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Place, Lekain, Rocourt! Place, Mars et Talma!
Et vous dont le talent si long temps nous charma,
Vieux Corneille, Racine, o rois de notre scène,
Place! c'est votre enfant, c'est Esther et Chimène !
Poètes vénérés, acteurs nobles et grands,

A cette jeune gloire ouvrez, ouvrez vos rangs!
Dans ce beau ciel de l'art où vous brillez sans voile,
Accordez une place à la nouvelle étoile,

Afin que dans la nuit où se traînent nos pas,
Nos yeux puissent encor la contempler d'en bas.

Qui sait si par nos fils l'étoile visitée

N'attend pas en secret un jour sa Galathée,
Et si, sous les rayons de cet astre immortel,
Il ne doit pas bientôt naître une autre Rachel?

CONCOURS DE LITTÉRATURE.

M. MONNIER, RAPPORTEUR.

Messieurs,

Cette année, comme par le passé, nous avons à regretter le peu d'empressement qui est mis à étudier les questions que nous mettons au concours. Nous ne pouvons nous empêcher de voir là un signe fâcheux de l'éloignement des travaux sérieux, de l'entraînement vers les intérêts positifs et matériels qui envahit la Société.

Au reste, loin de nous décourager le moins du monde, nous voyons dans ces tendances funestes, un motif de plus pour poursuivre avec persévérance nos modestes travaux, et pour ne rien négliger de ce qui peut contribuer à raviver les intérêts littéraires, et pour tout ce qui est grand et élevé.

Le sujet proposé par la Société académique est

le Réalisme en Littérature. Quoique susceptible d'une grande extension, il est circonscrit d'une manière positive, et de nature à offrir un attrait particulier à tous ceux qui sont au courant de la littérature contemporaine.

Quatre travaux seulement ont été présentés; et nous devons dire, dès l'abord, que parmi plusieurs qualités qui les distinguent tous, le sujet a été traité d'une manière soit trop incomplète, soit trop générale; au fait, la commission n'a cru devoir accorder qu'une seule mention honorable.

Le mémoire n° 2, ayant pour épigraphe: « Hodie mihi cras tibi, » quoique fait avec soin, traite la question d'une manière trop restreinte et trop superficielle. Il se fait remarquer d'ailleurs par une indignation sentie contre les productions réalistes, aussi mauvaises au point de vue littéraire qu'à celui de la morale.

Le mémoire n° 4, ayant pour épigraphe: «< Nec fallere, nec falli, » est le plus étendu et celui qui semble avoir coûté le plus de travail.

Après une introduction dans laquelle l'auteur définit son sujet, il le divise en deux parties, les principes et les conséquences du réalisme. La première, un peu diffuse, est consacrée à établir,

d'une manière abstraite, la fausseté et les dangers de ce système en littérature. Elle peut se résumer par sa conclusion qui mérite d'être citée:

« Enfin, privé du beau et du bien, de l'agréable et de l'utile, le réalisme perd, par là, toute influence moralisante, et l'action que l'art doit exercer sur les intelligences ne lui appartient plus. Il ne lui est plus donné d'améliorer la société ; mais seulement de constater l'état social. Il n'agit plus sur nous: il n'est que le thermomètre de nos idées et le résultat de tous les paradoxes, de toutes les erreurs de la société. Ce n'est plus de l'art, c'est du calcul. Et, en effet, si l'on y songe, c'est bien le calcul qui est l'expression la plus sensible de ce qu'on nomme de nos jours la réalité. »

Dans la seconde partie l'auteur semble confondre les réalistes avec les romantiques, et les oppose aux classiques, il examine successivement les effets du réalisme dans les différents genres de poésie, en éloquence et en histoire : Il s'expose ainsi à des erreurs et à des confusions et oublie de parler du roman, qui est le genre par excellence des écri– vains réalistes. C'est ainsi que, malgré son étendue, ce travail est bien loin d'être complet.

Le mémoire n° 1, qui a pour épigraphe : « Desinit

in piscem,» fait mieux connaître le réalisme : Il étudie et réfute successivement ses principes littéraires et ses attaques contre ses adversaires. Quoique fort étendu, il est d'une lecture facile et agréable. C'est une polémique violente et caustique, quelquefois même grotesque. Mais l'auteur se perd plus d'une fois dans des digressions inutiles; son style est souvent recherché et trop chargé de figures. Le passage suivant peut donner une idée des qualités et des défauts de cette manière d'écrire.

<< Le but de tous les arts est l'imitation de la nature, depuis l'ustensile le plus commun du pauvre jusqu'à la coupe d'or des satrapes babyloniens, depuis la cabane du sauvage jusqu'au palais du souverain et au temple des dieux. L'eau qui coule sur le rocher en y creusant un réservoir où l'eau séjourne, a inspiré les premiers, comme les arbres des forêts ont donné l'idée des dômes et des colonnades. L'oiseau chante, le ruisseau murmure, le vent gémit dans les ruines; la musique recueille les sons et les reproduit. L'homme vulgaire même, l'enfant simule les cris qu'il entend, et charme ou épouvante ceux qui l'écoutent par l'apparente réalité des bruits qu'il imite. Le visage a charmé le cœur d'un amant : la tendresse

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