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demandait, c'était la révocation des statuts dont l'Amérique se plaignait; c'était la renonciation au droit de taxation, mais à la condition que les colonies reconnaîtraient à l'Angleterre le droit de régler leur commerce. Sa proposition réunit cette fois un tiers des voix. Lord North y répondit par ce qu'on a appelé la branche d'olivier de lord North » d'après la proposition ministérielle qui fut adoptée, les colonies étaient laissées libres de voter les fonds pour leur dépense commune, pour l'administration civile et judiciaire; si le roi jugeait le crédit voté suffisant, il ne lèverait pas d'autre impôt sur les colonies que les droits pour le règlement du commerce.-Les partisans de la conciliation firent un dernier et inutile effort: le 22 mars 1775, Burke, l'ami de Chatam, demanda le retrait des lois récentes, et pour les colonies le droit de se taxer elles-mêmes : « Ce sont les libertés de « l'Angleterre qui ont fait l'Amérique ce qu'elle est, ‹ dit-il en terminant; ces libertés seules la feront ce qu'elle doit être. C'est avec une foi entière dans cette inaltérable vérité que je pose aujourd'hui la première pierre du temple de la Paix! >

L'attention des puissances européennes était fortement attirée par cette lutte dont les résultats pouvaient être si importants. La morgue de la Grande-Bretagne, qui prétendait à la prédominance sur toutes les mers, faisait que la possibilité d'une rupture complète entre elle et ses colonies était envisagée avec satisfaction par les autres puissances européennes, et ses actes

étaient généralement considérés comme justifiant une semblable espérance. Le grand roi de Prusse Frédéric les commentait ainsi, lorsqu'un jour il en causa avec un gentilhomme anglais : « C'est une chose difficile <que de gouverner des hommes par la force à une telle distance. Si les Américains sont battus, ce qui « me paraît très-problématique, il n'en sera pas moins impossible d'en tirer, par des impôts, un « revenu. Si vous cherchez à vous réconcilier avec « l'Amérique, quelques-unes de vos mesures sont « trop sévères; si vous cherchez, au contraire, à la << soumettre, elles sont trop douces. Enfin, Monsieur, « je ne comprends pas ces choses-là; je n'ai point de colonies; j'espère que vous vous tirerez bien de l'affaire, mais elle me paraît un peu épineuse. >

CHAPITRE XXI

1775.

Début des hostilités. Les Anglais veulent s'emparer des armes des patriotes. Expédition contre Salem; échec subi par les Anglais. Expédition contre Concord. Combat de Lexington. Bataille de Concord. Défaite des troupes anglaises. Effet produit en Angleterre et en Amérique par la journée du 19 avril. Les Américains lèvent une armée provinciale. Investissement de Boston. Bataille dite de Bunker-Hill. Retraite des patriotes. Entreprises des Américains contre le Canada. Prise des forts Ticonderoga et de Crown-Point par les patriotes. Les forts Chamblée et Saint-Jean tombent en leur pouvoir. Montréal subit le même sort. Siége de Québec. Assaut de la ville. Les patriotes sont repoussés.

Pendant tous ces débats, des troupes anglaises continuaient à arriver à Boston, et le général Gage faisait épier les patriotes dans le but de découvrir où ils cachaient leurs approvisionnements militaires. De leur côté, les habitants l'observaient aussi, afin de le prévenir s'il voulait s'emparer de quelqu'un de leurs dépôts.

Ayant appris qu'un dépôt d'artillerie avait été formé à Salem, le général Gage y envoya un de ses officiers avec un petit détachement pour s'en emparer. Le dimanche 26 février 1775, cette troupe débarquait à Marblehead, et se mettait en marche pour exécuter

cet ordre. Mais un messager rapide l'avait devancée à Salem; l'artillerie fut tirée des magasins et dispersée par toute la contrée; puis la population, qui se trouvait à l'église, en sortit à l'instant, et se rassembla en armes devant le pont-levis. A l'approche des Anglais,. le pont-levis fut levé, et le colonel américain Pickering informa le commandant anglais que les armes qu'il venait saisir étaient la propriété du peuple, et qu'en conséquence, elles ne lui seraient pas livrées. Sur ce, l'officier anglais ordonna à ses soldats de s'emparer d'un gros bateau, à l'aide duquel ils pourraient se transporter sur l'autre rive; mais le proprié taire du bateau, Joseph Sprague, y pratiqua immédiatement une ouverture qui le fit couler. Les soldats se précipitèrent sur lui, le maltraitèrent et le laissèrent sur la place, blessé en plusieurs endroits. Voyant que, s'il réussissait à traverser le torrent, une rixe sérieuse s'engagerait entre sa troupe et les habitants, qui, grâce à leur nombre toujours croissant, finiraient par obtenir l'avantage, le commandant anglais fit demander au colonel Pickering de lui permettre, afin de sauver les apparences, de traverser seulement le pont-levis, s'engageant sur l'honneur à retourner à Boston et à renoncer à son entreprise. Le colonel Pickering ne voulut pas se refuser à cette prière, et il ordonna aux miliciens, ainsi qu'à la foule des habitants, de se ranger sur les deux côtés de la route. Enfin, le pont-levis ayant été baissé, les soldats anglais le traversèrent, marchant entre les rangs silen

cieux des patriotes; après les avoir dépassés de quelques mètres, ils revinrent sur leurs pas, retraversèrent le pont et retournèrent à Boston.

Cet échec aurait pu servir de leçon au général Gage et l'avertir de réserver ses expéditions pour des occasions plus importantes, ou, tout au moins, d'envoyer une force capable de renverser l'opposition qu'elle rencontrerait. Il n'en fut rien; car, peu de temps après, ayant reçu avis qu'une grande quantité d'armes avait été réunie à Concord, à environ vingt milles de Boston, il y envoya un détachement fort de huit cents hommes, sous le commandement du lieutenant-colonel Smith et du major Pitcairne, avec ordre de s'en saisir. Cette fois encore, l'entreprise échoua par la vigilance des patriotes de Boston, qui se tenaient sur le qui-vive, prêtant la plus grande attention aux mouvements des troupes anglaises. Il avait été convenu que, s'ils apprenaient qu'une forte expédition anglaise se préparât à sortir de Boston pour quelque entreprise inconnue, une lanterne allumée serait suspendue au haut de l'église du nord en guise de signal, et qu'une surveillance spéciale serait établie à Charlestown, pour en observer l'apparition. Dans la nuit qui suivit le départ du détachement anglais, ceux des habitants de Charlestown qui, sur le bord de la rivière Charles, avaient été chargés de guetter le signal attendu de Boston, virent briller la lanterne. Immédiatement la ville fut en rumeur, et des messagers partirent dans toutes les directions. Les Bostoniens, en outre du si

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