CHAPITRE IX Fondation de la colonie du Maine. Charles Ier en donne la propriété à sir Ferdinando Gorges. Elle se fond avec celle de Massachusetts. Fondation de la colonie de New-Hampshire. Elle fait partie trois fois de celle de Massachusetts, puis devient province royale. Fondation de la colonie de Vermont. Elle est considérée comme une dépendance de la colonie de New-Hampshire. Contestations soulevées au sujet du droit à sa possession. Fondation de la colonie de Rhode-Island. Division des terres entre les colons. La colonie devient un refuge pour les persécutés. Jalousie des colonies voisines. Introduction de l'Eglise baptiste en Amérique. Charte de la colonie. Fondation de la colonie de Connecticut. Les Anglais et les Hollandais s'en disputent la possession. Les Anglais l'emportent. Difficultés rencontrées par les colons. Première constitution de la colonie. Hartford, Wethersfield et Windsor sont fondées. Création de la colonie de New-Haven. Abandon de la province aux Anglais. Les deux colonies dont nous venons de retracer l'histoire, ayant été, par l'importance qu'elles acquirent très-rapidement, la source pour ainsi dire des autres colonies, ont dû nous occuper les premières; nous parlerons maintenant des autres établissements fondés dans les différentes parties de ce qui constitue actuellement les Etats-Unis. COLONIE DU MAINE. La colonie du Maine ne fut pas, pendant longtemps, considérée comme une colonie séparée et indépendante, et pourtant cette partie de la contrée avait été l'une des premières visitées et explorées par les Européens. En 1602, le navigateur Gosnold s'y était arrêté, et cinq années après, une colonie anglaise avait essayé de s'y fixer, mais, perdant trop tôt courage, elle était retournée en Angleterre. Le capitaine John Smith, dont nous aurons occasion de parler longuement lorsque nous raconterons la fondation de la Virginie, explora les côtes et en envoya une description au roi d'Angleterre Charles Ier, qui accorda ensuite à l'un de ses favoris, sir Ferdinando Gorges, la propriété d'une partie de cette terre. Celui-ci lui donna le nom de Maine. C'est, à peu près, le seul acte de prise de possession qu'il lui fut permis de faire, car, peu de temps après son arrivée, des contestations s'élevèrent entre sir Gorges et la colonie de Massachusetts qui prétendait à la propriété de toute la côte. Après un long débat et beaucoup de confusion, la colonie du Maine fut regardée comme faisant partie de celle de Massachusetts, et cet état de choses dura jusqu'en 1820. Les premiers établissements étaient composés de nombreuses stations de pêche répandues sur la côte, mais il est difficile de préciser quand les fondements des premières villes furent jetés. La population se livrait exclusivement aux occupations de la pêche et de la chasse, sans se préoccuper de la culture du sol. Les colons eurent beaucoup à souffrir pendant les guerres franco-indiennes, la proximité des territoires occupés par les Indiens dans le Canada les exposant à des attaques fréquentes et subites. C'est là ce qui empêcha le développement de la colonisation, dans cette partie de l'Amérique, d'être aussi rapide qu'ailleurs. COLONIE DE NEW-HAMPSHIRE. L'emplacement de la colonie de New-Hampshire fut visité en 1603, par un explorateur nommé Martin Pring. De même que la colonie du Maine, celle-ci eut pour origine première quelques établissements de pêche, et nous trouvons, dans Barne's Centenary History, l'anecdote suivante qui démontre bien l'esprit et les tendances libérales de ses premiers habitants. Un prédicateur, dans une de ses exhortations, voulut leur rappeler qu'ils avaient émigré de leur patrie en ces nouveaux pays, afin d'avoir le libre exercice de leur culte et que, par conséquent, ils devaient être religieux. « Pardon, Monsieur, interrompit un de ses auditeurs, « vous croyez parler au peuple de la baie de Massa chusetts', vous vous trompez entièrement, car, a quant à nous, nous ne sommes venus ici que pour ( pêcher. » D La colonie de New-Hampshire, sur le désir qu'elle en exprima, et par ordonnance royale, fit partie trois fois de celle de Massachusetts, et en 1741, elle devint 1 Les puritains. province dépendante de l'autorité du roi d'Angleterre. Son gouverneur, nommé par le roi, menait une existence luxueuse et élégante à Portsmouth, ville dont la population s'était accrue lentement, car, trente ans après sa fondation, elle ne renfermait encore que cinquante à soixante familles. Néanmoins à l'époque de la révolution, le NewHampshire était une colonie très-forte et indépendante. COLONIE DE VERMONT. Le Vermont fut visité en 1609 par Samuel de Champlain, qui, ainsi que nous l'avons dit dans un chapitre précédent, a laissé son nom au lac qui le porte encore aujourd'hui. C'est seulement un siècle plus tard que quelques Européens s'y établirent, et jusqu'à la révolution, cette colonie ne fut considérée que comme une dépendance de la colonie de New-Hampshire, à cause de la suprématie que le gouverneur de cette dernière colonie avait conservée sur elle. Pourtant, le gouverneur de la colonie établie à New-York affirmait de son côté qu'il avait des droits sur les établissements créés à Vermont. Quelques habitants contestèrent son autorité et, prenant l'initiative de la résistance à ses décrets, ils cherchèrent même à s'affranchir et à devenir indépendants des autres colonies. COLONIE DE RHODE-ISLAND. La colonie de Rhode-Island fut fondée, ainsi que nous l'avons rapporté plus haut, en 1636, par Roger William, jeune ministre protestant, venu en Amérique pour y propager ses idées sur l'entière liberté religieuse dont chacun, selon lui, devait jouir. Il fut bientôt rejoint par la foule des persécutés, entre autres, par une femme nommée Anne Hutchinson, qui prétendait être inspirée par le Ciel, et favorisée de révélations mystérieuses. Elle avait fait partie aussi de la colonie de la baie de Massachusetts, mais en avait été chassée pour avoir exprimé, devant une grande assemblée de femmes, les idées singulières qui guidaient sa conduite. Roger William divisa entre ses compagnons les terres que lui avait données le sachem Canonicus, et ne garda pour lui qu'un petit jardin planté de ses propres mains. Il voulait, disait-il, que la nouvelle colonie qu'il fondait fût un refuge, un abri pour tous ceux dont les consciences étaient opprimées. Au bout de quelque temps, la colonie de RhodeIsland se trouva très-peuplée, recevant dans son sein des gens de toutes les opinions religieuses. Mais cela ne se fit pas sans exciter la jalousie des colonies voisines; elles défendirent aux marchands de RhodeIsland et de Providence de pénétrer sur leurs territoires, menaçant de les arrêter s'ils s'y aventuraient, et chez elles il était passé en coutume de dire que, si quelqu'un avait perdu sa religion, il était sûr de la retrouver dans quelque village de Rhode-Island. L'une des innovations religieuses les plus impor |