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gues, aux baguettes de nos fusées de guerre. Donc nous pensons que, mieux que le tracé de nos balles actuelles, celui de la balle prussienne, par son profil et la répartition de la masse, favorise davantage la régularité du mouvement dans l'air.

La détermination des zones dangereuses, c'est-à-dire des limites, aux différentes distances, dans lesquelles un homme peut être frappé, établit une liaison immédiate entre la justesse de tir d'une arme et la puissance de destruction de son projectile.

Le fusil à aiguille a un but en blanc situé à 188 mètres. Sa trajectoire est suffisamment tendue et laisse menace de mort jusqu'à 300 mètres. Jusqu'à cette distance, la hauteur de la flèche, en prenant la terre pour niveau, est de 1m,57. Elle est donc dangereuse dans tout son parcours.

La carabine modèle 1859 a son but en blanc à 150 mètres. L'étendue de la zone dans les limites de laquelle un homme serait atteint, est de 225 mètres. La hauteur de la flèche comptée au-dessus de la ligne de mire jusqu'à cette distance, est de Om,50. Elle se trouve donc, à très-peu près, dans les mêmes conditions que le fusil à aiguille; car si on admet que la ligne de mire de celuici est dirigée sur la ceinture de l'homme à battre, la plus grande flèche au-dessus de cette même ligne de mire jusqu'à 300 mètres, sera au plus égale à 0,75. Si on augmente de Om,25 celle de la carabine modèle 1859 pour arriver à ce même chiffre de 0m,75, l'homme visé à la ceinture dans l'étendue de 300 mètres sera certainement toujours atteint.

Au delà de 300 mètres il n'en est plus de même, et la trajectoire de la carabine est plus tendue que celle du fusil prussien; cela résulte de ce qu'à 600 mètres la zone dangereuse pour la carabine est de 30m,50, tandis qu'à

626 mètres elle n'est plus que de 15m,50 pour le fusil à aiguille.

Pour définir plus complétement les formes relatives des deux trajectoires, essayons de nous rendre compte de la conservation de vitesse des deux balles.

E

Si les deux balles, la balle prussienne et la balle de chasseurs, modèle 1859, sont supposées sphériques et conservant leurs poids et leurs diamètres respectifs, on peut calculer le rapport des distances à la tranche de la bouche du canon pour lesquelles elles auraient la même vitesse restante, en admettant qu'elles partent avec la même vitesse initiale. Ce rapport est, comme on le

RD

E'

E

sait, celui des produits des rayons par les densités.

R'D'

Or le rayon R de la balle prussienne est 0c,67.
Sa densité, si on la suppose sphérique et conservant

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Le rayon R' de la balle modèle 1859 est 0c,86.

Sa densité, si on la suppose également sphérique et

conservant son poids, est D' =

D'où le rapport

P'

48

4

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Ainsi, si les deux balles étaient sphériques, c'est-à-dire quant à la forme, dans les mêmes conditions de mouvement dans l'air, eu égard à la résistance de l'air seule,

la balle prussienne conserverait un peu mieux sa vitesse que celle de notre carabine, et, à vitesse initiale égale, elle aurait une trajectoire plus tendue. C'est là une indication très-précieuse pour l'appréciation des deux trajectoires, quoiqu'en réalité les choses ne se passent pas comme nous l'avons supposé.

Je ne connais pas les vitesses initiales des deux balles ; mais je ne crois pas me tromper beaucoup en disant que la balle prussienne doit avoir une vitesse initiale d'environ 350 mètres par seconde, et la balle de chasseurs de près de 310 mètres. Comme la balle prussienne a une vitesse initiale plus grande et qu'elle conserve sa vitesse à peu près comme l'autre, la première partie de sa trajectoire doit être plus raide que celle de la balle des chasseurs. C'est ce que confirme la position des buts en blanc, 188 mètres pour l'une, et 150 mètres pour l'autre, en admettant, ce qui est probable, que les inclinaisons des lignes de mire sur l'axe du canon sont les mêmes.

Mais la balle prussienne a une forme antérieure plus ramassée que celle de la balle de chasseurs, une forme qui diffère peu d'un hémisphère, tandis que l'autre est relativement plus effilée. Donc cette hypothèse d'une même forme pour les deux balles, qui conduit à une égalité de conservation de vitesse, n'est pas exacte et la résistance de l'air doit être relativement plus forte sur la balle prussienne que sur la balle des chasseurs. Il s'ensuit que la première perd plus dans l'air, que la différence des vitesses initiales diminue constamment, que les deux balles ont à peu près la même vitesse restante vers 325 mètres et qu'à partir de là la vitesse conservée par la balle de chasseurs l'emporte de plus en plus. Ce qui justifie ces appréciations, c'est, d'une part, la différence des vitesses initiales, d'autre part, celle des buts en

blanc, et enfin, et surtout, celle des étendues des zones dangereuses à 600 mètres.

Il semble donc que l'idée qu'on peut se faire des deux trajectoires, est la suivante: jusque vers 325 mètres la trajectoire de la balle prussienne est un peu plus raide que celle de la balle des chasseurs; mais à partir de lå elle s'infléchit, se courbe davantage, sans cependant que la différence soit immédiatement bien sensible. Elle ne se manifeste d'une manière bien prononcée qu'au delà de 500 mètres, et dans toute l'étendue de 0 à 500 mètres la vitesse moyenne des deux balles est sensiblement la même '.

Il est une observation très-sérieuse à faire sur ce qui précède. A partir de 600 mètres les zones dangereuses se resserrent tellement pour le fusil à aiguille que le tir en devient presqu'inefficace. Les Prussiens semblent l'admettre, car la hausse de leur fusil est limitée à 600 mètres, et dans les expériences de Spandau ils n'ont pas dépassé 544 mètres, si ce n'est dans celles toutes exceptionnelles du tir plongeant. La carabine des chasseurs, au contraire, en étendant le champ de ses zones dangereuses, par une plus grande conservation de vitesse, aux grandes distances, permet un tir encore efficace jusqu'à 1 000 et 1100 mètres, et cela malgré une vitesse initiale moindre. - Il faudra donc bien réfléchir avant de trop réduire le poids et le diamètre de la balle d'une arme donnée à des tirailleurs qui doivent fréquemment tirer à de grandes distances.

Nous regrettons de ne pouvoir pas comparer la trajec

Si on avait connu les hausses des deux armes, les trajectoires auraient pu être précisées davantage, et l'on n'aurait pas été forcé de passer par tous ces intermédiaires qui, du reste, seront utiles plus loin.

toire de la balle prussienne à celle de la balle modèle 1863 tirée dans le fusil modèle 1857. Comme nous l'avons dit, les données relatives au tir de cette dernière arme nous manquent. Cependant ce fusil nous paraît, au point de vue que nous envisageons, notablement inférieur au fusil à aiguille, car le rapport qui exprime la conservation des vitesses des deux balles supposées sphériques devient et la vitesse initiale de la balle modèle 1863, tirée à la charge de 48,5, ne doit pas être bien supérieure à 300 mètres par seconde.

22,93

16,16'

La profondeur de pénétration d'un projectile dans un milieu résistant dépend de la force vive qui l'anime à l'instant du choc, de sa forme antérieure, de ses dimensions et de la nature du milieu.

Pour connaître la force vive que possèdent l'une et l'autre balle au moment du choc, il faudrait être renseigné sur les lois du décroissement de la vitesse aux différentes distances, lois qui nous sont inconnues. S'il s'agissait de projectiles sphériques, et si nous avions des renseignements certains sur les vitesses initiales, il serait facile de calculer les vitesses restantes aux différentes distances. Mais dans l'état actuel des choses, tous les calculs auxquels on pourrait se livrer, quelqu'intéressants et curieux qu'ils puissent être, n'étant pas fondés sur les lois réelles qui régissent le mouvement de ces diverses balles, ne pourraient pas être acceptés comme rigoureux, à cause des hypothèses qu'on serait forcé de faire. Il faut donc restreindre son appréciation à ce qu'on connaît.

On a vu, d'après ce qui précède, qu'il est extrêmement probable que la vitesse moyenne de la balle du fusil à aiguille reste à peu près la même que celle de la carabine de chasseurs dans un trajet de 500 mètres. Par conséquent on peut admettre que, dans cet intervalle, le

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