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Nous n'avons voulu dans les lignes ci-dessus que rappeler un travail déjà fait, car notre promenade aux carrières de Macquenoise exigeait une description plus détaillée. M. Mennesson, dont la plume est si facile, a bien voulu s'en charger; on trouvera les détails et les conclusions de notre excursion à la page 124 du bulletin de la Société, année 1880.

Mais à Macquenoise, il existe autre chose que les carrières que nous venons de mentionner; nous voulons parler des restes du château-fort construit à peu près au centre de leur emplacement, comme s'il devait avoir eu pour objet de les protéger. Ces ruines mystérieuses, cachées dans la forêt et au milieu d'un sol bouleversé par une suite de profondes excavations et de monticules élevés, ont déjà bien des fois exercé l'imagination des touristes et la sagacité des savants.

A quelle époque remontent ces constructions? Qui les a édifiées, et dans quel but?

Nous ne prétendons pas plus que les autres répondre à ces questions d'une manière catégorique; nous pensons au contraire qu'elles sont destinées à n'avoir jamais que des solutions hypothétiques. Notre intention est seulement de consigner ici le résultat de nos impressions personnelles lors des visites que nous avons faites aux ruines de Macquenoise.

Le plan de ce qui a subsisté de ce monument antique, aujourd'hui dans un état de ruines à peu près complètes, présente un quadrilatère irrégulier dont les côtés mesurent en moyenne de trente à quarante mètres ; quatre tours, aussi délabrées que possible, sont en saillie sur les angles. L'édifice est situé à mi-côte, au sud du village, et juste en face du point. où se trouvait jadis la tête de l'étang, actuellement à sec, de la forge de Macquenoise.

La construction est tout entière en arkose, ou, comme on dit encore dans le pays, en pierre sarrazine; les dimensions des pierres sont assez variables surtout dans leur épaisseur; la moyenne de leur longueur est de quarante centimètres. Le mortier qui les relie paraît assez dur, cependant il est facilement attaquable au coûteau; les parements qui ont résisté ne portent aucune strie caractéristique, et nous n'avons pas rencontré de pierres taillées en queue comme le sont souvent celles des constructions romaines. Il est vrai de dire que la sarrazine, par sa dureté, ne se serait pas prêtée facilement à toutes sortes de façons.

La tour S.-E., appelée communément la prison est une chambre circulaire de 3m 15 de rayon intérieur, qui a dû être couverte par une voussure sphérique, car, à 1m 40 du fond actuel, la paroi se courbe en produisant tout autour un surplomb qui est encore de Om 40. D'ailleurs les murs inférieurs, au lieu de former pied-droit, s'inclinent aussi, mais en sens inverse, de manière à présenter l'apparence d'un tronc de cône ou d'une cuvette. Il paraît évident que la profondeur primitive a dû être plus grande et que les éboulements provenant de la voùte et des parois latérales la comblent en partie.

Que pouvait être cette chambre arrondie dans tous les sens ? Une basse-fosse ou prison, comme on la nomine? Une cave, ou peut-être un cloaque?

Ce que nous pouvons constater avec regret, c'est que cette tour, abîmée par le temps, peut-être plus encore par la main dévastatrice des hommes, livrée aujourd'hui à l'abandon le plus complet, ne tardera pas à disparaitre sous ses propres matériaux.

La tour de l'angle S-O. est relativement en meilleur état; ses dimensions dépassent quelque peu celles de la précédente. Mais rien n'indique plus ici que sa voûte fût sphérique; au contraire, au niveau du sol extérieur il existe en dedans un retrait de 25 à 30 centimètres qui a dû recevoir un plancher, formant ainsi un caveau ou une chambre inférieure, dont l'accès était probablement une ouverture pratiquée dans ledit plancher; puisqu'il n'existe nulle trace de porte dans les parois encore debout.

Vers la partie N.-E. de cette tour, à la hauteur de ce qu'on pourrait appeler le premier étage, on voit une surface rectangulaire de six à huit mètres carrés environ, prise en partie dans l'épaisseur du mur, et dans laquelle débouchait un escalier donnant accès de l'intérieur du château dans la tour; quelques marches de cet escalier subsistent encore.

Le revêtement intérieur de ces deux tours est assez bien conservé pour donner une idée précise de l'appareil des constructions, qui paraît être l'appareil moyen des Romains.

La tour de l'angle N.-O., en moins bon état, offre cependant encore assez de vestiges pour en constater l'existence et en fixer la position; mais la quatrième, située au dernier angle du quadrilatère, n'est plus indiquée que par une cavité circulaire remplie de matériaux informes.

Les murs ou courtines, qui relient la première tour (prison) à la seconde et celle-ci à la troisième, laissent apercevoir des surfaces d'assez belle étendue; contrairement à ceux des tours, les revêtements sont partout dégradés, de sorte qu'on ne peut plus guère apprécier que la construc. tion intérieure des murailles. Malgré cette dégradation l'épaisseur des murs porte encore plus de 2 mètres, souvent 2m 50.

Au contraire les côtés N. du fort sont à peu près complètement effondrés, ou bien, ce qui reste des murs se trouve couvert par les éboulements des assises supérieures, qui forment d'ailleurs, tout autour du château, un talus de plusieurs mètres d'élévation; sur la face N.-E. surtout, ces talus s'élèvent à plus de 10 ou 12 mètres au-dessus du fond du fossé. Ajoutons que les ronces, les végétations herbacées, les arbrisseaux cachent aux yeux de l'observateur ce qu'il pourrait encore y avoir d'intéressant.

Au pied de la courtine S.-O. et vers le milieu, les décombres se trouvent accumulés suivant une cavité circulaire, semblant indiquer la position d'une tourelie sans nulle apparence de maçonnerie. Nous croyons qu'il n'en est rien, et qu'il faut plutôt voir là les traces de fouilles exécutées en 1863 par le prince de Chimay, car c'est précisément en ce point que nous crûmes reconnaître il y a une vingtaine d'années, d'une manière bien vague il est vrai, l'entrée d'un souterrain.

Nous avons à signaler, à peu près à égale distance des deux premières tours et contre la muraille S.-E., l'existence d'un puits dont l'ouverture est actuellement au ras du sol, mais qui, d'après une portion de paroi enclavée à-demi dans le mur, et s'élevant encore dans celui-ci de 2 à 3 mètres, indique que ce puits devait déboucher au sommet de la courtine. Le diamètre du puits est de 1m 60; il est construit en moellons d'arkose appareillés et à surface bien conservée dans tout son intérieur. Sa profondeur, à partir du sentier qui le borde, est de 4 mètres; mais il est évident qu'il est en partie comblé: les sources qui l'alimentaient ne pouvant se trouver que beaucoup plus bas. C'est bien certainement par ce puits que la place était approvisionnée d'eau; alors on comprend peu pourquoi il se trouve en partie à l'extérieur. On pourrait croire, en donnant à nos ruines une date concordant avec l'exploitation des carrières, que ce puits devait servir en même temps aux ouvriers qui fabriquaient les meules dans le voisinage. Un peu plus loin à l'E., ceux-ci avaient 26

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encore pour s'alimenter la fontaine Sarrazine, dans le même niveau d'eau.

Une particularité qui est demeurée à l'état de mystère, comme d'ailleurs tout ce qui concerne ces vestiges de fortifications, c'est l'existence dans les murs de plusieurs lignes de trous qui s'observent surtout sur la face S.-E., et presque sur toute son étendue. Ces trous, à section carrée, arrondis cependant en voute sur leur paroi supérieure, ont 16 à 20 centimètres de côté ; perpendiculaires à la direction des murs, ils paraissent les traverser dans toute leur épaisseur; sur chaque ligne ils sont distants les uns des autres de 1m à 1m 50, et les lignes se reproduisent de mètre en mètre. On les retrouve dans l'intérieur du puits, dans lequel ils rayonnent vers l'axe central; on en voit aussi sur les parois de la tour sphérique.

Ces conduits extraordinaires datent sûrement de l'époque de la construction, car ils sont maçonnés à l'intérieur. Pour la plupart des explorateurs ils ne seraient que des ouvertures d'aération ou d'assainissement, ou peut-être des trous d'échafaudage.

Nous n'avons rien à ajouter à cette manière de voir; notons seulement qu'un grand nombre de constructions romaines présentent cette même particularité.

En face de la tour O., à une distance de 25 mètres environ, et à l'extrémité d'une tranchée partant de cette tour, se trouve une excavation quasi rectangulaire de 8 mètres de large, contre les parois de laquelle on aurait découvert, assurent certains habitants du pays, une grande grille en fer qui devait en fermer l'ouverture. Un ancien a, dit-il, encore vu cette grille il y a une cinquantaine d'années. Qu'est-elle devenue? C'eut été pourtant un précieux document pour dégager l'X du problème jusqu'à ce jour si impénétrable qui se rapporte à l'âge de notre castellum.

Indépendamment des talus auxquels ils ont donné naissance, les matériaux d'effondrement ou de destruction comblent tout autour du fort le fond des fossés en en dissimulant la vraie profondeur. De plus, par leur accumulation désordonnée, la marche et par suite l'exploration deviennent excessivement pénibles.

Nous avons dit que le château se trouvait à mi-côte en effet, pour y arriver du pont de l'Oise, il faut gravir au moins une vingtaine de mètres; mais lorsqu'on l'a atteint on le trouve environné de hauteurs bordant les

fossés en contrescarpe, lesquelles atteignent au S. plus d'une douzaine de mètres; après, s'étend le plateau boisé.

Cette ceinture de hauteurs est coupée par deux tranchées, l'une au S.-E., et l'autre au N.-N.-E. ; ces ouvertures faites de main d'homme ontelles été simplement la tête des chemins par lesquels les carriers galloromains sortaient les produits de leur industrie; ou bien faut-il les considérer comme les entrées donnant accès au château ? Nous pensons que rien n'empêche de leur attribuer l'un et l'autre usage, car le fort a été indubitablement construit sur l'emplacement d'une des carrières si nombreuses aux alentours. D'ailleurs, au bois de Milourd, où il n'existe pas de château, les carrières ont été desservies par des tranchées et des chemins tout-à fait analogues à ceux qui nous occupent.

Cependant s'il fallait donner la préférence à l'une de ces issues pour en faire l'accès principal du fort, nous n'hésiterions pas à désigner celle du N.-N.-E., qui mène directement vers la rivière. Ce chemin, en pénétrant dans le fossé, tourne vers l'ouest en longeant le château, pour venir aboutir au point où dut exister la grille sus mentionnée, si son existence fut jamais vraisemblable.

En franchissant les murs on arrive dans l'intérieur de la forteresse, dont le sol est de niveau avec la crête actuelle des constructions. Des arbres de toutes grosseurs y ont végété aussi bien qu'à l'extérieur; aujourd'hui encore on peut y admirer un hêtre de la plus belle venue. Ce boisement naturel ou artificiel a dû contribuer pour beaucoup à la destruction de l'édifice, comme on peut en ce moment s'en convaincre par l'arbre de grande dimension qui vient de s'abattre sur la prison, renversant ses parois déjà si ruinées, et la recouvrant presque en totalité.

Cette surface intérieure présente un grand nombre d'excavations de un à 2 mètres de profondeur, pouvant provenir aussi bien d'un défrichement récent que de fouilles qui auraient été faites par le prince de Chimay, il y a une quinzaine d'années, comme cela est confirmé par une tranchée importante ouverte le long de la partie S.-E. de la ceinture et non loin de la tour à escalier.

Le sol est jonché de matériaux de démolition, mais nous n'avons remarqué aucune fondation régulière qui puisse représenter des restes de constructions intérieures.

Nous souhaitons n'avoir rien omis dans cette description, sans pouvoir

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