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RAPPORT

SUR LE

CONCOURS DE MUSIQUE

OUVERT

ENTRE LES INSTITUTEURS DU DÉPARTEMENT DE LA MOSELLE,

PAR LA SOCIÉTÉ CHORALE L'ORPHÉON,

SOUS LE PATRONAGE DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE METZ,

PAR M. CH. ABEL.

Messieurs,

En adoptant pour devise l'Utile, l'Académie de Metz n'a pas entendu ne pas s'occuper des beaux-arts qui, eux aussi, au point de vue moralisateur, ont leur utilité. Quand cet art d'émouvoir l'âme au moyen des modifications du son, quand la musique s'est avisée de frapper à notre porte, elle a été la bienvenue.

A dater de ce jour, notre école succursale du Conservatoire de Paris nous a fait entendre quelques compositions de nos grands maîtres dont la douce mélopée forme un heureux contraste avec le sérieux des communications littéraires et scientifiques lues en nos séances solennelles. Bien accueillie parmi nous, la musique s'est montrée plus hardie, et, sous l'inspiration des deux muses, Euterpe et Polymnie, en 1861, l'Académie ouvrait un concours,

demandant à nos poëtes et à nos musiciens une cantate en l'honneur de l'Exposition que Metz avait placée sous le gracieux patronage de S. M. l'Impératrice.

Le succès dépassa notre attente. Trois cantates furent couronnées et cette salle vibre encore au souvenir de ces mélodies que nous valut un concours si bien apprécié, que la Commission de l'Exposition universelle de Paris, cette année, n'a pas cru pouvoir mieux faire que de nous imiter.

Voyant la musique si dignement accueillie, l'Orphéon de Metz, le 29 janvier 1863, mit à notre disposition une somme de 300 francs pour la distribuer, sous forme de médailles, aux instituteurs du département de la Moselle, qui introduiraient dans leurs écoles l'étude de la musique avec le plus de succès.

L'Académie s'empressa de nommer une Commission chargée de rédiger un programme qui fut adressé aux six cent cinquante instituteurs du département.

On vit alors dans plusieurs villages, surtout l'hiver, les enfants et les adultes retourner à l'école le soir pour y apprendre les premières notions musicales et chanter des morceaux d'ensemble. Le plaisir fut tel que quelques jeunes gens en oublièrent le chemin du cabaret.

L'Académie calculait qu'un grand nombre de concurrents répondrait à son appel. Nous fondions notre espoir sur ce que, dans ces derniers temps, étaient sortis de l'École normale de Metz plusieurs jeunes et ardents instituteurs qui avaient puisé les principes de l'art musical au cours habilement professé par M. Eugène Schneider, ancien élève de l'École de musique de Metz, et le premier lauréat de notre concours des cantates.

Malheureusement tout en se fiant au zèle éprouvé de nos instituteurs, l'Académie avait compté sans la modestie de ces pionniers de l'intelligence dont M. Guizot a dit :

« Bien que la carrière de l'instituteur primaire soit sans ▸ éclat, bien que ses soins et ses jours doivent le plus > souvent se consumer dans l'enceinte d'une commune, » ses travaux intéressent la société tout entière et sa » profession participe de l'importance des fonctions » publiques. >>

En 1864, il y eut neuf instituteurs qui demandèrent à l'Académie de venir constater les résultats obtenus par eux dans l'enseignement de la musique. Une visite eut lieu dans chacune de ces écoles. Vous avez entendu à ce sujet un rapport très-instructif dù à la plume si autorisée de M. Mouzin. Conformément à ses conclusions, l'Académie a décerné une médaille d'or à M. Duval, instituteur de la commune de Devant-les-Ponts; des médailles d'argent de modules différents à M. Gobert, instituteur de la commune de Novéant-sur-Moselle ; à M. Wuillaume, instituteur de la commune de Lorry-lèsMetz; à M. Montigny, instituteur de la commune de Montenach; à M. Thiry, instituteur de la commune de Bazoncourt; à M. Boucheré, instituteur de la commune de Gravelotte; et des médailles de bronze à M. Becker, instituteur de la commune de Bambiderstroff, et à M. Simonin, instituteur de la commune d'Audun-leTiche.

En 1866, l'Orphéon de Metz ayant mis à la disposition de l'Académie une somme de 500 francs, un nouveau concours a été ouvert entre tous les instituteurs de la Moselle, dans les mêmes conditions que la première fois.

Sept écoles seulement ont demandé à être visitées. Il est à noter que sur les neuf instituteurs qui avaient concouru en 1864, il ne s'en est représenté que deux': ce sont ceux qui avaient reçu les médailles de bronze. Ces messieurs ont tenu à montrer à l'Académie qu'ils avaient mis à profit ses conseils. Quant aux autres

concurrents, leurs élèves étant restés au même point, leur bonne foi les a empêchés de demander de nouvelles récompenses '.

Le concours de musique, en 1867, comprenait les écoles de Montigny-lès-Metz, Augny, Bambiderstroff, Maizières, dans l'arrondissement de Metz; l'école de Freistroff, dans l'arrondissement de Thionville; l'école de Cons-Lagranville, dans l'arrondissement de Briey; et l'école de Zetting, dans l'arrondissement de Sarreguemines.

Ayant à se transporter aux points extrêmes du département, par le temps le plus désagréable, les membres de la Commission se sont partagé la besogne pour les lieux éloignés, y allant deux à deux; tandis qu'ils ont visité ensemble les villages les plus rapprochés de Metz pour se procurer des points communs de comparaison. Chaque visite a duré une heure en moyenne : les mêmes questions et les mêmes exercices ont été demandés dans chaque école. Partout la Commission a été reçue avec empressement, non-seulement par le personnel des écoles, mais encore par les administrateurs des communes.

A Maizières-lès-Metz, la Commission a trouvé une classe de chant, très-bien tenue, se composant de trois divisions: 1o de petits enfants chantant des canons à trois voix égales; 2o de jeunes garçons connaissant les principes de la musique, lisant et chantant à la clef de sol et

L'instituteur de Lorry-lès-Metz, M. Willaume, est décédé; mais son œuvre a été continuée par M. Mouton, qui est parvenu à créer un Orphéon dans cette commune.

2 La Commission se composait de MM. Abel, Bouchotte fils, Durutte, Hanriot, Mouzin, Virlet. Elle s'est adjoint M. Dalmont, professeur à l'École de musique, pour remplacer M. Durutte, empêché.

à la clef de fa; 3° d'adultes se promettant de former un orphéon l'hiver prochain.

C'est en consacrant chaque jour un quart d'heure après la classe de l'après-dîner, et en faisant étudier la grammaire musicale de M. Mouzin, que l'instituteur de Maizières a obtenu ces résultats près des enfants et des jeunes garçons. Quant aux adultes, il a tenu exprès pour eux une classe du soir à ses frais. Oui, il a payé de ses minces deniers l'éclairage, le chauffage et la musique '.

Aussi la Commission a-t-elle proposé à l'Académie de donner une médaille d'argent grand module à M. François, instituteur de la commune de Maizières-lès-Metz, et à son école des morceaux de musique et un diapason.

La même médaille d'argent grand module, la Commission l'a demandée aussi pour l'instituteur de la commune de Bambiderstroff, dont les élèves, déjà visités en 1864, ont fait des progrès très-remarquables sous le rapport de l'exécution. La Commission a surtout été émerveillée de la justesse des intonations et de la douceur des voix. Comme à Maizières, les réponses sur la théorie ont été bonnes, et la lecture au tableau sur la clef de sol, puis sur la clef de fa, a été très-satisfaisante. Il n'y a pas encore de classe d'adultes pour la musique comme à Maizières, sous ce rapport, il y a infériorité. Mais il y a à relever qu'à Bambiderstroff l'instituteur a marché seul sans appui, tandis que son collègue de Maizières a eu la bonne chance de trouver un aide précieux dans le concours d'un ancien sous-chef de musique des spahis, et dans un ex-trombone de régiment qui habitent la commune. Aussi à Maizières a-t-on pu faire ce qu'on ne fera que plus tard à Bambiderstroff, et les habitants de

'Ce fait a été indiqué à la Commission, par M. le Maire de Maizières.

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