci envoyèrent une supplique au roi pour qu'il les prît sous son autorité immédiate. Le roi se rendit à leur désir; la Géorgie devint province royale, les magistrats furent nommés par le roi, mais le peuple conserva la faculté d'élire son assemblée de représentants.

CHAPITRE XV

Remarques sur la situation particulière des colonies. Différences de mœurs qui les tenaient divisées. Opinion exprimée par John Adams sur les causes de la révolution américaine.

Aucune loi politique ne reliait l'une à l'autre les colonies dont nous venons de retracer l'histoire primitive. A peine quelques provinces de la Nouvelle-Angleterre avaient-elles pu former une confédération contre les Indiens. Lorsque Penn mit en avant un projet d'alliance générale entre toutes les colonies pour faciliter le commerce et la résistance aux invasions, l'Angleterre opposa son veto; elle sentait que l'Amérique, si elle était unie, n'aurait plus besoin d'elle. Elle maintenait la division pour mieux assurer sa suprématie. Le moment n'était pas venu d'ailleurs de former une seule nation de toutes les colonies, et cette union faillit échouer au moment même de la guerre d'indépendance. Qu'eût-ce été à l'époque où s'est arrêté notre récit? De profondes différences, en effet, éloignaient les unes des autres les diverses colonies religion, constitution, mœurs, état social même, rien ne se ressemblait si du nord l'on passait au sud. Dans les colonies du nord, dans ce qu'on appelait la « Nouvelle-Angleterre, » se conservait le culte sévère

du puritanisme républicain. Boston est encore une ville de puritains. Dans les colonies du sud, la religion anglicane dominait, mais sans évêques. Au nord il y avait plus de petits propriétaires travaillant de leurs propres mains; au sud, plus de riches planteurs entourés de leurs noirs ou d'autres serviteurs. Voilà entre deux groupes de colonies des différences fondamentales que deux siècles ne suffiront pas à faire disparaître; mais il ne faudrait pas croire que deux colonies prises dans un même groupe, deux colonies du nord, par exemple, se ressemblassent de tous points. De nos jours, toute divergence n'a pas disparu. New-Hampshire écarte les catholiques des emplois, tandis qu'un Etat voisin, New-York, a, depuis longtemps, aboli cette clause d'incapacité politique.

Ces remarques ne doivent pas cependant nous fermer les yeux sur l'unité d'origine et d'esprit qui devait, un jour, réunir en un seul faisceau et pour défendre une même cause, toutes les forces de l'Amérique. Pouvons-nous mieux faire ici que de citer les paroles d'un des plus grands hommes de la république américaine, de John Adams? L'abbé de Mably avait manifesté devant lui l'intention de faire l'histoire de la révolution des treize colonies. Adams lui écrit pour lui donner ce qu'il appelle la clef de cette histoire :

« Il y a une analogie générale dans les gouvernements et les caractères de tous les treize Etats; mais ce ne fut que lorsque les débats et la guerre < commencèrent dans le Massachusetts, principale

« province de la Nouvelle-Angleterre, que les institu«tions primitives firent leur premier effet. Quatre de «< ces institutions devraient être bien étudiées et am«plement examinées par quiconque voudrait écrire << avec connaissance de cause sur ce sujet; car elles « ont produit un effet décisif, non-seulement dans les « premières déterminations des débats, dans les conseils publics et les premières résolutions de résister « par les armes, mais aussi par l'influence qu'elles <«< eurent sur les esprits des autres colonies, en leur « donnant l'exemple d'adopter plus ou moins les « mêmes institutions et des mesures semblables. Les << quatre institutions mentionnées sont les villes ou «< districts (townships), les Eglises, - les écoles,

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« 1o Les villes sont de certaines étendues de pays « ou districts de territoire, dans lesquels étaient le « Massachusetts, le Connecticut, le New-Hampshire « et le Rhode-Island. Chaque ville contient, l'une « dans l'autre, six milles ou deux lieues carrées. Les « habitants qui vivent dans ces limites doivent former, en vertu de la loi, des corporations ou corps politiques, et sont investis de certains pouvoirs et < priviléges, comme, par exemple, de réparer les << grands chemins, d'entretenir les pauvres, de choi« sir les élus, les constables, les collecteurs de taxes « et autres officiers, et surtout les représentants pour a la législature; comme aussi du droit de se réunir, « toutes les fois qu'ils en sont avertis par leurs élus,

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