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Elle a empêché plusieurs jardiniers de prendre

part au concours.

Elle a éloigné les curieux, qui sont d'autant plus rares cette année, que, par une fâcheuse coïnci-. dence, notre exposition s'est rencontrée avec le Concours régional d'Amiens. Nous ne pouvions promettre aux visiteurs ni la cérémonie austère et imposante de l'inauguration d'une statue, ni les fêtes splendides, ni les cavalcades brillantes.

Des fleurs, rien que des fleurs, et un magnifique lot de fruits et de légumes de primeur, envoyés de loin au concours par un amateur qui fait un noble usage de son immense fortune; voilà tout ce que nous pouvions offrir comme appât à la curiosité publique.

Aussi, bon nombre des clients habituels de nos jardiniers sont-ils allés chercher, au chef-lieu du département de la Somme, des plaisirs plus variés et des fêtes plus attrayantes.

Il n'est donc pas étonnant que nous ayons placé moins de billets, cette année, que dans les années précédentes.

Il ne faudrait cependant pas en conclure que le goût du jardinage se perd et que c'en est fait de nos expositions pour l'avenir. C'est au contraire

le cas ou jamais de nous adonner à l'horticulture, qui vient d'entrer dans une phase nouvelle, et qui n'aura plus désormais à nourrir la France seule, mais qui contribuera pour une large part à l'alimentation d'un pays voisin.

Faisons du jardinage sur une grande échelle. Plantons beaucoup, plantons toujours. Nous ne planterons jamais trop d'arbres fruitiers, nous ne sèmerons jamais trop de plantes d'agrément, car la France n'en produit pas assez pour ses besoins. La preuve en est que la Ville de Paris a été obligée de faire venir de Hollande dix bateaux d'arbres et d'arbustes pour la décoration des ChampsElysées.

Certes, si elle eût pu les trouver à Paris ou aux environs, elle ne serait pas allée les chercher si loin.

Une ère nouvelle s'ouvre donc pour l'horticulture; qu'elle sache tirer parti des circonstances, que, loin de s'abandonner au découragement, elle double ses moyens de production, et elle deviendra, dans un avenir prochain, une profession très-lucrative.

Mais ce n'est pas seulement au point de vue de la spéculation qu'il faut envisager le jardinage.

Il est avant tout un art d'agrément, et la culture des fleurs a toujours été et sera toujours une source de pures jouissances.

Quoi de plus beau, en effet, que ces aimables filles du soleil et du printemps?

Quoi de plus frais et de plus brillants que ces joyaux multicolores qui embellissent nos champs, nos bois et nos prairies, et qui font la joie de nos yeux, le charme de notre odorat et le déses

poir des peintres ?

Avec quel amour et quelle délicatesse de touche et de pinceau la nature ne les a-t-elle pas brodées et saupoudrées de lumière ?

Avec quel art et quelle entente du dessin et du coloris les teintes n'en sont-elles pas nuancées ?

Quelle étonnante variété dans leur forme, leur couleur, leur port et leur attitude!

Elles ne sont pas seulement belles, elles sont utiles.

La connaissance des simples formait la majeure partie de la science des anciens médecins.

<«<La nature, dit Pline, s'est plu à ne créer » que des remèdes vulgaires, faciles à trouver, » que l'on se procure sans frais, et qui, au be

» soin, servent de nourriture. Ensuite les fraudes » des hommes et leurs inventions rapaces ima

D

ginèrent ces officines dans lesquelles on pro> met à chacun la santé pour de l'argent. »

<< Mais la médecine ne deviendrait-elle pas le » plus vil des arts, si chacun cueillait dans son » jardin l'herbe ou la branche d'arbre qui doit >> le guérir? »>

Nos docteurs actuels usent beaucoup moins de ces ressources végétales; ils s'inspirent plus volontiers de la doctrine de Broussais, qui n'est qu'une variante de celle de Sangrado; en guérissent-ils mieux leurs malades?

Je laisse à ceux qui s'en servent le soin de répondre à cette question.

Ce n'est pas dans l'étroite enceinte d'un jardin qu'est concentré le cercle des jouissances du botaniste.

L'univers entier est son domaine.

Salomon, le plus ancien des botanistes, se vantait de connaître les caractères et les vertus de toutes les plantes, depuis l'hysope jusqu'au cèdre du Liban.

Sans doute, ce patronage antique n'est point à dédaigner pour les botanistes; mais la science

du moindre d'entre eux laisse bien loin derrière elle le savoir du grand roi.

Salomon ne connaissait qu'en partie la flore de l'Orient.

Le botaniste moderne a exploré les cimes neigeuses des Cordilières, des Alpes et de l'Hymalaya, les gorges profondes des Pyrénées, les forêts vierges du Brésil, les pampas immenses de Buenos-Ayres et les savanes de l'Amérique du Nord; il a parcouru les régions glacées du Groënland, de la Sibérie et du Kamschatka; il est descendu dans les cratères des volcans; il a fouillé les mers profondes pour y récolter quelques plantes nouvelles; dangers, frimats, soleil torride, il affronte tout pour agrandir le domaine de la science. Mais il ne se borne pas à récolter, il sème chemin faisant. Il fait du libreéchange à sa manière; échange de végétaux utiles entre toutes les parties du monde. Celui-là du moins n'aura pas de résultats désastreux pour notre industrie, bien au contraire.

C'est en effet aux botanistes que l'on doit la découverte d'une foule de plantes tinctoriales du Nouveau-Monde, qui fournissent à nos fabriques

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