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III.

Au pied du rosier fantastique
Tu rêvais l'amour idéal ;
Viens-tu d'un château féodal
Pour raconter l'âge héroïque
Sous un rayon du ciel natal?
Ménestrel aux jours romanesques,
Ami des exploits gigantesques,
L'Europe ne t'a point lassé;
Tes annales chevaleresques
Font revivre un siècle passé.

IV.

Tu suis les terribles mêlées,
L'ordre pompeux des palefrois,

Les sons des luths ou des beffrois,

Les solennelles assemblées,

Les bals, les fêtes, les tournois.

Tu vois les phases des grands drames, Et les doux pleurs des nobles dames, Et le regard des noirs tyrans,

Et les éclairs des franches lames,

Et les secrets des rois mourants!..

V.

En tenant la plume légère
Qui seule t'a fait suzerain,
Tu songeais, naïf écrivain,
A la beauté, fleur passagère,

A la grandeur, fantôme vain.
Tes feuillets seront des modèles ;
Dis les victoires immortelles,
Peins les désastres éclatants :
La candeur des récits fidèles
S'embellit encore par le temps.

VI.

Devise d'amour et de gloire,
D'anciens preux, errant chevalier!
Jadis, sur les pas du guerrier,
Jusqu'à l'aurore de l'histoire
S'est avancé ton destrier.
Charmant conteur, léger poète,
Que la postérité, discrète,
T'épargne des traits rigoureux,
Si, trop souvent, mol interprète,
Tu n'as flatté que les heureux !

LE BOIS DES ROSES O

PAR M. C. DAUDVILLE, MEMBRE TITULAIRE.

Quand sans pitié la cupide Cérès

Sur tous nos bois a fait tomber la hache,
Et qu'à leur place, arbre nain des guérêts,
La betterave étale son panache,

Quand les doux nids sont en fuite, aux abois,
Répondez-nous, ô niveleurs moroses!
Qu'avez-vous fait de cet aimable bois,
Du bois charmant, du joli bois des roses ?

Naguère, avant qu'à nos regards charmés
Eussent souri ses buissons d'églantines,
L'air imprégné d'effluves embaumés
Réjouissait nos cœurs et nos narines:
Il escortait au loin le voyageur
Qu'avaient ravi ses ailés virtuoses.
Ah! maudit soit le démon saccageur
Qui t'a détruit, ô joli bois des roses !...

Ce n'était point le grand bois de Fayet,
Au long circuit, aux larges avenues,
Où Saint-Quentin tous les ans festoyait,

Sous des couverts aussi hauts que les nues;

(Ce bois aujourd'hui défriché, était planté à une lieue de la ville, sur la route de Saint-Quentin à Vermand; on en voit encore quelques vestiges.

Son cirque vert au-devant du château,
Ceint de sa nef de tilleuls grandioses;
Ce n'était pas ce splendide tableau:
Non, mais c'était le joli bois des roses...

Si des amants il était fréquenté,

On n'en contait nulle tragique histoire; (')
Des loups-garous il n'était point hanté,
Les plaisirs seuls cherchaient son promontoire.
Par ses détours, jeunes filles, garçons
Se poursuivaient, butinaient fleurs écloses,
Merles, bouvreuils répétaient leurs chansons...
Qu'il était gai le joli bois des roses!...

Du Temps, hélas! insensible à nos pleurs,
Les vilains doigts ont cueilli les Lisettes,
Qui du bocage avaient cueilli les fleurs
Pour leur corset et croqué ses noisettes !...
Puisqu'il faut voir ici-bas tout finir,
Qu'un même abîme engloutit toutes choses,
Reçois l'aumône au moins d'un souvenir,
O joli bois, qui fus le bois des roses!...

(') Gabrielle de Vergies.

PAR M. C. DAUDVILLE, MEMBRE TITULAIRE.

Enfants, lorsque poires et pêches

Sursum corda.

Que vous dévorez sans choisir,
S'entr'ouvrent sous vos dents si fraiches,
Votre ceil s'agrandit de plaisir.

Ces dons du soleil à la terre

Étaient bien plus beaux de mon temps;
Ils sont sans saveur... Bon père !
C'est que vous avez soixante ans.

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