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telle sorte que les trouppes Espagnolles qui sont dans icelle, peuvent bien se résoudre à ménager le peu qu'ils ont de provisions, car ils sont du tout hors d'espérance d'en pouvoir recevoir d'aucuns lieux que ce puisse être, ce qui nous doit faire espérer, que dans peu de temps, que les trouppes qui sont en ces deux places de La Capelle et d'Avène, ne pouvant souffrir les grandes nécessitez qui les tallonnent, se trouveront bien heureux de trouver la liberté dans la clémence et miséricorde du Roy.

Outre plus les ennemis sont encore frustez de toutes les commoditez qu'ils tiroient par le moyen de la prise de cette place d'Hirson, d'autant que c'est un quartier grandement fertille en ble ls, foins, pasturages, où l'on nourrit grande quantité de bestials, et de toutes autres choses nécessaires.

Pendant cette généreuse action, M. de Rambures, s'est rendu maistre de plusieurs lieux que tenoient les trouppes Espagnolles, lesquels ils ont été contrainct d'abandonner de crainte qu'ils ont eu de continuer à resentir quels sont les effects de sa valeur.

Dans le même temps de ses heureux succez, les Tirachois, qui sont au nombre de trois mil, encore de présent plus animez que jamais, allèrent six cents d'une furie extraordinaire assiéger le Chasteau du Buf qui est une place très importante, dedans laquelle il y avoit quatre cents Espagnolles en garnison pour la conservation d'icelle place. Néantmoins toutes les résistances qu'ils peurent faire par les gresles de leurs mousquetades et vollée de canon, dont ils en tuèrent seize, ne peuvent se garantir d'estre pris et chastiez par cette rumeur paysanesque, qu'il en est demouré plus de trois cents sur la place, et toutes les armes et munitions qui ont esté trouvées dans ceste ditte place ont été apportés dans le corps de l'armée du Roy.

La passion de ses Tirachois est si véhémente, qu'ils ne demandent qu'avec impatience l'honneur d'exécuter les commandements de Monseigneur le Cardinal de la Vallette pour le service de Sa Majesté, contre les ennemis de son Estat, que l'on a bien de la peine à les faire retenir dans une ferme continence, en attendant que les occasions se présentent pour effectuer leur résolution. Ce qui ne se peut si bien faire qu'ils ne facent de fois à autre des escapades sur les trouppes ennemies, sur lesquelles ils ont toujours eu l'advantage; et c'est ce qui les fait continuer de plus en plus les effects de leur courage.

Voylȧ grâce à Dieu un heureux commencement de la justice des armes de nostre Roy, lesquelles estant conduites par le Dieu des batailles, qui

prend toujours la protection de la justice et de l'équité, fera que nous n'en pouvons espérer toutes sortes de bons succez.

Ce sont des actions héroïques d'un généreux Cardinal, qui donnent de l'admiration aux plus braves, qui confessent ne pouvoir rien entreprendre sur ce qu'il a résolu.

Si sa valeur n'eust été cogneuë à l'adventure l'eust-il peu cacher, mais après tant de preuves de son courage, son repos serait hors de saison, et que s'il n'eust faict la guerre contre les ennemis de ceste Monarchie Françoise, ce courage se fust eslevé contre luy mesme.

Les grandes choses qu'il a exécutées en faveur de ce royaume, nous obligent tous à tourner les yeux vers Son Eminence, et sa vie tant de fois hasardée en ces présents mouvements pour le bien de l'Estat, doivent être mis sur l'Autel de la vaillance pour être vénérée par ceux qui voudront acquérir des victoires en combattant.

NOTA. Le Buffle est un hameau d'Etroeungt sur l'Helpe-Mineure et l'ancien chemin d'Hirson à Avesnes, par Montreuil-les-Dames et Clairfontaine. Il s'y trouvait un vaste étang, occupant toutes les prairies du confluent de l'Helpe et de la Riviérette de l'Ecluse ou du Pont-de-Sains; au débouché de l'étang, un moulin. Le chateau dont il est question ci-dessus était l'ancienne demeure seigneuriale où Bouchard d'Avesnes et Marguerite de Flandre passèrent les premières et meilleures années de leur mariage, de 4213 à 1216, et où naquirent Jean et Bauduin d'Avesnes; il n'en reste aucun vestige; à peine reconnaîtrait-on, dans la prairie, les traces des fondations et des fossés les paysans Thiérachois ont, certes, accompli leur œuvre de destruction en conscience, et nul aujourd'hui ne se doute dans le pays que là fut le berceau de la puissante et illustre maison d'Avesnes. C. P.

Au nom du même correspondant, M. Mennesson donne lecture d'un autre travail sur les limites de la Thiérache. Ce travail offre ceci d'intéressant qu'il ne laisse rien à l'imagination et que les limites présumées indiquées par M. Pierret s'appuyent sur des textes. C'est notamment au moyen de minutes notariales que l'auteur fait ressortir cette particularité, que plusieurs communes, telles que Barzy, Lalouzy, se trouvaient partie en Hainaut, partie en France.

Il serait à désirer qu'un travail analogue (celui-ci ne s'étendant que des sources de l'Oise à celles de la Sambre) fût tenté sur toute l'étendue des limites présumées de la vieille Thiérache et on aurait enfin peut-être une carte

ne varietur de l'antique subdivision de la Picardie qui est le champ plus spécial de nos travaux.

APERÇU

SUR LES LIMITES DU HAYNAUT ET DE LA THIÊRACHE

DANS LES TEMPS ANCIENS ET MODERNES

Nos recherches doivent se concentrer aux abords immédiats d'une ligne d'une quarantaine de kilomètres de développement direct, des sources de l'Oise à celles de la Sambre.

Sur ce parcours, de peu d'étendue cependant, nous rencontrons nombre de difficultés pour établir une limite précise et indiscutable (1) entre les deux pays de Haynaut et de Thiérache (2). Les textes (3), excessivement rares jusqu'au xr° siècle, souvent contestés, ne contribuent même guère à éclairer les points obscurs.

Pourtant, une opinion aujourd'hui généralement admise, que beaucoup d'écrivains et des plus judicieux considèrent comme un fait historique avéré et indiscutable, nous permettrait, sinon de poser les bornes précises des deux pays aux différentes époques de leur histoire, au moins d'établir sur des données sérieuses et bien authentiques leur délimitation probable.

:

Ce fait, le voici - Les Romains, quelles qu'aient été d'ailleurs les divisions administratives qu'ils imposèrent à notre pays dans les siècles qui suivirent la conquête, conservèrent scrupuleusement, sans jamais en modifier ou altérer les anciennes limites, les pagi gaulois (4).

Ces pagi, le fait est démontré, servirent de base aux circonscriptions diocésaines ou ecclésiastiques lorsque, d'année en année, la primitive église élargit, par les efforts de ses missionnaires, le cercle de ses conversions et de son ressort dans les Gaules et la Belgique (5).

Après comme avant la conquête romaine, la ligne sur laquelle portent nos recherches servit de marche entre trois peuplades du Belgium : les Remi et les Viromandui au sud (Thiérache actuelle), les Nervii au nord (Haynaut

actuel) (6).

Il faut remarquer que cette marche correspond assez exactement au faîte ou point de partage des deux bassins d'Oise et de Sambre.

Ann. 80

6

L'attribution actuelle des communes de Rocquignies, La Flamengrie, Roubaix à l'archidiaconé de Thiérache n'infirme pas essentiellement notre observation; il en est surtout de même pour Papeleux et Fontenelle.

La marche était, au surplus, originairement un espace de terrain désert, souvent assez étendu en largeur, que les deux tribus ou peuplades limitrophes maintenaient jalousement libre, indivis, inhabité, et ceci explique suffisamment les variations ou les inflexions de la limite en-deçà ou au-delà du faite séparatif des bassins, depuis Forges jusqu'à la source de l'ancienne Sambre ou Ruisseau-de-France dans la Haie-Catelaine, entre Fontenelle et Le Reteau.

Quand vers le IX° siècle, les évêchés, renfermés par l'usage originel, les décisions ultérieures des papes et des conciles, dans les limites et circonscriptions des anciennes civitas, furent, pour les nécessités d'administration spirituelle, partagés en archidiaconés (7), ceux-ci s'étendirent sur des parties du territoire diocésain correspondant aux anciens pagi ou subdivisions de la civitas et dont le contour et les anciennes limites étaient encore nettement tracés dans les traditions, les souvenirs, peut-être même dans des documents aujourd'hui perdus, ou par des signes extérieurs aujourd'hui disparus.

L'Eglise, essentiellement immuable, conservait seule les traces du passé, et de façon presque absolue, en adoptant les anciennes divisions et les appliquant exactement à ses divisions ecclésiastiques.

Si donc la limite actuelle des diocèses de Cambrai et de Laon-Soissons, et des archidiaconés de Haynaut et de Thiérache n'a subi dans le cours des siècles aucune modification, il faut la considérer comme étant la démarcation exactement conservée des Nervii, des Remi et des Viromandui transmise, jusqu'à nos jours, par les divisions ecclésiastiques en dépit des transformations territoriales opérées par les invasions, la féodalité, les guerres de peuples à peuples (8).

Mais cette démarcation a varié ; à l'ouest, Fesmy et le Sart, qui faisaient partie du diocèse et de l'archidiaconé de Cambrai, en ont été détachés pour être unis au diocèse de Laon et à l'archidiaconé de Thiérache (9); Fontenelle et Papeleux ont certainement appartenu jusques dans le XIVe siècle à l'archidiaconé de Haynaut, diocèse de Cambrai (10); La Flamengrie, Roubais, Rocquigny paraissent aussi avoir appartenu au Haynaut, mais cette conjecture se rapporte à un ordre de choses antérieur au XIIe siècle (11).

Vers Wignehies, Fourmies, Anor, rien n'indique que des modifications aient eu lieu, à aucune époque, dans les limites (12).

Nous conclurons donc en établissant les limites du Haynaut et de la Thiérache au XIIe siècle de la façon suivante :

L'Oise, de sa source à l'embouchure du ruisseau des Anorelles à Milourd; La limite actuelle, ou très-peu variable, de Milourd à Monplaisir, les Houïs, le Renguillies, le Grand-Bois-Saint-Denis (Wignehies);

De ce dernier point, une ligne laissant au Haynaut le Petit-Bois-SaintDenis, Haudroy (anciennement paroisse de Robais), se dirigeant en ligne droite jusqu'au hameau du Routier (La Flamengrie);

Du Routier, la limite serait à peu près le chemin vicinal actuel qui, par le Chevalet et le Bois-la-Haut (Fontenelle), rejoint, à quelques pas de la Ferme de Fontenelle, la route du Nouvion à Etrœungt.

De ce dernier point, la limite, laissant le Garmouzet sur Thiérache, joint dans la Haie-Catelaine la source de l'ancienne Sambre ou Ruisseau-deFrance, suit ce cours d'eau, laissant Beaucamp sur Thiérache, coupant La Louzy en La Louzy-France et La Louzy-Haynaut, divisant Barzy en Barzysur-France et Barzy-sur-Haynaut (13), et allant par Bergues, en séparant la Thiérache du Cambrésis, rejoindre la vraie Sambre qui vient du Chevalet, par le Garmouzel, Marlemperche, le Nouvion, le Moulin-Lointain, Boué. C'est, comme nous le disions plus haut, la ligne de faîte d'où les eaux s'écoulent vers le bassin de l'Oise au sud et le bassin de la Sambre au nord; c'est la seule frontière rationnelle, la seule qui ait pu constituer entre les deux peuplades la marca ou l'arcis indispensable.

Dans les siècles suivants, les limites varièrent; ce fut plutôt le fait des fondations ecclésiastiques ou des arrangements entre abbayes que le résultat des querelles féodales ou des guerres nationales (14).

L'abbaye de Montreuil, fondée en 1136, et, semble-t-il, fondée sur des biens possédés en Haynaut par l'abbaye Saint-Jean de Laon, fut un puissant mobile, pour les évêques de Laon, de revendiquer cette terre et de l'adjoindre à leur diocèse (15).

La noble et puissante abbaye de Saint-Denis, ayant de vastes possessions sur Robais et La Flamengrie, dut favoriser ou entreprendre tous actes et revendications ayant pour objet de rattacher à l'Ile-de-France et de mettre sous la protection des monarques de France ces portions éloignées de son riche patrimoine (16).

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