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en recouvrant la terre d'une épaisse couche de neige, facilitait les moyens d'action des blancs, en leur faisant éviter les embûches et les surprises des Indiens auxquelles ils eussent été exposés dans une autre

saison.

Dans une sorte d'îlot, au milieu d'un marais impraticable, les Narragansetts avaient construit leur forteresse. Après une bataille, qui dura plus de deux heures, les assaillants franchirent les palissades dont les Indiens avaient entouré leur fort, et la presque totalité de la tribu fut anéantie.

Mais le but principal de l'attaque n'était pas atteint : le roi Philippe, profitant du désordre de la mêlée, s'était esquivé; les colons se mirent à sa poursuite. En 1676, une troupe de puritains armés, sous le commandement du capitaine Church, fut envoyée contre lui; mais, cette fois encore, il s'échappa, laissant entre les mains de ses ennemis sa femme et son fils âgé de neuf ans, qui fut vendu comme esclave aux habitants des îles Bermudes. Bientôt après heureusement, Philippe, dont l'énergie avait été vivement affaiblie par la prise de ces deux êtres si chers à son cœur, tomba, frappé d'une balle tirée, dit-on, par l'un de ses guerriers.

Ainsi se termina une guerre qui avait duré deux années, coûté aux colonies de la Nouvelle-Angleterre plus d'un million de dollars et la vie de 600 personnes. Pendant tout ce temps, aucun secours n'avait été demandé, ni reçu de la mère-patrie.

Tandis que les colonies de la Nouvelle-Angleterre

étaient ainsi engagées dans les terribles guerres que nous venons de raconter, les autres colonies n'étaient pas épargnées. -Les Hollandais établis à New-York, ayant excité violemment la colère des Indiens par les mauvais traitements qu'ils leur faisaient subir, se virent tout à coup environnés d'une multitude d'Indiens qui prirent une éclatante revanche. Dans la Virginie, les villages construits sur les limites du territoire furent continuellement en butte aux attaques des sauvages, qui trouvaient là des victimes faciles, à cause de l'interdiction faite aux colons, par le gouvernement anglais, de porter des armes, même pour leur propre défense.

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Les colonies de Pennsylvanie et de New-Jersey eurent beaucoup moins à souffrir de la part des Indiens; ce fait doit être attribué aux relations amicales que leurs fondateurs, William Penn et les quakers, engagèrent, dès le début, avec les tribus indiennes qui les avoisinaient. Il a été souvent dit que « paş une goutte de sang quaker » n'avait été répandue par les Indiens; si ce fait, très-contestable, est vrai, cela tient à ce que les quakers s'établirent sur un territoire appartenant à une tribu très-pacifique d'Indiens, les Delawares, qui venaient d'être battus et considérablement amoindris dans une rencontre avec leurs ennemis, les Iroquois.

CHAPITRE XVII

Guerre du roi Guillaume. Causes qui l'amenèrent. Début des hostilités. Expédition des Français contre la colonie de New-York. Cruautés commises par les Indiens. Tentatives faites par les Anglais contre Port-Royal et le Canada. Succès de la première. Fin de cette guerre. - Guerre de la reine Anne. Terreur des colons de la Nouvelle-Angleterre. Attaque des Anglais contre les Espagnols de la Floride. Les Espagnols et les Français s'unissent dans l'envoi d'une flotte contre Charlestown. Prise de Deerfield par les Français. Tentatives faites par les Anglais d'envahir le Canada. Insuccès. Le traité d'Utrecht met fin à la guerre. Guerre du roi George II. Expédition dirigée contre Louisbourg. Reddition de cette ville et abandon de l'ile du cap Breton aux Anglais. Conclusion de la paix.

De 1689 à 1763, de fréquentes contestations entre la France et l'Angleterre amenèrent des guerres entre ces deux puissances. Les colons du Nouveau Monde embrassèrent naturellement la cause de leur première patrie, chaque parti des belligérants cherchant à s'attacher le plus grand nombre d'Indiens possible : les Indiens du Canada et du Maine aidèrent les Français, et les Iroquois ou Indiens des « Cinq Nations », se mirent du côté des Anglais.

Pour la clarté de la narration des événements qui

vont suivre, nous les diviserons en quatre séries, connues d'ailleurs sous les noms de :

Guerre du roi Guillaume, de 1689 à 1697.

de la reine Anne, de 1702 à 1713.

du roi George II, de 1744 à 1748.

Et enfin la célèbre guerre franco-indienne, qui dura de 1754 à 1763.

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Par suite de la déclaration de guerre entre la France et l'Angleterre en 1689, les habitants des colonies françaises du Canada, qui avaient les premiers visité et exploré toute cette partie du continent et les contrées intérieures, crurent l'occasion venue, en épousant la querelle de leur patrie, de chasser les Anglais de ce qu'ils considéraient comme leurs territoires, De plus, par l'accroissement des colonies, les Indiens avaient été refoulés de plus en plus au loin; il en était résulté que si, en 1675, la Nouvelle-Angleterre possédait une population de 55,000 habitants, le nombre des Indiens avait considérablement baissé, car, à la même époque, on n'en comptait plus qu'une trentaine de mille disséminés sur les parcelles du territoire que les blancs n'avaient pas encore accaparé.

Vendant tous les jours aux nouveaux arrivants des portions de leurs territoires, quelquefois en échangeant une immense étendue contre l'objet de la plus

petite valeur, et plus souvent encore en étant violemment expulsés par la force des armes, les Indiens en étaient arrivés à faire succéder aux dispositions pacifiques qu'ils pouvaient avoir dans les commencements, une haine implacable qui s'étendait à tous les envahisseurs du sol.

Parmi les objets qui leur étaient donnés en échange contre des fourrures, ils avaient quelquefois reçu des fusils et des munitions; bientôt, lorsque les premiers possesseurs de ces armes en connurent le maniement, tous les Indiens cherchèrent à s'en procurer. Ils étaient parvenus à une adresse remarquable dans le tir, et, par conséquent, causaient aux blancs, dans les embuscades qu'ils leur tendaient, des pertes sérieuses.

Aussitôt que les hostilités eurent commencé entre les deux partis français et anglais, les horreurs des guerres des Pequots et du roi Philippe se renouvelèrent, mais dans une proportion dix fois plus grande. Les atrocités les plus affreuses furent commises; les habitants des colonies situées sur les frontières, et plus exposées que celles de l'intérieur, vécurent dans l'appréhension constante des attaques soudaines et des surprises familières aux Indiens. Les enfants qui gambadaient sur la rive, les faucheurs se reposant après le travail, les moissonneurs rentrant la récolte, les mères s'occupant chez elles des soins du ménage, tous toinbaient, frappés par un ennemi qui disparaissait aussitôt le coup donné et qui était toujours présent lorsqu'une garnison ou une famille se départait de sa

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