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d'envahir, subjuguer ou préjudicier à notredite province ou territoire. Et par ces présentes, nous accordons, établissons et ordonnons pour nous, nos hoirs et successeurs, que ledit Gouverneur ne transportera dans aucun temps à l'avenir, en vertu d'aucun pouvoir accordé par ces présentes, ou qui lui sera accordé à l'avenir, aucuns des habitans de notredite province ou territoire et ne les obligera à sortir des limites dudit pays sans leur consentement libre et volontaire ou le consentement de la cour ou assemblée générale de notredite province ou territoire; ni n'accordera des commissions pour exécuter la loi martiale contre aucun des habitans de notredite province ou territoire, sans l'avis et consentement du Conseil ou des Assistans dudit Conseil.

Et nous, par ces présentes, constituons et ordonnons pour nous, nos hoirs et successeurs, que lorsque et aussi souvent que le Gouverneur de notredite province viendra à mourir, ou à être déplacé par nous, nos hoirs et successeurs, ou à être absent de son gouvernement; alors et dans tous lesdits cas, le Lieutenant ou député Gouverneur de notredite province, aura plein-pouvoir et autorité de faire et exécuter tous et chacuns des actes, matières et choses que notre Gouverneur de notredite province pourroit faire et exécuter légitimement, en vertu de nos lettres patentes, comme s'il étoit présent personnellement jusqu'au retour du Gouverneur absent, ou l'arrivée ou l'établissement d'un autre Gouverneur nommé en sa place par nous, nos hoirs et successeurs; et que lorsque, et aussi souvent que le Gouverneur et Lieutenant ou député Gouverneur de notredite province ou territoire viendra à mourir ou à être déplacé par nous, nos hoirs et successeurs, ou à être absent de notredite province et qu'il ne se trouvera dans ladite province aucune personne qui ait commission de nous, nos hoirs et successeurs, pour être Gouverneur dans ledit pays; alors et dans tous lesdits cas, le Conseil ou les Assistans de notredite province auront plein-pouvoir et autorité, et par ces présentes nous donnons

et accordons audit Conseil ou Assistans de notredite province, ou à la plus grande partie d'entre eux, plein-pouvoir et autorité de faire et exécuter tous et chacuns des actes, matières et choses que ledit Gouverneur ou Lieutenant ou député Gouverneur de notredite province ou territoire, pourroient légitimement faire et exécuter, comme si eux ou l'un d'eux étoient personnellement présens, jusqu'au retour du Gouverneur ou Lieutenant ou député Gouverneur ainsi absent, ou l'arrivée ou établissement d'un autre Gouverneur ou Lieutenant, ou député Gouverneur qui seront et pourront être nommés de temps à autre, par nous, nos hoirs et successeurs.

Il est toutesfois déclaré par ces présentes, que rien de ce qui y est contenu ne s'étendra ou interprétera pour ériger, accorder ou permettre l'exercice d'aucune cour, jurisdiction, pouvoir ou autorité d'Amirauté; mais que le tout sera et est réservé par les présentes, à nous, nos hoirs et successeurs; et ne sera, de temps à autre, érigé, accordé et exercé, qu'en vertu de commissions qui seront données sous le grand sceau d'Angleterre, ou sous le sceau du Grand-Amiral, ou des Commissaires pour exercer l'office de Grand-Amiral d'Angleterre.

Et de plus, notre volonté expresse et plaisir est, et nous ordonnons et enjoignons, par ces présentes, pour nous, nos hoirs et successeurs, que les présentes lettres patentes n'auront effet en aucune matière, ou ne s'interpréteront pour restreindre, exclure ou empêcher aucun de nos amés sujets quelconques, de faire et exercer le commerce de la pèche sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre; mais qu'eux et chacun d'eux auront plein et libre pouvoir, et liberté de continuer et exercer ledit commerce de la pêche sur lesdites côtes, dans toutes les mers qui avoisinent, ou dans tous les bras desdites mers ou rivières d'eau salée où ils étaient accoûtumés de pêcher, et de bâtir et établir sur les terres, dans notredite province ou colonie, vaines et vagues et qui ne sont possédées par aucuns propriétaires particuliers, les graves, échaffaux et atteliers qui seront néces

saires pour saler, sécher, garder et encaquer le poisson qui sera pris sur cette côte et de couper et prendre les arbres et autres matériaux qui croissent dans le pays ou qui se trouvent dans les places vaines et vagues, et non possédées par aucuns propriétaires particuliers, suivant qu'il sera nécessaire pour cet objet, et pour toutes les autres facilités, secours et avantages concernant le commerce de la pêche, de la manière et en la forme qu'ils étoient accoûtumés d'en user en aucun temps, sans faire aucun dégat volontaire, nonobstant toutes choses contenues en ces présentes, à ce contraires.

Et enfin, pour mieux pourvoir et fournir de mâts notre marine royale, nous réservons par ces présentes à nous, nos hoirs et successeurs, tous les arbres de vingt-quatre pouces de diamètre et au dessus, à la hauteur de douze pieds de terre qui se trouveront dans aucun terrein de notredite province ou territoire qui n'a pas encore été concédé à aucun particulier; et nous défendons à toutes personnes quelconques d'abattre, couper ou détruire aucun de ces arbres, sans avoir auparavant eu et obtenu la permission royale de nous, nos hoirs et successeurs, sous peine d'être condamnées à une amende de cent livres sterling, au profit de nous, nos hoirs et successeurs, pour chaque arbre ainsi abattu, coupé ou détruit, sans avoir eu et obtenu la permission, nonobstant toutes choses contenues en ces présentes, à ce contraires.

En foi de quoi, nous avons accordé les présentes lettres patentes. FAIT en notre présence, à Westminster, le sept octobre de la troisième année de notre règne.

Par ordonnance du Sceau privé,

Signé: PIGOT.

Ecrits satiriques de Franklin au début

de la révolution 1.

.I.

RÈGLES POUR FAIRE D'UN GRAND EMPIRE UN PETIT.

Mémoire présenté à un nouveau ministre à son entrée en

fonctions.
1773.

Un ancien sage s'estimait en ceci, que s'il ne savait pas jouer du violon, il savait comment d'une petite cité on en fait une grande. La science que je veux révéler, moi qui ne suis qu'un moderne ignorant, est justement le contraire.

Je m'adresse à tous les ministres qui ont l'administration de vastes empires, que leur étendue même rend fatigant de gouverner, parce que la multiplicité des affaires ne laisse pas de temps pour jouer du violon.

1o Et d'abord, Messieurs, considérez qu'un grand empire, comme un gros gâteau, est plus facile à entamer par les bords. Portez donc d'abord votre attention sur les provinces les plus éloignées, afin qu'une fois débarrassés de celles-là, le reste suive par ordre.

2o Pour que la possibilité d'une séparation existe toujours, prenez un soin particulier afin que les provinces ne soient jamais incorporées à la métropole, qu'elles n'aient pas les mêmes droits, les mêmes priviléges commerciaux et enfin qu'elles soient gouvernées par des lois plus sévères, toutes de votre fabrique, sans qu'on leur donne jamais aucune part au choix des législateurs. En faisant et en maintenant avec soin de pareilles distinctions, vous agirez (je suis ma comparaison du gâteau) comme un sage fabricant de pain d'épices, qui, pour faciliter la

1 Extraits de la Correspondance de Benj. Franklin, traduite et annotée par Ed. Laboulaye.

division, fend à moitié sa pâte là où il veut qu'une fois cuite, elle se casse en morceaux.

3° Peut-être ces provinces éloignées ont-elles été acquises, achetées ou conquises par le seul effort des colons ou de leurs ancêtres, sans l'aide de la mère-patrie. Si par hasard ces colons augmentaient la force de la mère-patrie, toujours croissant en nombre et toujours prêts à l'aider dans ses guerres, s'ils augmentaient son commerce par des demandes toujours croissantes à ses fabriques, s'ils augmentaient sa marine, lui employant de plus en plus ses vaisseaux et ses matelots, peut-être croiraient-ils avoir quelque mérite et avoir droit à quelque faveur; ayez soin de tout oublier ou d'en être blessés comme d'une injure qu'ils vous auraient faite. Et si c'étaient des whigs zélés, des amis de la liberté, nourris dans les principes de la révolution, rappelez-vous tout ceci, mais pour les en punir. Quand une révolution est solidement établie, de pareils principes ne sont pas seulement inutiles; ils sont odieux et abominables.

4° Vos colonies se soumettent pacifiquement à votre gouvernement, elles ont montré toute l'affection qu'elles portent à vos intérêts, elles ont souffert leurs maux en patience; il n'importe! Supposez-les toujours disposées à la révolte et traitez-les en conséquence. Logez chez elles des soldats qui, par leur insolence, provoquent l'émeute et qui la répriment avec des balles et des baïonnettes. De cette façon, vous ferez comme ces bons maris qui, par soupçon, maltraitent leurs femmes; avec le temps, vos soupçons deviendront des réalités.

5o Aux provinces éloignées, il faut des gouverneurs et des juges qui représentent la personne royale, et exercent partout la part d'autorité qu'il leur a déléguée. Or vous, ministres, vous n'ignorez point que la force du gouvernement dépend beaucoup de l'opinion du peuple, et que cette opinion du peuple dépend beaucoup du choix des gouvernants qu'on lui donne. Si donc, pour les gouverner, vous envoyez aux colons des hommes sages et bons, qui étudient l'intérêt et favorisent la prospérité de

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