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(25). Aveindre, tirer quelque chose d'un lieu. D'après de Caillières, en 1690, aveindre était du dernier bourgeois. Littré mentionne plusieurs étymologies latines de ce mot, et se prononce pour advenire, venir à. Il a oublié advehere, amener, apporter, qui paraît une étymologie non moins plausible pour le sens et pour la forme. (26). Meubles se dit d'un mobilier en général, notamment du linge de corps, des habillements, et non pas, comme en français, d'un mobilier d'appartement.

(27). Rentouser, r'habiller, racine touser, vieux mot qui veut dire tondre, enlever la toison des brebis. Un titre de 1403 porte qu'on payait un denier pour touser cinq brebis (Dict. du pat. du pays de Bray). Rentouser signifie donc proprement rentoisonner, et au figuré remplacer de vieilles hardes par des neuves. De même en rémois. (28). Cri se dit par apocope pour crir, quérir.

(29). Etre au co (coq), c'est-à-dire à l'abri du coq de l'église, être mort et enterré. Il n'y a pas bien longtemps, on le sait, que les cimetières de nos villages étaient tous situés autour de l'édifice paroissial.

(30). Tertous, et tertoutes à la fin d'une phrase à cause de la résonnance, tous sans exception. Nous avons remarqué plus haut que ter et très ont la même valeur comme superlatif. Dans les autres patois on dit plutôt trèstous.

(31). Triqulerie, tumulte joyeux. On trouve dans La Monnoye (Noëls bourguignons) trigori qui a la même signification, et dans Bonav. Des Périers trihoris qui s'entend d'une sorte de danse : « beaux danseurs de passepieds et de trihoris » (Contes, t. 1, p. 24). M. l'abbé Corblet, dans son Glossaire du patois picard, définit trioulerie « mélange, confusion, mêli-mêlo. »

(32). Guilles, corruption de quilles, jambes. On dit d'un homme bien portant qu'il est d'aplomb sur ses guilles, et de celui qui relève de maladie qu'il est remis ou remonté sur ses guilles.

On lit dans La Fontaine :

Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles.

Fable de l'Huître et les Plaideurs.

La plupart des commentateurs, faute de savoir notre patois comme le fabuliste, se sont livrés, à propos de quilles, à de bien curieuses interprétations. Ainsi, d'après M. E. Gérusez, le sac laissé sans argent n'a aucune valeur ; de même les quilles, sans la boule qui les accompagne, ne peuvent être d'aucune utilité ! (Voyez Fables de La Fontaine, Paris 1843, avec notes par E. Gérusez.)

(33). Stomaqué, vivement choqué, irrité.

(34). A fait. Tout à fait, complètement.

(35). Renaquer, répugner à, se refuser à. Littré remarque que l'origine de ce mot est incertaine, et cite un lexicographe qui le dérive du vieux français nasque, morve; même sens dans nacat ou naque que donne, avec le verbe renasquer, renifler, le vocabulaire de la langue rustique du Jura (Mémoires de la Société des Antiquaires de France, t. vi, p. 178). En rouchi, il a bon nac se dit des chiens qui ont l'odorat subtil. Il est présumable que renaquer, dans son sens propre et primitif, signifiait répugner à ce qui blesse l'odorat et qu'il a pris plus tard une acception plus

étendue. Il faut rapporter à la même origine les mots nactieux et nareux qui se disent chez nous de celui qui fait le dégoûté sur toutes choses, mais particulièrement sur le manger.

(36). Doulours, du latin dolor, en vieux français dolour (Rochefort). Ce mot est moins employé pour exprimer un mal physique que pour exposer des ennuis, des griefs plus ou moins sérieux.

(37). Ahagner, ahanner, faire un travail très-pénible. Du vieux mot ahan, conservé par l'Académie dans cette locution suer d'ahan.

(38). Jou, je, ne s'emploie jamais qu'immédiatement après le verbe dans les façons de parler interrogatives ou admiratives.

(39). Amon? N'est-ce pas ? vient directement du latin an non? En rouchi énon

ou émon.

(40. Et si, et cependant, comme en latin, etsi.

(41). Dà seul❜ment ou tà seul’ment, pour tant seulement. Cette dernière forme était fort en usage chez les auteurs du XVIIe siècle :

De n'avoir pas chez soi pour lui donner
Tant seulement un malheureux diner.
La Fontaine, le Faucon.

(42. Cabri, chevreau, comme en roman.

(43). Baffe, bafre, repas abondant.

(44). Eutes, autres. Le villageois, qui sait combien sont rares les amis véritables, dit plutôt les eutes (les autres) que mes amis, en parlant de ses compagnons de plaisir.

(45). Culot. Le plus jeune enfant d'une famille. De même en rémois et en rouchi. (46). Magaut. Boîte en écorce de merisier où les journaliers mettent leurs provisions et qu'ils portent sur le dos. Par extension le pécule qu'on a vaillant.

(47). Volage, pourrait être pris ici pour un euphémisme. Nous croyons plutôt que c'est une altération du mot follage tiré du bas latin follis, femme folle de son corps (Du Cange). De là aussi l'adverbe folagement, et les verbes folaier, foller (Rochefort).

(48). Au preume, au prume, tout récemment, à l'instant même. Du latin proximè. (49. Sti-ci, sti-là, celui-ci, celui-là. Sti-lal a une acception particulière. On l'emploie en mauvaise part en traînant sur la dernière syllabe, afin de bien marquer l'intention blessante. Au XVIIe siècle, on écrivait cettui-ci, cettui là :

Cettui-ci dépêché,

C'est de toi maintenant que j'aurai bon marché.

P. Corneille, Clitandre, acte Ier, scène X,

(50) Décesser, cesser, barbarisme populaire usité un peu partout, et qui ne s'emploie chez nous qu'avec la négative.

(51). Plus mais que.... Mais est ici un explétif qui sert à renforcer la pensée, et qui équivaut à jamais. Min synonyme de mais est d'un usage aussi fréquent et se prête aux mêmes acceptions.

(52). Tarte, repas donné aux ouvriers des champs pour fêter un événement heureux, comme la terminaison de la moisson ou de tout autre ouvrage important; repas ainsi nommé sans doute parce que la tarte est le mets fondamental des fêtes du Vervinois.

(53) Eüdir (s'), prendre ses ébats, se réjouir, se divertir. Nous ne trouvons ce mot dans aucun glossaire et n'en soupçonnons pas l'origine, à moins qu'il ne soit une corruption d'égaudir, dérivé du latin gaudere, ou bien d'esheudir que donne le dictionnaire de la langue française aux XII et XIII ècles, de C. Hippeau, dans le sens de animer, encourager. Il reçoit chez nous de fréquents emplois : La danse éüdit la jeunesse. Le temps commence à s'éüdir.

SÉANCE DU 11 MAI 188 3

PRÉSIDENCE DE M. E. PIETTE

A l'ouverture de la séance, M. le président fait part à la réunion de la mort de M. Amédée Piette, arrivée à Soissons le 1er mai 1883.

Pour honorer la mémoire de l'archéologue distingué que le département vient de perdre, il est décidé qu'une notice nécrologique sur notre regretté collègue sera rédigée par l'un des membres de la Société et insérée dans le compte-rendu de la prochaine séance.

Il est déposé sur le bureau :

Revue publiée par la Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes, 35° année, tome xxXVI, nos 1, 2 et 3;

Histoire de l'abbaye de Saint-Michel, par M. Desmasures, tome 1er Rapport et arrêtés concernant la réorganisation du Comité des travaux historiques et scientifiques.

M. le président donne lecture d'une lettre de M. Ed. Fleury, président de la Société académique de Laon.

M. Ed. Fleury informe la Société qu'il se tiendra à Laon un congrès des compagnies savantes du département, à une date à fixer ultérieurement. Ce congrès durera trois jours qui seront employés en lectures, confé

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rences, visites des monuments historiques de Laon et des environs. De plus, pendant dix jours, il sera ouvert à l'hôtel-de-ville de Laon une exposition composée d'œuvres d'art dues exclusivement à des artistes nés dans l'arrondissement de Laon.

M. Papillon fait une troisième lecture sur les coutumes locales.

PÈLERINAGE ET CAVALCADE D'EFFRY

La figure de saint Eloi, évêque de Noyon, est l'une des plus populaires que les premiers siècles du christianisme et de la monarchie aient léguées à nos campagnes.

Saint Eloi, en effet, est vénéré non seulement dans le Noyonnais, ce qui serait chose toute naturelle puisqu'il fût évêque de Noyon, mais aussi dans la Basse-Picardie, le Vermandois, la Thiérache; dans la Bretagne, le midi de la France, la Suisse et dans beaucoup d'autre contrées.

Saint Eloi vivait dans le septième siècle; il fut l'un des apòtres de la religion chrétienne parmi les populations de notre pays, évêque ainsi que nous venons de le dire, et célèbre comme fondateur d'abbayes et comme inventeur, après sainte Eusébie, du corps de saint Quentin; il fut conseiller des rois Clotaire et Dagobert, argentier de ce dernier prince, et en cette qualité il sut travailler les métaux précieux.

Eh! bien, ce n'est point à raison de tous ces titres que sa mémoire a traversé les siècles; c'est, après la sainteté de sa vie, parce que le talent qu'on lui attribue comme maréchal-ferrant et sa sollicitude pour les animaux en avaient fait un protecteur familier des chevaux, ces précieux agents de l'agriculture.

Remarquons cependant que rien ne fait connaitre saint Eloi comme maréchal-ferrant. Dès les premières années de sa jeunesse, il apprenait la profession d'orfèvre chez le maître de la monnaie de Limoges, et je ne pense pas qu'aucun hagiographe cite la profession de maréchal comme ayant été exercée par le grand saint à aucune époque de sa vie.

Mais lorsque les masses veulent s'emparer d'une figure pour lui donner la consécration de la popularité, ce ne sont pas généralement les grands côtés du personnage qu'elles mettent en relief; elles choisissent surtout, et elles créent au besoin, les qualités qui leur sont le plus sympathiques. Ne pouvant s'élever à la taille du héros qu'elles adoptent, elles le rappro

chent de leur niveau afin de le mieux identifier à leur admiration, à leur vénération.

Ainsi, elles ont fait de saint Eloi un maréchal-ferrant, comme elles ont fait du B. Alexandre de Foigny, fils d'un roi d'Ecosse, et de saint Théodulphe de Gronard des gardeurs de pourceaux, et comme à une époque rapprochée de nous, et dans un tout autre ordre de personnes, les armées de la France ont fait un petit caporal du grand capitaine qui les avait conduites tant de fois à la victoire.

Pour beaucoup de contrées, saint Eloi est donc un habile maréchalferrant, qui connaissait les chevaux, les aimait, les entourait de ses soins, et dont le nom et le religieux souvenir sont encore pour eux une puissante protection.

La légende a poétisé à sa façon la figure du saint évêque de Noyon.

Eloi, très-habile comme maréchal, manquait, parait-il, d'humilité, et ainsi que la plupart des hommes qui n'ont point été éprouvés, il avait laissé l'orgueil pénétrer dans son cœur. On lisait au-dessus de la porte de son atelier cette inscription blessante pour ses confrères: Eloi, maître des maîtres, maître sur tous.

De tous les péchés mortels, celui qui a toujours le plus fàché le bon Dieu, c'est l'orgueil; aussi Jésus résolut-il de punir saint Eloi dans sa superbe.

Un jour, un ouvrier forgeron vint à Eloi faire humblement ses offres de service. Montre ton savoir-faire, lui dit le saint.

Un cheval attendait à la porte l'ouvrier prit une hachette qui se trouvait là, leva l'une des jambes de l'animal, lui coupa le pied gauche, mit le pied dans l'étau, le ferra en toute commodité, puis reporta le pied ferré qui reprit aussitôt à la jambe sans aucune difficulté. La même manœuvre se répéta pour les autres pieds, et avec le même succès.

Eloi avait regardé l'opération avec une stupéfaction profonde, néanmoins il ne voulut en rien laisser voir et se promit bien de faire son profit de la leçon à la première occasion.

Cette occasion ne tarda pas à se présenter.

Le lendemain matin un brillant cavalier amena à ferrer un magnifique cheval. L'ouvrier n'était pas à la forge, et Eloi se mettant à l'œuvre commença comme il l'avait vu faire par couper le pied; mais lorsqu'après y avoir cloué le fer, il le rapporta pour l'ajuster à la jambe, le cheval avait

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