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rances qui doivent agiter le cœur d'une jeune fille la veille du jour où elle doit à jamais enchaîner sa liberté.

Tandis que partout, dans la plaine,

Le blé tombe sous les tranchants,
Tu restes seule, Madelaine,

Sans ta faucille et loin des champs.

Penchée au bord de ta fenêtre,
Le front doré par un rayon,
Tu songes... Ne vois-tu pas naître
Une indécise vision?

Prévois-tu déjà du ménage

Le dur labeur et les tracas ?
Non, ton azur est sans nuage;
Et ton espoir ne faiblit pas.

Demeurer pauvre, que t'importe !
Pauvreté souvent est vertu.

Mais tu sors... Tu fermes la porte !
Tu pars... Où seule, ainsi, vas-tu ?

C'est vers le cimetière que se dirige Madelaine.
Le poëte continue:

Ta mère dort ici : la rose
Fleurit sur ses restes glacés;
Ton père, près d'elle, repose;
Prions pour ces chers trépassés.

De tes yeux une larme tombe,
Car ils sont partis sans retour;
Et tu viens passer sur leur tombe
La dernière heure de ce jour.

Ces quelques strophes donnent une idée des défauts et des qualités de la pièce entière, dont la versification est, en général, assez facile, le style simple, naturel et ap

proprié à la pensée, mais qui manque parfois de relief et de fermeté. Peut-être se termine-t-elle d'une manière un peu brusque et qui laisse à désirer les développements que comporte la situation de la jeune fiancée dans un pareil moment, et dans un tel endroit.

Cependant cette pièce a des qualités que n'a pu méconnaître la Commission, et l'Académie lui décerne une médaille de bronze. L'auteur est M. Achille Millien, de Beaumont-la-Ferrière.

L'envoi no 4 est une idylle dans laquelle l'auteur décrit une belle matinée de printemps à la campagne.

Le sujet, sans doute, n'est pas neuf; mais il est plein d'attraits mille poëtes l'ont traité, mille poëtes le traileront encore. Les beautés de la nature sont immortelles; et il est peu d'hommes qui restent insensibles à ce qui peut les leur rappeler.

L'auteur n'a donc pu avoir la prétention de créer quelque chose de nouveau; mais la forme aimable et gracieuse dont il a su revêtir des idées et des images connues, les sentiments élevés qui les accompagnent et les font mieux ressortir donnent à son œuvre un mérite réel dont la Commission a tenu compte, et qui doit appeler l'indulgence sur quelques taches et sur les endroits faibles qu'on peut remarquer dans cette idylle.

En voici quelques citations prises à peu près au hasard :

J'ai fui les bruits de la foule;

J'ai fui loin de la cité;

Sur le gazon que je foule
Je respire en liberté.
La nuit va plier son voile;
Au ciel la dernière étoile
Pâlit, s'éteint à son tour;
L'aube qui naît jette à peine
Une lueur incertaine,

Qui n'est pas encor le jour.

Moi, sur ces rives que j'aime,
Sous la voûte de ces bois,
J'attends le moment suprême
Où tout s'éveille à la fois.
Mais je n'entends que la source
Qui s'enfuit et, dans sa course,
Gazouille entre les roseaux.
Et, sur l'azur, se profile

Le peuplier immobile

Qui se dresse au bord des eaux.

Cependant le chant du coq s'est fait entendre:

La nature se réveille

De ce sommeil d'un moment;
Mille bruits frappent l'oreille,
Tout est vie et mouvement.
C'est l'insecte qui bourdonne,
La clochette qui résonne
Au cou des nombreux troupeaux
Qui bondissent dans la plaine,
Et que le pâtre ramène

Sur la pente des coteaux.

Combien la campagne est belle !

Que tout est frais et riant

Quand au matin étincelle

Le soleil à l'Orient!

La fleur, au vent qui la frôle,

Exhale de sa corolle

Un parfum pur vers le ciel ;

Et l'oiseau, l'insecte, l'homme,

Dans l'air, sous l'herbe ou le chaume,
Chantent l'hymne à l'Éternel.

Que ne puis-je, en cet asile,
Loin du monde retiré,
Riche d'un loisir tranquille
A jamais vivre ignoré.

L'Académie décerne une médaille d'argent à l'auteur de l'idylle intitulée: Le Matin: M. Louis Labat, de Nérac. Si la pièce qui précède court le risque de réveiller dans les esprits cultivés plus d'un souvenir et d'y faire naitre des comparaisons dangereuses, il n'en est pas de même, sans doute, de celle qui porte pour épigraphe ces mots latins: Et lux facta est. L'auteur a su trouver dans les merveilles de l'industrie moderne le sujet d'une ode qui a pour titre Les mines de houille en Angleterre.

C'est une description vive et animée de ce qu'a été trop longtemps la condition des ouvriers dans ces mines, ainsi que des travaux et des périls qui sont, en tout pays, le lot de ces travailleurs intrépides.

Après avoir fait connaître les principaux gisements de houille, l'auteur décrit la descente des mineurs :

Un puits s'ouvre béant auprès d'une cabane :
C'est comme un soupirail de l'infernal manoir.
Des hommes vont descendre, accroupis dans la banne,
Jusqu'au fond de l'abîme noir.

Ainsi qu'une abrupte colline
Parfois l'ouverture s'incline;

Des degrés sont taillés dans le chemin glissant ;
Et, par l'étroite voie, au mineur familière,

Passe et repasse encor l'humaine fourmilière

Qui remonte toujours, et toujours redescend.

Plus loin, c'est le travail du mineur et de sa famille.

Alors il prend son pic et descend dans la mine;
Comme une taupe il va, sans jamais savoir où.
Étendu sur les reins, lentement il chemine;

Il creuse en plein charbon son trou.
Aux tristes clartés de sa lampe,

Seul et nu comme un ver, il rampe.

Sa fille va montant son charbon sur le dos;

Son fils, autour des reins, porte une chaîne infâme;
Comme un vil animal on écrase sa femme

Attelée aux plus rudes fardeaux.

De pénibles et constants travaux ne sont pas seuls réservés à l'ouvrier des mines; d'effroyables dangers y menacent à chaque instant sa vie.

Entendez-vous ce bruit? L'eau, pleurant goutte à goutte,
Tombe en perles qu'éclaire à peine une lueur;

A la sueur de l'homme ainsi, sous cette voûte,

La terre mêle sa sueur.

La source doucement ruisselle

Quand tout à coup l'ombre étincelle.
Des veines du charbon jaillissent des torrents;
Contre le feu grisou qui connaît un refuge?

A vos puits! Hâtez-vous, mineurs, c'est le déluge!
Hâtez-vous! c'est l'enfer et ses feux dévorants!

Vient ensuite une revue poétique des principales industries dont la houille est désormais l'auxiliaire indispensable, et le poëte termine par ces vers:

Le mineur, de l'abîme affronte ainsi les ombres;

Les charbons qu'il arrache au ténébreux séjour
Remontent par les puits du fond des mines sombres,
Étonnés de revoir le jour.

Et le poëte, dans ces houilles,

Du sol précieuses dépouilles

Que le rail-way lointain va porter en tout lieu,
Croit voir ces bois témoins des premiers jours du monde
Et qui ne sont pas nés d'une graine féconde,

Mais d'une parole de Dieu.

Cette ode, sans doute, n'est pas sans défaut; il s'y trouve, avec des inégalités dans le style, des détails que

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