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Le second est un pas nouveau dans le domaine de la chimie M. Chevrier est parvenu à produire, d'une manière infaillible, le dimorphisme ou la double cristallisation du liquide qu'il étudiait et qui, jusqu'ici, ne s'était présenté qu'accidentellement, et, chose remarquable, les expériences de notre confrère sont les seules à l'aide desquelles on ait pu, jusqu'à présent, produire simultanément deux formes cristallines dimorphiques dans un même liquide.

Le même jour, Messieurs, M. Chevrier vous donnait lecture d'une note pleine d'intérêt touchant l'action de l'eau sur l'iodure de phosphore.

Il n'est pas, en général, dans les usages de l'Académie, d'accorder la publicité de ses Mémoires à de simples rapports de candidatures. Elle n'en est que plus heureuse, Messieurs, de faire exception à ses habitudes, lorsque le rapport qui lui est soumis est une œuvre de véritable valeur; lorsqu'il présente d'une manière complète la marche et l'ensemble des découvertes sur les questions les plus difficiles de la science; lorsqu'en un mot, il devient un travail original par la force de la critique et par la mise en œuvre des idées ou des théories analysées. C'est là, Messieurs, ce que vous avez décidé dès le commencement de l'année, relativement au rapport que M. le capitaine Welter vous a lu sur la candidature de M. Renard, professeur de mathématiques à la faculté de Nancy. Je ne vous entretiendrai pas et pour cause

de cette savante discussion sur la théorie mathématique de l'électricité considérée comme un seul fluide. Je suis malheureusement incapable d'apprécier par moimême ces travaux sur les plus hautes questions des mathématiques. Toutefois, Messieurs, il m'est permis de dire que c'est pour un jeune savant un véritable bonheur que de trouver un critique aussi instruit,

aussi judicieux et aussi bienveillant que M. le capitaine Welter.

Là, Messieurs, ne s'arrêtent pas les travaux de M. Welter.

L'an dernier, au lendemain de la bataille de Sadowa, le nom d'une arme nouvelle était dans toutes les bouches, et la curiosité publique se trouvait vivement éveillée par des résultats qui, pour les initiés comme pour les profanes, avaient quelque chose de réellement surprenant.

Dans une communication orale dont vous vous rappelez encore le sérieux intérêt, M. Welter vint donner satisfaction à votre bien légitime désir de connaître ce nouvel engin de destruction. Après cette séance, le fusil à aiguille prussien n'avait plus de secrets pour vous; mais ce n'était point assez. Vous aviez manifesté à M. Welter le désir de conserver une trace durable de cette belle leçon; plein de déférence pour ce désir, notre confrère a rédigé sur l'arme si bruyamment vantée, un mémoire complet, dernier mot sur cette question à l'ordre du jour dans l'Europe entière. Vous aimerez à relire ce travail si substantiel, Messieurs, alors qu'il sera publié dans les Mémoires de l'Académie.

Ce n'est pas tout encore.

Tout récemment, M. Welter vous a donné une suite à ses communications de l'an dernier. La question des armes se chargeant par la culasse est, hélas! et plus que jamais, une préoccupation fiévreuse et universelle. M. Welter vous a présenté le fusil nouveau adopté pour l'armée française. Son lumineux exposé vous a fait toucher du doigt les progrès réalisés sur le système prussien par le fusil-Chassepot, engin redoutable, destiné à remplacer le fusil à percussion, qui, lui aussi, a eu ses jours de gloire, et que, dans la marche progressivement ascendante de ce prodigieux dix-neuvième siècle, nous

aurons vu naître et mourir avec tant d'autres inventions ingénieuses.

Soigneux de vous tenir au courant de tous les progrès et de toutes les découvertes scientifiques, M. le commandant Goulier vous a, par deux fois, entretenus de la question des étoiles filantes, sujet depuis longtemps étudié, mais auquel de récentes et curieuses observations viennent d'ouvrir des horizons nouveaux. Les étoiles filantes paraissent être des corpuscules animés d'une vitesse planétaire, et circulant autour du soleil suivant des orbites dont les éléments sont différents. Quand ces corpuscules atteignent notre atmosphère résistante, une partie de leur vitesse se transforme en chaleur, ils s'enflamment, se consument et s'éteignent..... Mais quelle est la vitesse de ces météores? Quelles sont les dimensions des orbitres parcourues? Quelle est la direction de leur mouvement de translation? Les étoiles filantes appartiennent-elles au système de nos planètes, ou bien ne se rattachent-elles pas, peut-être, à ce monde cométaire si peu connu, si indiscipliné en apparence, et dont l'étude révèlera un jour à l'astronome ébloui, des harmonies merveilleuses qui sont encore le secret du Créateur?

Ce sont là, Messieurs, des questions difficiles et délicates. M. Goulier vous a demandé de contribuer, dans la limite de vos forces, à l'étude qui s'en poursuit, et vous avez nommé une commission qui, sous sa haute direction, s'efforcera d'apporter sa pierre à l'édifice laborieusement entrepris.....

Depuis quelques années, Messieurs, vous pensiez qu'il serait utile et commode pour les travailleurs qu'une Table générale de vos Mémoires pût enfin être rédigée. C'était là un travail long et passablement ingrat. Toutefois, le jour même où vous m'avez manifesté le désir de me voir

m'en occuper, je me suis mis à l'œuvre et j'ai tenu à honneur de donner cette marque de respectueuse déférence aux vœux d'une Compagnie qui m'a toujours été si bienveillante et si sympathique.

Ici, Messieurs, se terminerait ma lecture, si je n'avais encore une tâche à remplir; celle de vous rappeler les travaux de la commission de sériciculture et d'analyser le rapport que vous a adressé M. de Saulcy au nom de cette commission.

L'an dernier, M. Trombetta, layetier à Metz, avait demandé à l'Académie d'examiner une éducation de vers à soie qu'il avait tentée avec succès dans ses ateliers de la rue Fournirue. L'Académie répondit à sa prière, encouragea ses efforts, mais, avant de prendre une décision, voulut attendre une année et voir, par elle-même, quels résultats produirait une seconde éducation, suite et conséquence de la première. Ces résultats, Messieurs, ont été véritablement curieux. Dans un atelier de menuiserie, aux dispositions les plus simples, j'allais dire les plus grossières, sans frais et sans mise de fonds, M. Trombetta a obtenu une récolte admirable de magnifiques cocons.

Votre commission, Messieurs, s'est entourée de renseignements, son rapporteur s'est livré à de minutieux calculs et nous avons obtenu la certitude que M. Trombetta avait, exception peut-être unique en France cette année, obtenu une éducation exempte, d'une manière presqu'absolue, de toute mortalité.

Ces résultats si heureux n'étaient pas l'effet d'un pur hasard. Ils sont dus à des soins de chaque heure, aux dispositions d'aérage les plus simples et les plus ingénieuses, à une véritable intelligence de toutes les précautions à prendre pour mener à bonne fin une semblable entreprise.

Votre commission a pensé qu'il était temps d'encourager des tentatives qui peuvent avoir pour résultat l'introduction, dans le département de la Moselle, d'une industrie utile et profitable, la production de la graine exempte de tout germe de maladie et qui, sans doute, serait recherchée avec empressement par les éducateurs des régions où l'on se livre plus particulièrement à la production de la soie.

Conformément aux propositions de votre commission, l'Académie, dès le mois d'août dernier, a décidé que le moment était venu de récompenser d'intelligents efforts. Une grande publicité a, dès lors, été donnée au rapport si lucide et si complet de M. de Saulcy, et M. Trombetta va recevoir aujourd'hui, des mains de votre président, la grande médaille d'argent que l'Académie a la satisfaction de pouvoir lui décerner.

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