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emporté loin du lieu de l'action. Enfin, après une lutte qui dura trois heures, les troupes régulières se débandèrent et fuirent honteusement. Washington ne chercha plus, dès lors, qu'à les protéger contre la poursuite des Indiens et à rassembler les débris de l'expédition. Pendant que les armes anglaises subissaient cet échec dans l'ouest, au nord elles se couvraient de honte par un acte de cruauté révoltante commis dans la Nouvelle-Ecosse. La Nouvelle-Ecosse, appelée par les Français Acadie, » est située entre le 44° et le 50 degré de latitude nord, ayant la Nouvelle-Angleterre et l'océan Atlantique au nord et nord-est; l'hiver, qui dans cette région dure près de sept mois, est excessivement froid et, sans aucune espèce de transition comparable à nos printemps, il est immédiatement suivi d'un été dont la chaleur est presque intolérable, mais de courte durée. Le sol, en général, est aride et nu, bien que l'on assure qu'il en est quelques parties qui valent nos meilleures terres; toute la contrée est couverte d'un brouillard constant que l'été souvent ne suffit pas à faire disparaître. C'est au sujet de la possession de cette terre, qu'on eût dû appeler la terre de désolation et de tristesse perpé» que l'acte que nous allons rapporter fut

tuelles,

commis.

La Nouvelle-Ecosse était, à cette époque, presque entièrement occupée par des colons anglais, dont les autorités voulaient régir toute la province. Mais elle contenait aussi un assez grand nombre de Français,

qui refusèrent de prêter le serment d'obéissance au roi d'Angleterre George II. En conséquence, le gouvernement envoya en Acadie quelques compagnies de soldats de la Nouvelle-Angleterre, avec ordre de les expulser de la contrée. Les officiers sommèrent les habitants des villages récalcitrants de se rendre à l'église pour y entendre la lecture d'une proclamation royale. Là on leur déclara qu'ils étaient prisonniers, et on les força, à la pointe de la baïonnette, à s'embarquer sur de grands vaisseaux préparés à l'avance. Dans la confusion du moment, les femmes furent séparées de leurs maris, et des enfants ne rejoignirent leurs parents que bien des années plus tard et après mille recherches. Pendant longtemps, les journaux des colonies continrent des annonces faites par les exilés français, qui demandaient des nouvelles de leurs familles et cherchaient à les rejoindre. Sept mille de ces malheureux furent ainsi dispersés sur toute la côte, du Maine à la Géorgie, et pour éviter qu'ils n'eussent envie de revenir, les soldats incendièrent leurs maisons et saccagèrent leurs fermes.

Avant que la nouvelle de la défaite du général Braddock et de sa mort n'arrivât aux colonies anglaises, le gouvernement avait ordonné la levée d'un autre corps d'armée, composé de cinq à six mille hommes fournis par les colonies de Massachusetts, Connecticut, New-Hampshire, Rhode Island et New-York, et en avait remis le commandement au général William Johnson, qui se proposait d'attaquer le fort français

lac Champlain.

Frédéric, élevé à Crown-Point, à l'extrémité sud du Vers la fin de juin 1755, l'expédition anglaise, augmentée de plusieurs centaines d'Indiens, se mit en marche, et s'arrêta à une quinzaine de milles seulement du fort Frédéric, pour s'établir dans une forte position. Pendant qu'elle était ainsi campée, les éclaireurs indiens, envoyés en avant, revinrent annoncer au général Johnson qu'une grande partie de l'armée française se portait à sa rencontre. Aussitôt, et sans chercher à connaître les forces de ses ennemis, le général anglais dépêcha un détachement de mille hommes pour les arrêter dans leur mouvement, mais ceux-ci revinrent deux heures après dans le plus grand désordre, ayant rencontré les Français qui n'étaient plus qu'à une distance de trois milles du camp. Bientôt les deux armées furent en présence; malgré la supériorité de leur nombre sur les Français, qui ne comptaient pas deux mille hommes, les Anglais restèrent dans leurs positions et attendirent l'attaque. Le baron Dieskau, qui commandait les Français, convaincu qu'avec le peu de troupes dont il disposait il ne parviendrait pas à déloger les Anglais par une attaque de front, voulut les prendre en flanc et divisa son armée. Ses assauts furent repoussés avec de grandes pertes; enfin, les soldats anglais, sans écouter les ordres contraires de leurs officiers, quittèrent leurs retranchements, attaquèrent leurs ennemis de tous les côtés à la fois, et, après en avoir tué et pris un nombre considérable, disper

sèrent entièrement le reste. Le général Dieskau fut blessé grièvement et, dans la poursuite qui suivit la défaite de son armée, ayant été rencontré, appuyé sur un tronc d'arbre, par un soldat anglais, il mit la main à son gousset pour lui offrir sa montre en échange de la liberté; mais celui-ci, se méprenant sur l'intention du geste, crut qu'il cherchait un pistolet et le tua. Les restes de ses troupes allèrent donner dans une embuscade de volontaires des colonies de New-York et de New-Hampshire, et y trouvèrent la mort ou la captivité.

Cette victoire ne rapporta rien aux Anglais, tandis que les conséquences de la défaite du général Braddock furent des plus graves. Les Français restèrent, pendant une nouvelle période, en possession de toute la région située à l'ouest des Alleghanys, et les Indiens accrurent encore leur mépris pour les Anglais et leur estime pour les Français, renouvelant à l'occasion leurs attaques contre les colonies. Toute la partie ouest de la Virginie fut particulièrement le théâtre de massacres et d'incendies.

CHAPITRE XIX

Déclarations de guerre réciproques entre la Grande-Bretagne et la France. Plan conçu par le général Abercrombie. Le général de Montcalm s'empare des forts Ontario et Oswego. Prise du fort Granville par les Français. Projet des Anglais contre Louisbourg. Capitulation du fort William Henry. Washington se rend maître du fort Frontenac. Louisbourg retombe au pouvoir des Anglais. Le général Abercrombie échoue devant le fort Ticonderoga. Un dẻtachement de son armée s'empare du fort Duquesne. Siége de Québec par les Anglais. Mort des généraux Wolfe et de Montcalm. Capitulation de Québec. Tentatives faites par les Français pour le reprendre. Prise de Montréal par les Anglais. Signature du traité de paix entre la France et l'Angleterre. Continuation des attaques des Indiens contre les colonies anglaises. Conspiration générale des tribus. Projet des Indiens. Ils échouent devant le fort Détroit, mais s'emparent du fort Mackinaw. Rupture de la ligue indienne. Condition des colonies après cette guerre.

Dans le courant de l'année 1755, l'Angleterre saisit, sans déclaration préalable de guerre, trois cents vaisseaux marchands qui naviguaient sur la foi des traités. Pour venger cette agression inouïe, la France, représentée par le duc de Richelieu, attaqua les possessions anglaises de la Méditerranée. Sur ce, le roi d'Angleterre George II déclara la guerre à la France, prétendant que, depuis le traité d'Aix-la-Chapelle, les empiétements et les usurpations des Français en Amérique avaient été notoires et que, malgré toutes les réclamations qu'il avait fait adresser au ministère

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