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CHAPITRE V

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Verrazzano visite une partie de l'Amérique du Nord et lui donne le nom de Nouvelle-France. Découverte du Saint-Laurent par Jacques Cartier; ses relations avec les Indiens. - Fondation par Jean de Ribaut d'un refuge pour les protestants français. Erection du fort Caroline à Port-Royal et création de quelques établissements. Mort de Jean de Ribaut. Prise du fort Caroline par les Espagnols. Dominique de Gourges prend une éclatante revanche. De Monts, nommé directeur de la Compagnie française du Canada, fonde la première colonie française. Il prend possession de la contrée qu'il nomme Acadie. Exploration de la vallée du Saint-Laurent par Samuel de Champlain. Fondation de Québec. Découverte du lac Champlain. Les missionnaires jésuites entreprennent la conversion des Indiens. Ils visitent la vallée du Mississipi. Charles Raimbault parvient au lac Supérieur. Fondation de la mission Sainte-Marie. Le père Marquette descend le Mississipi.

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Le père de la Salle; ses explorations dans l'intérieur du continent. Il donne le nom de Louisiane à la dernière partie qu'il a visitée. Annexion du Texas à la Louisiane. Efforts de de la Salle por retrouver le Mississipi. Son assassinat. Les protestants français réfugiés en Amérique. Leur influence.

Les conquêtes faites par l'Espagne dans le Nouveau Monde l'avaient considérablement enrichie. Elle était devenue la plus riche et la plus puissante des nations d'Europe, ce qui avait encore augmenté le désir des autres pays de trouver la route orientale des Indes. Le passage par le cap de Bonne-Espérance et le détroit de Magellan était long et dangereux, la route par le nord semblait la plus courte, aussi c'est à trouver cette route qu'avaient tendu les efforts des deux Cabot

envoyés par l'Angleterre; c'est vers le même but que les navigateurs au service de l'Espagne et d'autres puissances avaient dirigé et dirigèrent leurs entreprises.

La France n'était pas indifférente aux tentatives de ses voisins, les Espagnols et les Anglais; elle ne voulut pas rester en arrière dans le grand mouvement maritime de l'époque, et, en 1524, les Français organisèrent quelques expéditions qui réussirent, mais au prix de grands efforts.

Verrazzano, navigateur florentin au service du roi François Ier, fut chargé de la direction de l'une de ces expéditions. En 1524, il mit à la voile, passa par l'île de Madère et, après cinquante jours de navigation, atteignit les côtes de la Caroline du Nord. Il les suivit quelque temps dans la direction du sud, puis revint sur sa route et remonta vers le nord, examinant avec soin les endroits où il s'arrêtait. Il entra dans la baie qui est aujourd'hui la baie de New-York, puis dans celle de Newport, Rhode-Island. Il donna le nom de Nouvelle-France à toute la partie du territoire américain qu'il venait de visiter, et en prit possession au nom du roi de France. Verrazzano séjourna quinze jours à Rhode-Island, trafiquant avec les Indiens; pendant ce temps, il explora les environs, et dans la relation de son voyage qu'il publia avec de nombreux détails, il raconte qu'il trouva des vignes en grand nombre. Ce fait est significatif, car il confirme les récits des « Hommes du Nord; » ceux-ci, en effet, rapportent

qu'ils avaient vu des vignes bien longtemps auparavant.- Verrazzano remit ensuite à la voile, et longeant les côtes de la Nouvelle-Angleterre, arriva à la Nouvelle-Écosse, où il continua son commerce et ses relations avec les Indiens. Enfin, croyant avoir suffisamment étudié ce nouveau continent, il revint en France, et, après avoir rendu compte de sa mission au gouvernement français, il reçut de François Ier des témoignages de sa satisfaction.

En 1534, un marin, nommé Jacques Cartier, décou⚫ vrit dans la partie nord de l'Amérique un magnifique fleuve auquel, en l'honneur du saint du jour, il donna le nom de Saint-Laurent. Il en remonta le cours dans l'espoir de trouver un chemin au nord-ouest plus court que ceux jusque-là connus pour arriver aux Indes occidentales, mais il ne parvint qu'à l'endroit où depuis a été bâtie la ville de Montréal, endroit qui était alors occupé par un village indien. La sympathique physionomie de Jacques Cartier l'a rendu populaire. C'était un de ces Malouins naturellement intrépides chez lesquels l'habitude de la mer accroissait encore le courage. Il avait déjà fait plusieurs voyages lorsque François Ier lui confia le soin de diriger une expédition. Fidèle à son roi, aimé de ses matelots et des naturels des pays qu'il explorait, c'était le type du parfait marin. Dans une de ses courses, en signe de prise de possession, il planta une croix de bois sur le lieu le plus apparent, et l'orna d'un écusson fleurdelisé avec cette inscription Vive le roi de France. » Plus tard, il s'intitula

« le pilote » du roi dont il avait gagné la confiance. Ses compagnons de route avaient tellement foi en lui que lorsqu'il arma « la Grande Hermine, » plusieurs jeunes gens de distinction briguèrent l'honneur d'être associés à ses aventures. Il se conciliait la faveur même des sauvages, et l'on cite ce fait que, dans la baie de Gaspé, il leur inspira une si grande confiance qu'un de leurs chefs consentit à lui laisser emmener deux de ses fils, à la condition, bien entendu, qu'il les lui ramènerait. Ces deux jeunes naturels apprirent un peu de français et servirent plus tard d'interprètes entre Cartier et Donnacona, chef d'un pays voisin de Québec. Un jour que Cartier et les siens manquaient de vivres, les naturels leur en apportèrent; peu de temps après, quand le scorbut sévit sur la petite troupe française, les naturels vinrent encore à son secours en lui enseignant le remède qu'ils tiraient de l'arbre appelé « Anneda, remède qui les sauva.

La calomnie ne manqua pas à la gloire de Cartier. Roberval l'ayant accusé de malversations, les commisaires du gouvernement examinèrent sa gestion et trouvèrent qu'il avait consacré à l'armement de ses vaisseaux une partie de ses ressources personnelles. Le dénouement de ce procès mit le comble à sa popularité. Il acheva ses jours soit à Saint-Malo, soit au village de Limalon, où l'on montre encore une maison de campagne dite les Portes Cartier.»

Jean de Ribaut, navigateur dieppois et zélé calviniste, organisa en 1562, sur l'ordre de l'amiral Coligny,

une expédition composée de deux vaisseaux appelés roberges, dans le but de fonder au Nouveau Monde une colonie qui fût un refuge pour les protestants. Le 18 février, il appareilla et, après une navigation sans incidents remarquables, débarqua à l'endroit où, quarante ans plus tard, devait s'élever la ville de PortRoyal. Dė Ribaut et ses compagnons furent tellement émerveillés par la richesse de végétation et de climat de ce nouveau pays que, lorsqu'il demanda des volontaires pour garder cette terre au nom de la France, il s'en présenta tant et de si ardents qu'il ne savait comment résister à leurs demandes. De Ribaut fit construire un fort qu'il nomma « Caroline » en l'honneur du roi de France Charles IX. Bientôt après, les deux navires partirent pour retourner en France, laissant quelques établissements disséminés sur les côtes ou dans l'intérieur des terres, et dans le fort une petite troupe de trente volontaires. Mais ceux-ci ne tardèrent pas à être las de leur existence au milieu de contrées solitaires et sauvages, et ils résolurent, la nourriture venant à leur manquer, de retourner en Europe. Ils construisirent une frêle embarcation à laquelle ils se confièrent sans songer aux approvisionnements nécessaires, aussi, après quelques jours de voyage, commencèrent-ils à souffrir de la famine. Ils en arrivèrent à ce point de tuer et de manger un de leurs compagnons que le sort désigna. Enfin, un bâtiment anglais les recueillit, mais pour les emmener captifs en Angleterre. On raconte, à ce propos, que ce fut par

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