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se dirigèrent vers la capitale du Canada, Québec, où ils comptaient opérer leur jonction avec l'expédition du colonel Arnold.

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Mais celui-ci n'avait pas eu le même succès dans ses entreprises. Conduisant sa petite armée à travers les déserts inhospitaliers de cette région, il exposa ses soldats à toutes les souffrances du froid et de la faim, à tel point qu'ils durent, à un certain moment, manger le cuir de leurs souliers. L'esprit de ténacité infatigable que cette troupe courageuse montra en cette occasion, surmontant sans faiblesse toutes les difficultés qu'elle rencontra en chemin, fit donner à son chef le titre d'Annibal américain. » Enfin, le 10 décembre, les deux expéditions se réunirent devant Québec, et le siége de la place fut immédiatement commencé. La fortune, qui jusqu'alors s'était montrée favorable aux Américains, se tourna à ce moment contre eux. Des dissentiments éclatèrent parmi les officiers; l'argent fourni pour l'expédition était épuisé; la rigueur de l'hiver et les difficultés de toutes sortes augmentaient. Dans ces conditions, le général Montgomery, convaincu qu'il fallait ou lever le siége ou l'amener promptement à sa fin, résolut de bombarder la ville. Formant de son armée quatre divisions, il ordonna à deux corps de simuler une attaque sur la ville haute, tandis que lui et le colonel Arnold conduiraient les deux autres divisions contre la ville basse. Le 31 décembre, l'attaque commença sur tous les points, mais dès les premiers coups, le général Montgomery tomba pour ne plus se

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relever. Le colonel Arnold fut lui-même grièvement blessé quelques instants après. Leurs divisions, décimées par le feu plongeant de l'ennemi et se trouvant prises dans les retranchements qu'elles avaient vaillamment conquis, perdirent courage et durent capituler. Québec restait donc au pouvoir des Anglais. Le gouverneur de la ville, Carleton, fit enterrer solennellement le corps de son adversaire, le général Montgomery, pendant qu'Arnold, qui avait réussi, malgré sa blessure, à percer les lignes ennemies, ralliait ce qu'il pouvait de ses soldats, et, les réunissant aux deux autres divisions américaines, continuait à tenir la ville en état de blocus.

CHAPITRE XXII

1775-1776

Seconde réunion du congrès continental. Décisions prises par cette assemblée. Création du papier-monnaie. Nomination de George Washington au commandement en chef de l'armée américaine. Premières années de la vie du général Washington. Description de l'armée américaine. Situation de l'armée anglaise dans Boston. Bombardement de Boston par l'armée continentale. Evacuation de la ville par les Anglais. Le gouvernement anglais augmente le chiffre de son armée. Mercenaires employés dans l'armée anglaise. - Réflexions du docteur Franklin touchant le temps et l'argent - nécessaires la Grande-Bretagne pour soumettre ses colonies. Le congrès songe à déclarer l'indépendance des colonies.

Avant la bataille de Bunker-Hill, le congrès continental avait déjà déclaré l'armée provinciale qui assiégeait les Anglais dans Boston, armée nationale, et avait voté la levée dans les autres provinces de troupes complémentaires. Le 10 mai 1775, le congrès continental se réunit pour la seconde fois à Philadelphie, malgré les ordres expédiés par le ministère anglais aux gouverneurs provinciaux pour en défendre la réunion. Cette fois, les élections se firent presque partout par des conventions populaires; comme elles précédèrent la rencontre de Lexington,

les mandats donnés aux députés eurent un caractère pacifique. Franklin, qui avait quitté l'Angleterre lorsque les affaires de son pays avaient pris une certaine gravité, et était arrivé à Philadelphie cinq jours auparavant, fut nommé à l'unanimité, par l'assemblée de la province de Pennsylvanie, délégué au congrès. Convaincu alors de l'impossibilité d'une réconciliation, il consacra dès ce moment toute son énergie à la résistance et au succès de la lutte engagée pour l'indépendance des colonies. Il s'occupa constamment de stimuler le patriotisme de ses compatriotes, les poussant à résister aux ordonnances anglaises et activant ainsi les progrès de la révolution. Peyton Randolph fut réélu président du congrès, et Charles Thomson, secrétaire. Mais Randolph donna bientôt sa démission, et fut remplacé par John Hancock, riche négociant de Boston, qui, comme nous l'avons vu dans les pages précédentes, s'était signalé tout particulièrement à la haine et à la vengeance de l'Angleterre. Au sein du congrès, les mesures militaires étaient votées concurremment avec les protestations de loyauté au roi. Ses membres déclaraient qu'il fallait laisser entrer les troupes à New-York, tout en restant sur la défensive et en se préparant à soutenir la lutte en cas d'attaque. Le 26 mai, l'assemblée décidait qu'on devait mettre les colonies sur le pied de défense, et, en même temps, elle arrêtait que des négociations seraient ouvertes afin d'accommoder les malheureuses disputes qui existaient entre la Grande-Bretagne et les colonies.>

Deux adresses étaient, en outre, envoyées, l'une au roi, et l'autre au peuple anglais. Dans ces deux adresses, les délégués déclaraient qu'ils avaient gémi de ce qu'ils avaient été obligés de faire, et qu'ils n'avaient pas appris à se réjouir d'une victoire remportée sur les Anglais. Pour soutenir la lutte, le congrès vota la levée d'une armée de vingt mille hommes, l'émission d'un papier-monnaie garanti par toutes les colonies, l'arrêt de toute exportation de provisions aux stations de pêches anglaises, ainsi qu'à toute colonie ou île qui continuait à obéir au gouvernement anglais, enfin la création de la poste dont la direction fut confiée au docteur Franklin.

C'est d'après les conseils de cet homme illustre que le papier-monnaie fut adopté par le congrès, et Franklin se servit de son influence sur la population pour lui faire accepter une mesure sans laquelle la résistance à la Grande-Bretagne eût été faible et de courte durée. La première émission de papier-monnaie eut lieu le 25 juillet suivant, pour la somme de trois millions de dollars (15,000,000 de francs), sous la promesse d'échanger les billets pour de l'or et de l'argent dans l'espace de trois ans. Vers la fin de 1776, une nouvelle émission de vingt-un millions de dollars fut faite. Le congrès commença alors à se sentir très-embarrassé, ne sachant pas s'il serait jamais possible de racheter une aussi forte somme de billets; ses membres s'adressèrent en cette circonstance à Franklin, qui leur fit la réponse sui

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