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ont cru pouvoir déchiffrer l'inscription trouvée sur un rocher près de Dighton, dans l'État de Massachusetts: ils prétendaient y reconnaître le langage islandais. Mais, après de longs débats, cet argument dut être abandonné, quelques savants ayant fait remarquer que l'inscription en question avait beaucoup de ressemblance avec d'autres inscriptions trouvées sur des rochers dans l'intérieur des États-Unis et que les Indiens avaient gravées.

Les légendes scandinaves abondent en traditions de cette sorte, mais il n'en est aucune qui puisse nous donner un renseignement certain. Néanmoins, on ne saurait refuser de croire que les « Hommes du Nord » ont, à une époque très-reculée, et de beaucoup antérieure à la venue de Christophe Colomb, atteint les côtes de l'Amérique du Nord,

Pendant cinq siècles, aucun navire n'essaya de reprendre le passage oublié à travers l'immensité de l'Atlantique; toutes les possessions des Hommes

du Nord avaient été abandonnées, et nul au monde ne se souvenait plus de l'existence d'un autre continent. C'est tout au plus si quelques-uns des plus âgés parmi les Islandais se rappelaient les contes fantastiques que leur avaient transmis leurs aïeux sur une contrée située à l'ouest, bien au loin, et évoquaient, durant les longues soirées d'hiver, ces légendes merveilleuses auxquelles d'ailleurs ils n'attachaient aucune créance.

Puis, peu à peu le nom de ce pays s'effaça des

mémoires, le voile qui avait été un instant soulevé entre l'ancien monde et le nouveau était retombé, et ce dernier demeurait caché dans l'ombre de l'inconnu.

Si l'on s'en rapporte à une tradition dieppoise qui offre un certain caractère d'authenticité, on pourrait attribuer à un Français l'honneur d'avoir le premier, dans les temps modernes, mis le pied sur le sol américain.

A la fin du quinzième siècle, Dieppe était à la fois notre grand port de commerce et notre grand port militaire; ses marins, braves et hardis, se laissaient souvent, dans leur fiévreuse ardeur, emporter par la tempète à d'énormes distances. L'un des pilotes les plus en renom à cette époque était un nommé Jean Cousin, élève de l'abbé Descaliers, savant astronome et mathématicien. Tour à tour soldat et négociant, il s'était distingué dans un combat contre les Anglais, et avait fait ses preuves dans plusieurs voyages au long cours. Au bruit des découvertes que venaient de faire les Portugais en Afrique, quelques gros marchands dieppois s'associèrent et proposèrent à Jean Cousin de partir pour un voyage d'explorations. Cousin accepta, et en 1488 il mit à la voile. Arrivé à la hauteur des Açores, Cousin fut entraîné à l'ouest par un courant marin et aborda sur une terre inconnue qui devait être le Brésil, près de l'embouchure d'un fleuve immense, le fleuve des Amazones très-probablement. Il prit possession de ce continent, mais,

comme il n'avait ni un équipage assez nombreux, ni des ressources matérielles suffisantes pour fonder un établissement, il se rembarqua, et continua ses explorations pour ne revenir à Dieppe qu'en 1489.

M. Paul Gaffarel, auteur de l'article auquel nous empruntons ces détails, fait remarquer avec raison que a la tradition dieppoise se fonde uniquement sur le hasard du courant qui aurait porté Cousin sur le continent américain. Or, ce courant existe; c'est le fameux Gulf-Stream. Ses eaux sont animées par un mouvement constant de translation, et leur force est tellement bien connue aujourd'hui que les navires, mème à vapeur, qui font le trajet d'Europe au Brésil, s'engagent volontiers dans ce courant qui leur épargne une grande dépense de combustible et de temps. » — Nous ne nous occuperons pas de discuter la validité ou la fausseté de la tradition dieppoise, cependant on peut admettre que Cousin rencontra le Gulf-Stream et se laissa conduire, se fiant au hasard qui le servit admirablement.

Sans chercher à modifier une opinion établie, nous avions relaté quelles étaient les prétentions des Suédois et des Norwégiens au sujet de la première découverte du Nouveau Monde; c'est un juste sentiment d'amour-propre national qui nous a fait rapporter le sujet de la tradition dieppoise, et nous y appesantir plus longuement '.

La découverte de l'Amérique avant Christophe Colomb, par Paul Gaffarel. (Revue politique et littéraire, 2 mai 1874.)

Si les Islandais et les Norwégiens ont véritablement les premiers découvert le Nouveau Monde, il était réservé à un autre peuple de faire connaître à l'Europe l'existence d'un second continent. L'Espagne devait être le pays dont le bienveillant patronage allait ajouter un nouveau monde à l'ancien.

CHAPITRE III

Disposition des esprits au quinzieme siècle. Croyances répandues au sujet de la terre. Christophe Colomb. Incertitude sur le lieu et la date de sa naissance. Ses premières années. Son mariage. Colomb conçoit le projet de rechercher de nouvelles terres. Il fait part de son dessein à la ville de Gênes, qui le repousse. I le présente au roi de Portugal et ne réussit pas mieux. Il retourne à Gênes, renouvelle sa proposition et essuie les mêmes dédains. Il veut faire connaître son projet au roi d'Angleterre, qui refuse de l'écouter. Venise rejette les offres que Colomb lui fait. Colomb trouve un protecteur. Il obtient une audience des souverains de l'Espagne. Rejet de la proposition de Colomb. Colomb se décide à quitter l'Espagne; ses offres sont acceptées. Première expédition. Découverte des îles San-Saivador, Santa-Maria, de la Conception, Fernandina, Isabella, Cuba et Haïti. Colomb retourne en Espagne. Il dirige successivement une deuxième et une troisième expédition. Découverte du nouveau continent. Après un quatrième voyage, il revient en Espagne et meurt. Remarques sur son caractère.

Cinq cents ans s'étaient écoulés depuis l'époque où l'Amérique avait été entrevue pour la première fois. Les ténèbres du moyen âge s'étaient dissipées et l'Europe semblait avoir acquis une nouvelle vigueur. Une grande activité commerciale reliait entre elles les nations. européennes; des voyages étaient entrepris dans toutes les directions; les croisades, enfin, avaient développé l'importance maritime de certaines villes italiennes telles que Pise, Gènes et Venise; le goût du luxe dominait partout, et de grandes relations commerciales

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