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A l'ouverture de la séance, M. le Président dépose sur le bureau un volume qui est le Répertoire des travaux historiques publié par le ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, année 1882, no 4.

Il est procédé à la reconstitution annuelle du bureau et du comité de publication. Par suite du vote réglementaire, les membres actuels sont maintenus dans leurs fonctions.

Puis la parole est donnée à M. Papillon pour faire la communication suivante :

COUTUMES LOCALES

Nous vivons à une époque où les anciennes traditions s'effacent de plus en plus et menacent de bientôt disparaître. Déjà même il en est qui ne se conservent que dans nos souvenirs. Il est donc opportun de saisir au passage celles qui ont trouvé grâce devant la marche du temps, et de les recueillir comme des épaves restées après les bouleversements des révolutions, comme des éléments de l'histoire familière des siècles pendant lesquels ont vécu nos ancêtres.

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Les coutumes locales tenaient une grande place dans les actes journaliers de la vie de nos pères; chaque événement grave de leur existence, chaque anniversaire, chaque jour notable de l'année, était consacré par des cérémonies, par des usages qu'ils avaient reçus de leurs ayeux, et qu'ils accomplissaient avec la ponctualité, avec le respect qu'inspiraient alors les anciennes traditions.

Les principales solennités de la religion ramenaient régulièrement des cérémonies publiques ou particulières, populaires ou intimes spéciales à chacune. Mais c'étaient surtout les fêtes de famille, les deuils, et, il faut bien le dire aussi, la superstition, qui contribuaient le plus à entretenir dans les esprits et dans les mœurs des dispositions qu'on n'y voit plus guère, et à jeter sur la vie des cités une animation de bon aloi, un cachet de poésie naïve qui feraient bien sourire aujourd'hui les esprits mécroyants de notre époque incrédule et positive.

Les coutumes locales sont si nombreuses, elles présentent quelquefois des caractères si difficiles à déterminer, que nous ne chercherons pas à les classer par catégories; nous les exposerons sans prétention, comme elles se présenteront à nos souvenirs ou à nos observations.

LE VOISINAGE

L'habitant de la Thiérache est naturellement bienveillant. Porté à se rendre agréable aux étrangers, il est, pour ses concitoyens, obligeant et serviable, à ce point que l'habitude de rendre service est passée dans les traditions, et qu'en de nombreuses circonstances, il n'est pas plus permis de se soustraire aux obligations imposées par cette loi volontaire que de refuser de se soumettre aux prescriptions de la loi écrite.

Le voisinage surtout, dans les villes et particulièrement dans les campagnes, établit entre les habitants des liens presque aussi sacrés que ceux de la parenté; et comme conséquence, il créé des devoirs et des prérogatives dont nul ne s'affranchirait impunément.

Le voisin est pour son voisin plus qu'un concitoyen; ce n'est pas un parent, c'est souvent mieux. Le voisin participe à tous les événements de la famille, événements civils ou religieux, heureux ou malheureux, il en prend toujours sa part.

Lors d'un mariage, sa place est marquée à l'église comme au banquet.

S'agit-il d'un baptême ? La voisine, qui la première a reçu le nouveau-né dans les langes et prodigué à la mère ces soins d'autant plus efficaces qu'ils sont dictés par l'expérience, la voisine compte parmi les parents appelés à fêter la naissance, et avant tous les autres c'est elle qui reçoit la boîte illustrée et enjolivée renfermant les produits sucrés accessoires obligés de la cérémonie.

Enfin dans toutes les occasions solennelles de la vie, le voisin a sa mission à remplir; agréable ou pénible, il s'en acquitte toujours, soit avec plaisir, soit avec dévouement.

Si la maladie, si les infirmités viennent affliger de leur triste visite le foyer domestique, le voisin est là pour épargner aux parents une partie des fatigues et des soins. Tant que dure la maladie, il est prêt à porter aide et secours ; et la mort frappe-t-elle de son aîle redoutable le chef de la famille ou quelque membre de la maison? c'est encore le voisin qui fait la veillée funèbre, c'est lui qui prend la tête du cortége et conduit à son dernier gîte celui ou celle qu'il a contribué à soigner jusqu'à son dernier

moment.

Dans les campagnes, s'agit-il de la mort d'un cultivateur, d'un de ces hommes dont la vie de labeur a été partagée entre les soins incessants d'une exploitation considérable destinée à répandre sa part d'abondance dans le pays, et la sollicitude que méritent et qu'inspirent à leur maître les agents de l'agriculture, des honneurs rustiques particuliers lui sont rendus. Sa dépouille mortelle, au sortir de la maison mortuaire, est déposée sur un chariot orné de décorations funèbres. Le fermier son voisin y attèle quatre chevaux d'élite, sa maîtresse attelée, — il en prend lui-même les rênes et conduit le char à l'église et au cimetière, ou bien il le mène dans la commune choisie pour lieu de sépulture.

Cette coutume a sans doute pris son origine dans les temps reculés et elle se maintient toujours vivace dans nos populations rurales.

C'est au village, c'est au sein des représentants de l'agriculture, que l'on aime à retrouver les traditions qui nous rappellent les bons sentiments de ceux auxquels nous avons succédé sur la terre.

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