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importants ont été doublés. Les grandes administrations de l'État, qui, en répondant à notre premier appel, s'étaient en quelque sorte engagées envers nous pour l'avenir, ne nous ont point fait défaut. Comptée désormais pour ce qu'elle vaut, la Bibliothèque n'est point oubliée dans la répartition des documents administratifs qui lui sont indispensables, non plus que dans les munificences du Gouvernement en fait d'ouvrages d'art et de littérature.

« Les imprimés périodiques, cette partie si précieuse de la Bibliothèque, où l'on trouve l'histoire de chaque jour, tant dans le passé que dans le présent, et où je ne laisse. rien perdre de l'un ni de l'autre, vont toujours en s'augmentant. L'économie politique, le droit, la théologie, la littérature, suivent la même progression et, pour ses loisirs comme pour ses travaux, je tâche que tout soit digne d'une assemblée telle que le Sénat.

La Chambre des Pairs lui avait laissé une magnifique collection de vues, plans, cartes, gravures, pièces de toutes sortes, mais détachées et demandant depuis longtemps une reliure digne d'un tel ensemble; cette reliure, quoique coûteuse, a été effectuée sans crédit spécial; leur conservation se trouve ainsi assurée et les volumes qu'elles ont servi à former, placés dans des meubles obtenus à cet effet, sont un des principaux ornements, une des principales valeurs de la Bibliothèque. Le nom du généreux donateur1 se lit sur chacun de ces volumes, dont quelques-uns n'ont peut-être d'équivalents nulle part2. Tel est en somme l'état de la Bibliothèque. L'expérience prouve qu'elle répond de plus en plus à sa haute destination et qu'en usant de ses seules ressources ordinaires, elle prend chaque jour son rang parmi les bibliothèques d'élite et spéciales de l'État. »

1. Le vicomte Morel de Vindé. Son éloge a été prononcé à la Chambre des Pairs par M. le marquis d'Audiffret.

2. Trois sont consacrés, l'un à un Monasticon gallicanum et deux autres à une collection de plans de Paris anciens, quelques-uns fort rares, consultés souvent par de savants amateurs des antiquités de Paris; celui de Gomboust a eu l'honneur d'être reproduit par la Société des Bibliophiles et la plupart sont utilement explorés, notamment en dernier lieu pour l'histoire du vieux Paris publiée en ce moment sous les auspices du Sénateur préfet de la Seine.

En écartant, sans les dédaigner, les curiosités bibliographiques et en ne perdant pas de vue le principal objet de son établissement, la Bibliothèque s'est enrichie de plusieurs valeurs, dont se glorifieraient des bibliothèques plus renommées; on peut citer les Registres manuscrits de notre ancien parlement, les procès-verbaux des anciennes assemblées du clergé, le recueil de documents relatifs à la révolution de 89, formé par Guibert de Pixérécourt, qui n'était pas seulement un habile dramaturge, mais un collectionneur distingué, la collection Morel de Vindé et le fonds des documents anglais. Quoique de formation relativement récente, elle est déjà connue et appréciée au dehors; d'autres que MM. les Sénateurs lui font l'honneur de la consulter et l'Empereur lui-même, se rappelant la visite dont l'avait honorée, en 1850, le Président de la République, a daigné la gratifier d'un exemplaire de son Histoire de Jules César1.

En littérature, quelques productions, peu dignes d'un ensemble choisi dans ce qu'il y a de meilleur et de plus élevé, courraient le risque de ne point trouver grâce devant le goût délicat des littérateurs éminents qui siégent au Sénat, si l'on ne savait que les bibliothécaires, eux-mêmes d'ailleurs fort accessibles à l'erreur, n'ont pas toujours leur liberté complète, ensuite que certains ouvrages, offerts par les auteurs, ne peuvent guère être refusés, enfin que quelquesuns sont des primes gratuites accordées par des journaux à leurs abonnés et auxquelles on ne peut opposer une fin de non-recevoir, si l'on veut profiter de tous ses avantages, grands ou petits.

Il existe depuis 1833, entre la Bibliothèque du Luxembourg et celle de la Chambre des Lords, un échange de documents qui a doté la Bibliothèque du Sénat d'un fonds précieux de livres anglais, en rapport avec sa spécialité. Ce sont des documents législatifs, parlementaires et historiques depuis l'époque féodale jusqu'à nos jours. On y remarque, entre autres, la collection des Statutes at large, celle des Handsard's parliamentary debates, les journaux de

1. Avec ces mots de la main de S. M.: A la Bibliothèque du Sénat, la part de l'auteur. Signé : NAPOLÉON.

de

la Chambre des Lords et de la Chambre des Communes, les State trials (procès politiques) depuis plusieurs siècles, une immense quantité de sessional papers. C'est toute une bibliothèque anglaise, somptueusement reliée, digne de la Chambre qui l'a offerte et de notre premier Corps de l'État. Les relations, un moment interrompues en 1848, ont été reprises sous le Sénat; huit envois successifs depuis 1835, dont cinq par le Sénat, le dernier datant seulement de 1864, ont constitué à la Chambre des Lords une bibliothèque française établie dans les mêmes conditions que celle qu'elle tient de la courtoise libéralité de la Chambre-haute d'Angleterre. Les premiers envois avaient été jugés si splendides, que, dans son ancien palais de Westminster, la Chambre leur avait destiné une salle sous le nom de Bibliothèque française. Dans le nouveau palais ils sont suffisamment en relief et témoignent du désir de la Chambre qui les conserve de continuer les anciennes relations'. Pendant les premières années de son existence, la Chambre des Pairs était loin de posséder autant de volumes français que la Chambre des Lords en possède aujourd'hui et l'on peut dire que si, par impossible, le Sénat siégeait au Nouveau Palais du Parlement et la Chambre des Lords au Luxembourg, l'un et l'autre trouveraient, chacun dans sa langue, les principaux ouvrages nécessaires à leurs travaux.

L'Angleterre n'est point le seul État avec lequel le Sénat se préoccupe d'entretenir ou d'établir des échanges. Dans la visite que l'empereur d'Autriche a daigné faire l'année dernière au Luxembourg, un exemplaire des procès-verbaux du Sénat, depuis l'origine jusqu'à la dernière session, a été offert à Sa Majesté et agréé par Elle; il est permis d'espérer également de ce grand État de l'Europe, grâce à votre initiative, monsieur le Grand-Référendaire, de la réciprocité au profit de votre Bibliothèque.

Un crédit annuel de 4000 fr. pour les journaux et revues

1. M. Leary, bibliothécaire de la Chambre des Lords, a utilement concouru à l'établissement de ces relations, c'est un honneur qu'il est juste de rendre à sa mémoire, et M. J. G. Shaw-Lefèvre, & Clerc assistant of the Par liament,» ne concourt pas à leur maintien, depuis le Sénat, avec moins d'empressement et d'utilité.

prouve l'importance attachée par la Chambre des Pairs aux imprimés périodiques, où elle voyait surgir une nouvelle puissance. Malgré la réduction de ce crédit, la Bibliothèque du Sénat est une des plus riches de Paris en revues et journaux judiciaires, administratifs, littéraires et surtout politiques. Elle renferme, depuis leur origine et reliés chaque année, les principaux journaux et revues de notre pays. Quelques-uns des plus considérables de l'étranger y ont aussi leur place, comme la Gazette d'Augsbourg, the Times, the Quarterly Review, the Edinburg review, the North american review. On y remarquera, avec un égal intérêt, les journaux les plus notables nés de la révolution de 89 et l'on ne s'étonnera pas que cette immense réunion de périodiques, accumulée depuis un demisiècle et grossie des commencements, souvent si difficiles à rencontrer, des principaux d'entre eux, du Moniteur, de la Gazette de France, des Débats, du Constitutionnel, du Journal des Savants et d'autres journaux et revues, occupe à elle seule une des quatre annexes de la Bibliothèque et qu'elle soit classée, dans la bibliographie la plus autorisée de la presse', parmi les collections spéciales les plus importantes.

Aux éléments dont se compose la Bibliothèque du Sénat il convient de joindre un ensemble de manuscrits, qui, s'ils n'en forment point la partie la plus précieuse, méritent cependant d'y avoir place, au moins comme copies d'utiles documents intéressant l'histoire de la royauté, de la pairie, de la noblesse, du clergé, des parlements ou comme tables bien faites de pièces de même nature, dont on pourrait trouver encore une partie à la Bibliothèque impériale. Presque tous, c'est pour eux un titre d'honneur et une recommandation suffisante, ont fait partie de la célèbre bibliothèque du chancelier Séguier. Henri de Coislin, petit-neveu du chancelier et évêque de Metz, qui en avait hérité, la légua, par, lui augmentée, à l'abbaye de Saint-Germain des Prés. Les manuscrits, qui en formaient la partie la plus intéressante, ayant échappé à l'incendie de 1793, furent réunis à la Bibliothèque nationale, excepté ceux que possède la Bibliothèque du Sénat, achetés en bloc à la maison de Bure, il y a

1. Hatin, Histoire et Bibliographie de la Presse.

quarante ans environ. Les deux groupes les plus précieux à la fois et les plus volumineux des manuscrits de la Bibliothèque sont les procès-verbaux des assemblées du clergé et les registres du Parlement, avec les tables de Lenain; ce dernier recueil, qui a appartenu à Boissy d'Anglas, le seul avec celui du duc de Penthièvre, aujourd'hui à la bibliothèque de l'Ordre des avocats, qui ait été continué jusqu'en 1790, est considéré comme un des plus complets qui existent, par un archiviste bibliographe qui a consacré plusieurs années à l'étude des registres du Parlement et a classé selon leur importance les principales copies qui en restent aujourd'hui.

La Bibliothèque du Sénat doit à l'agrandissement du palais de se trouver en grande partie logée dans la riche galerie faisant face à l'Observatoire et de plain-pied avec la salle des séances, dont elle n'est séparée que par la largeur d'un couloir circulaire. Ce voisinage et l'attrait de la charmante perspective du jardin à travers de nombreuses croisées y attirent souvent MM. les Sénateurs, qui en usent autant comme d'une salle de Pas-Perdus et de conférences que comme d'une bibliothèque. Le stuc, le marbre, le chêne sculpté, la dorure, la peinture semblent y disputer l'espace aux livres. Eug. Delacroix n'a pas compté en vain sur l'abondante lumière qui y règne pour sa peinture de la coupole du milieu, dont le sujet est l'Élysée des grands hommes, décrit par le Dante au IV livre de l'Enfer. Dans cette œuvre importante, comme dans celle de l'hémicycle voisin, où Alexandre le Grand est peint ordonnant, après la bataille d'Issus, que les poëmes d'Homère soient conservés dans une cassette d'or, on reconnaît les qualités éminentes du célèbre artiste et les défauts que lui reproche l'école classique. MM. Riesener et Camille Roqueplan se sont partagé la décoration des autres. parties du plafond. A l'est et à l'ouest de cette principale galerie de la Bibliothèque sont deux statues assises, représentant Montesquieu et Estienne Pasquier, l'une par Foyatier, l'autre par Nanteuil. Au centre, quatre autres statues, de plus petite proportion: la Poésie, l'Histoire, la Science et la Philosophie, par Desbœufs et Simart.

1. M. Grün, chef de section aux Archives de l'Empire.

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