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» vous serez propriétaires. Non-seulement vous y >> demeurerez pour rien, mais vous pourrez la » laisser à vos enfants, la donner ou la vendre. » Vos 5 francs d'économie par mois, qui vous >> auraient rapporté à la Caisse d'épargne moins » de 1,500 fr. en quatorze ans, vous auront rap>> porté une maison qui vaut aujourd'hui 3,000 fr., >> mais qui alors en vaudra très-probablement le » double. Et pendant ce temps-là, vous aurez été >> parfaitement logés, à l'abri des caprices d'un >> propriétaire; vous aurez joui d'un jardin qui » vous aura produit de 30 à 40 fr. par an, sans » compter les vastes rues les places plantées » d'arbres, la salle d'asile, enfin tous ces établis>> sements d'utilité publique que vous n'eussiez >> pas rencontrés dans l'ancienne ville, et qu'on »> ne fait pas entrer en ligne de compte dans le >> prix de revient de votre maison (1). »

Les stipulations des contrats de vente, mentionnées par M. Simon, sont les suivantes: 1° l'immeuble sera laissé dans son état extérieur actuel; 2o le jardin sera cultivé et conservé en sa nature;

(*) Une maison achetée 2,900 fr. par un ouvrier, a été revendue par lui 4,000 fr. peu d'années après.

3o les clôtures seront entretenues, et les tilleuls qui bordent les rues, quoique plantés en-dedans des palissades, seront conservés; 4° l'acquéreur ne pourra, sans l'autorisation de la Société, ni revendre l'immeuble avant dix ans révolus, ni le sous-louer à une seconde famille.

Voyons sur quelles bases financières repose la Société de Mulhouse: je cite encore M. Simon.

« On a commencé avec soixante actions de » 5,000 fr., souscrites par douze personnes qui » s'imposèrent l'obligation, acceptée depuis par » les nouveaux actionnaires, de ne prélever que » 4 pour cent d'intérêt, et de renoncer à tout >> autre bénéfice. Le gouvernement donna 300,000 » fr. à la condition que la compagnie en dépen» serait 900,000, qu'elle vendrait ses maisons à prix » de revient, et ne les louerait pas au-dessus de » 8 pour cent. On a créé depuis onze autres >> actions qui ont été souscrites par sept personnes, » ce qui porte le nombre des actions à 71, le >> nombre des actionnaires à 19, le capital sous>> crit à 355,000 fr. auxquels il faut ajouter les » 300,000 fr. du Gouvernement. Tout a été fait, » et largement fait, avec des ressources si res>> treintes, et cependant il n'y a eu aucune perte

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» pour les actionnaires. Ainsi voilà une grande >> chose faite à bon marché. L'habileté de la Société » a consisté à emprunter sur les maisons bâties » pour en bâtir de nouvelles ; elle a trouvé à Bâle >> des capitalistes qui lui ont avancé les trois» quarts de la valeur vénale de ses maisons à » 5 pour cent d'intérêt d'abord, et qui les lui >> avancent aujourd'hui à 4 1/2 pour cent, moyen»> nant la garantie de M. Jean Dolfus. Pendant les » cinq premières années elle paie seulement >> l'intérêt des sommes prêtées, et pendant les » quinze années suivantes elle en fait le rem>> boursement par quinzièmes, de telle sorte que >> l'amortissement de sa dette marche parallèle»ment avec l'amortissement de la dette que les » ouvriers acquéreurs contractent envers elle. Le » Crédit Foncier a fait aussi une avance rem>> boursable en trente années, aujourd'hui réduites » à vingt-quatre par les paiements déjà opérés. » C'est ainsi que la Société a trouvé moyen d'éten» dre ses opérations jusqu'à 1,600,000 fr., non >> compris les 300,000 fr. alloués par l'Etat, qui ont été employés pour des ouvrages d'utilité générale, tels que la création de bains et la» voirs, l'éclairage au gaz, l'établissement de la

» place Napoléon et de vastes rues plantées d'ar» bres, les trottoirs, les égoûts, etc. L'Etat s'est » tenu à cette subvention; les maisons nouvelle»ment bâties sont affranchies de l'impôt foncier >> pendant trois ans, mais ce dégrèvement est >> réglementaire; on n'a pas songé à l'étendre à >> l'impôt des portes et fenêtres, ce qui semblerait >> assez juste et aurait été facile, puisque l'Etat » en réalité ne perd rien les trois premières an» nées, et bénéficie la quatrième.

>> Une amélioration bien plus importante con>>sisterait à affranchir de tout droit de mutation » les ouvriers qui se rendent acquéreurs d'une » maison. La perte serait absolument insignifiante » pour le Trésor, qui ne fera jamais un sacrifice >> plus opportun ni mieux justifié. Il n'y aurait » pas grand mal, assurément, quand il donnerait une petite prime aux ouvriers rangés et labo> rieux; mais il s'agit ici d'un intérêt très-général, » car en améliorant le sort des ouvriers, on rend » service à l'industrie et à la société tout entière. >> Cette mesure rendrait inutile le premier verse>> ment exigé des acquéreurs par la Compagnie, et qui sert précisément à couvrir ces droits. » De l'exposé des faits qui précèdent, il y a une

conclusion à tirer, en ce qui concerne notre ville: Pour qu'une Cité ouvrière se fonde à Saint-Quentin, la première condition à remplir serait qu'un certain nombre de personnes, pénétrées de la grandeur des services qu'une telle œuvre rendrait infailliblement à notre population laborieuse et à notre industrie, souscrivissent des actions en nombre suffisant pour former un premier capital; ce capital une fois assuré, il faudrait demander à l'Etat une subvention assez large pour faire face aux travaux d'intérêt commun, tels que l'établissement des rues, la construction des trottoirs, égoûts, lavoirs et bains, l'installation de l'éclairage au gaz, la plantation des arbres, etc.

La Cité de Mulhouse est établie, comme on l'a vu, sur une vaste échelle: on peut se demander s'il y aurait inconvénient à substituer plusieurs Cités de moindre importance à une seule; elles seraient distribuées dans divers quartiers; de grands terrains d'un seul tenant sont plus difficiles à trouver que des terrains moins étendus. D'un autre côté, il n'est pas mal que les ouvriers soient, autant que possible, mêlés aux autres habitants, et que les bienfaits de cette œuvre soient partagés entre les principaux quartiers du

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