Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

les traces de l'instrument à l'aide duquel il a été scié et paraissant remonter

à une certaine antiquité.

Des remerciements sont adressés à ces messieurs.

M. Mennesson demande la parole pour lire les lignes suivantes :

En ouvrant le journal de Fourmies du 1er janvier, mes yeux tombent sur un article intitulé La Vérité sur Maquenoise.

L'auteur de cet article qui, je crois, se cache derrière un pseudonyme, se rallie aux conclusions que M. Rogine et moi avons adoptées dans nos dernières études sur Maquenoise (Bulletin de 1880, séances des 9 octobre et 6 novembre), non sans faire quelques réserves, notamment celle-ci : « Nous pensons, écrit-il, que c'est une erreur de ne voir dans Maquenoise que la question carrières. L'élément archéologique que nous considérons comme dominant toute l'étude du camp de Maquenoise est ce que M. Mennesson appelle le petit château-fort. »><

Notre honorable contradicteur ne semble pas avoir saisi que, frappés de l'analogie existant entre le prétendu camp de Maquenoise et les carrières voisines qui s'ouvrent dans la direction de Mondrepuis, nous ne devions voir précisément que la question carrières.

Au milieu de cette longue ligne de travaux (1000 à 1100 mètres de longueur lors de son intégralité) le château-fort qui en occupe à peine la dixième partie n'apparait que comme un point de détail incapable de justifier un pareil développement de défenses. Par conséquent, pour nous, comme pour tout observateur dont l'objectif sera de remonter à l'origine première de ces étonnants travaux, le fort a dû passer au second plan.

A nos yeux, Maquenoise offre deux problèmes superposés, mais distincts: une ligne de mouvements de terrain considérables carrières antiques suivant nous et une forteresse qui s'est taillé un repaire sur un point des carrières abandonnées.

Nous reconnaissons avec l'auteur de La vérité sur Maquenoise que les ruines du fort méritent l'attention des archéologues et nous reviendrons sur ce point par une étude que l'un de nous fera quelque jour.

M. Penant-Vandelet fait passer sous les yeux de la réunion: Deux dents fossiles qui sont reconnues par M. Papillon comme deux dents de squale du terrain tertiaire, et qui ont été trouvées dans un dépot coquillier mis au jour par les fouilles du fort Montbérault;

Et une plaque d'ivoire un peu ébréchée, qui est la monture d'une râpe à tabac dans le genre de celles qui ont déjà été présentées à la Société et dont on retrouvera la description dans le Bulletin de 1876, page 112.

La facture de cet ivoire est infiniment plus soignée que celle des ràpes précédemment signalées. Le décor principal consiste en une nymphe assise qui n'a conservé de ses voiles qu'un panache dans les cheveux; elle tient à la main un cœur enflammé; ses pieds reposent sur une peau de panthère. Au-dessous de ce sujet galant brûlent deux cœurs placés dans une coquille.

L'Art pour tous (6o année) reproduit une râpe représentant presque identiquement le même sujet. Elle appartient à M. Louvrier de Lajolais et la notice qui l'accompagne l'attribue au XVIIe siècle.

M. Papillon signale l'existence, dans une maison de Vervins, d'une plaque de foyer qui paraît présenter un caractère historique.

Cette plaque, dit-il, de 58 centimètres de hauteur sur 82 de largeur, est ornée de trois écussons armoriés, posée 1 et 2. Celui du haut, surmonté d'une couronne fleurdelysée, porte de France, au baton péri en bande; il est entouré du collier de Saint-Michel. Ces armoiries sont celles de la maison de Bourbon-Condé.

Les deux autres écussons ayant pour supports deux lions ou deux léopards dressés sont aux armes des Coucy, et les vairs au nombre de 12 y sont placés 5, 4, 3, selon la volonté de Jacques 1er de Coucy, pour distinguer ses armoiries de celles de plusieurs autres maisons, qui portaient également sur leur écu, de vair et de gueules de six pièces, mais aux vairs sans nombre.

L'écusson du haut est accosté de la date 15-54, et de deux monogrammes composés des lettres KDP ou peut-être B en caractères romains entrelacés, le même monogramme est reproduit dans le bas de la plaque.

On comprend très bien la présence à Vervins d'une plaque de foyer aux armes de Coucy, mais il serait intéressant de savoir à quelle occasion les armoiries d'une famille du sang de Bourbon y ont été introduites à la place d'honneur, et certainement comme un hommage, volontaire sans doute, et par cela même plus délicat.

Passant à un autre sujet, M. Papillon entretien la réunion de phénomènes locaux qui ont déjà attiré l'attention de la Société :

Dans la séance du 7 mars 1879, il a été question de l'exhumation faite dans le cimetière de Vervins, d'un cadavre inhumé depuis une vingtaine d'années, et dont la conservation était si parfaite, qu'il avait été possible de le placer debout pour l'extraire de la fosse où il avait été déposé.

Depuis, par suite de la construction de caveaux de famille, plusieurs autres exhumations ont eu lieu, et elles ont fourni de nouveaux exemples de cette conservation extraordinaire.

On avait cherché d'abord à trouver les causes de ce phénomène dans les habitudes hygiéniques des personnes ainsi exhumées. Mais en présence du nombre des cas qui se sont présentés il faut rechercher une autre explication.

En général, les cadavres sont retrouvés intacts. La forme extérieure du corps est conservée, on reconnaît la disposition des muscles; l'abdomen a conservé le modelé que lui donnent les viscères qu'il contient; la couleur générale des corps est semblable à celle de la cire blanche, disent certains témoins, à de la pierre de taille, disent les autres, et le poids est assez considérable; mais nous ne savons pas encore si les chairs ont conservé une certaine élasticité sous la pression, ou si elles repercutent sous le choc.

M. Rogine pense que cette conservation peut être le résultat d'une espèce de tannage opéré par l'action de l'eau sur le tannin des cercueils de chêne, d'abord, puis sur les corps qui y sont renfermés.

Dans tous les cas cette action a dû s'opérer aussitôt l'inhumation et avant que la décomposition cadavérique ait commencé à exercer son action.

Ordinairement la terre qui recouvre immédiatement les cercueils, sur une épaisseur d'un fer de bêche, est décolorée; bien que les cercueils eux-mêmes soient intacts ou à peu près; de jaune-rougeâtre et sableuse qu'elle était, elle est devenue verdâtre et onctueuse comme la marne argileuse comme sous le nom de terre potasse.

Evidemment, il y a dans toutes ces circonstances un intéressant sujet d'étude, mais la matière ne s'y prête guère.

Ce qui est désormais établi, c'est que certaines parties du cimetière de Vervins possèdent la propriété de conserver les cadavres pendant vingt, vingt-cinq ans et probablement plus encore, mais toutefois pendant une durée qu'on ne peut déterminer quant à présent.

M. Papillon continue par une troisième communication :

Messieurs,

Qui de nous n'a vu autrefois, c'est-à-dire il y a dix ans à peine, alors que les longs jours de l'été nous faisaient présager une moisson prochaine, ces groupes d'ouvriers composés de quelques individus, hommes, femmes et enfants, traverser notre Thiérache d'un pas alègre, la sape à la main et la faulx sur l'épaule.

C'étaient des moissonneurs qui abandonnaient momentanément leur résidence de toute l'année pour aller offrir, dans une contrée plus favorisée par le climat, le concours de leurs bras rustiques et courageux.

Que si l'on désirait connaître la cause et le but de leur migration périodique, ils répondaient invariablement: Nous allons faire la moisson en France.

Et en effet, à peine quelques semaines étaient-elles écoulées qu'on les voyait revenir joyeux du petit pécule amassé pendant leur courte pérégrination, et retourner vers le sol natal pour y recommencer les travaux champêtres qu'ils venaient déjà d'accomplir.

Aujourd'hui, les migrations ont continué, mais ceux qui les opèrent n'appellent plus l'attention en traversant les rues de nos cités; c'est sur les voies ferrées qu'on les rencontre. Ils vont toujours en France aux mêmes époques; les moyens d'y arriver ont seuls varié.

Mais pourquoi cette expression: en France. Ces ouvriers sont donc des étrangers qui franchissent la frontière pour gagner dans notre pays un salaire remunérateur qu'ils ne trouvent pas chez eux ?

Nullement. Ce sont des Français comme nous, des habitants du département du Nord, qui sont bien loin, comme ils l'ont prouvé tant de fois, de se refuser à se reconnaître pour les enfants de la grande patrie. Ils vont « en France » parce que dès leurs jeunes années ils ont vu leurs

Ann. 81

2

parents partir pour aller «< en France », aussi bien que ceux-ci tenaient la même tradition de leurs aïeux.

L'origine de cette expression, dont d'ailleurs personne n'ignore plus guère la signification aujourd'hui, a été savamment expliquée il y a peu de temps par un historien qui cherche surtout à jeter quelque lumière sur la topographie et la géographie si obscures de la France dans les temps anciens et jusqu'au moyen âge.

Une association, qui s'est formée il y a peu d'années sous le nom de Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, poursuit sur un théâtre plus élevé que le nôtre, le but que nous cherchons plus humblement à atteindre pour La Thiérache. Cette société a naturellement consacré dans le premier volume de ses mémoires une étude sur la formation, les divisions, les limites de l'Ile-de-France.

D'après le travail dû à la plume savante de M. Auguste Longnon, archiviste aux Archives Nationales, le nom de Francia, appliqué d'abord par les auteurs dans le sixième et le septième siècles à l'ensemble du pays soumis à la domination mérovingienne, lorsqu'ils se plaçaient à un point de vue étranger à la Gaule, fut restreint dans les siècles suivants à la partie située au nord de la Seine et par opposition au nom de Neustria, réservé désormais au pays compris entre la Seine et la Loire.

Plus tard, dans les historiens et les diplômes, on voit la Marne et la Seine séparées en deux régions dont les noms ne sont guère employés que dans le langage ou les écrits populaires, la France et la Hérupe au pays des Hérupois, lesquels au douzième siècle représentent la Francia et la Neustria du neuvième.

Un paragraphe montre ensuite le nom de France restreint à une presqu'île formée par la Marne, la Seine, l'Oise, la Thèse et la Beuvronne, d'où le nom d'Ile-le-France, qui paraît en 1429.

Avec le temps, le vocable Ile-de-France a été étendu aux divers pays qui, à la veille de la Révolution, formaient le gouvernement du duc de Gesvres. Depuis le dix-septième siècle, le peuple des anciens diocèses de Paris et de Meaux appliquait exclusivement le nom de France à la partie de ces deux diocèses située au nord de la Marne, puis au nord de la Seine après la jonction de ces deux cours d'eau. Ils disaient, et ils disent peut-être encore Les blés sont bons cette année en Brie, mais ici, en France, les nôtres ne valent rien.

« VorigeDoorgaan »