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Les relations des voyageurs subséquents renferment très-peu d'indications. Scott parle seulement de roches de marbre gris-foncé, à Haghios-Thomas et à Haghious-Dheka, au N. de Gortyne; Fabreguettes dit que la montée de Dhamasta est une carrière de marbre blanc très-beau. Dans l'ouvrage de M. Pashley, les renseignements sont un peu moins rares; l'auteur indique des roches de marbre et de schistes à Palæokastron près de Megalo-Kastron; des montagnes calcaires à Malaxa, à Ghaïdhouropolis et au Karadagh; une pierre blanche avec de nombreuses coquilles, semblable à celle de Malte, à Palæokastron, sur la baie de Soudha, et des calcaires renfermant des lits coquilliers, sur la côte au S. de Viano.; il cite encore de grandes masses de gypse, au S. de Viano, et entre Myrto et Hierapetra.

En 1834, au retour de son exploration de la Morée et des Cyclades, M. Virlet, résumant en moins de deux pages ce qu'on savait, regarda la Crète comme formée par le terrain schisteux et granitique, en grande partie par des roches de formation jurassique, suivant M. Albert Parolini, mais qu'il croyait se rapporter plutôt à la grande formation crayeuse méditerranéenne, et enfin par le terrain tertiaire.

En 1837, M. Caporal adressa à Paris une portion de squelette humain engagé dans un calcaire récent; l'année suivante, on découvrit, au S. de Rhethymnon, des gisements de lignite dont Taylor a parlé, dans sa Statistique des combustibles fossiles.-M. Boué, dans sa carte géologique de l'Europe, reproduite en 1843 dans l'Atlas physique de Berghaus, avait représenté la Crète comme entièrement formée par les terrains secondaires, oubliant l'existence bien avérée des terrains tertiaires.

En 1829, M. Elie de Beaumont, à l'aide de l'orographie si défectueuse de la carte de Lapie, fit, sur la direction et l'âge des différents chaînons montagneux, des suppositions, qui furent diversement modifiées par M. Virlet, et dont il s'occupa de nouveau en 1848.

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Connaissances géologiques actuelles. Il résulte de mes recherches que la Crète est loin de renfermer la succession complète des terrains stratifiés et non stratifiés. Malgré une direction rapprochée de l'E. à l'O. et très-différente de celles des chaînons montagneux de la Grèce et des Cyclades, allongés du N.-O. au S.-E., sa géologie présente une grande analogie avec celle de ces contrées. Toutefois, elle paraît encore moins complète; car je n'ai pas rencontré les roches à fossiles jurassiques de l'Argolide; car les roches trachytiques de Methana et d'Egine, de Milos et de Kimolis, et volcaniques de Santorini, ne sont représentées que par quelques ponces apportées sur les rivages par les flots.

Les roches qui composent le sol se groupent en six catégories sur l'énumération et l'emplacement desquelles j'ai déjà donné quelques indications, p. 35. Je les reproduis en les faisant précéder de l'indication des terrains, et suivre de celle des roches principales:

TERRAINS D'ALLUVION.

TERRAINS TERTIAIRES.

TERRAINS CRÉTACÉS.

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Calcaires gris et noirâtres à silex, avec Rudistes.

Macigno et calcaires phylladiens, avec jaspe.
Anagénites.

TERRAINS DE TRANSITION? Serpentines, diorites et pegmatites antérieurs aux terrains crétacés.

TERRAINS PRIMITIFS. . . . Talschistes et porphyres intercales.

Les talschistes qui supportent tous les autres dépôts, se montrent en beaucoup d'endroits, mais ils n'occupent de surfaces étendues que dans les éparkhies de Selino et de Kisamos. Les roches ignées massives percent au milieu d'eux sur quelques points seulement. Je n'ai vu les anagénites qu'au S. de l'Haghios-Elias, à l'extrémité occidentale de l'île. Les terrains crétacés et éocène, que je n'ai pu parvenir à séparer, en raison de l'uniformité apparente de caractères minéralogiques et de la rareté des fossiles, constituent essentiellement les massifs montagneux, tandis que le terrain subapennin forme les plateaux et les plaines qui aboutissent surtout à la côte septentrionale. Les terrains d'alluvion, variés comme partout, n'atteignent pas de grandes altitudes.

Dans la presqu'île occidentale, le pays montagneux de Kisamos et Selino renferme une grande surface rectangulaire occupée par les talschistes qui de l'Apopighari, point culminant, s'étendent jusqu'à la côte occidentale; elle est bordée au S. par une ramification calcaire des Aspro-Vouna, qui s'avance au-delà de Selino-Kasteli, et au N. par une bande calcaire plus étroite, terminée par l'Haghios-Elias; il en part une ramification qui fait saillie dans la baie de Kisamos. Deux massifs isolés de calcaires gris, forment les Akroteri; celui du cap Spadha est prolongé au S. par des talschistes. Le terrain subapennin remplit les intervalles au S. des Akroteri et forme la pointe de celui du cap Grabousa; sur la côte méridionale, il se retrouve à Selino-Kasteli. Les parties basses de

la plaine de Kadano renferment un dépôt plus récent. Le massif proprement dit des Aspro-Vouna, dont une ramification atteint le golfe d'Almyros, est formé par les calcaires gris; au pied septentrional, il y en a une bande, séparée par un prolongement des talschistes du massif de Selino, qui renferme la plaine de Skenès et Laghia, et se poursuit jusqu'à la baie de Soudha. Les calcaires gris forment encore le chaînon du cap Meleka et le plateau du cap Dhrapano, reliés par le terrain tertiaire de l'Apokorona, du plateau de l'Akroteri et par celui du fond du golfe de Khania, qui vont se rattacher à celui de Kisamos. A l'E. de Sphakia, il y en a un lambeau sur la côte méridionale. Le diluvium est ici plus développé que partout ailleurs, sur la partie occidentale du bas plateau, et dans la plaine intérieure, de Skenès à la baie de Soudha.

Dans la partie centrale de l'île, le plateau accidenté de Rhethymnon est formé au S. par trois crêtes successives de calcaire gris, dont la principale, le chaînon du Krioneriti, relie les Aspro-Vouna au Psiloriti; au N., il y a les deux petits plateaux à l'O. de Rhethymnon et du Vrysinas. Les talschistes se montrent dans les parties plus basses, ainsi qu'un massif de diorite et de serpentine, près de Spele. Le terrain subapennin, très-développé dans le N., entoure les plateaux précédents et les relie aux chaînons du S., entre lesquels il forme aussi de petits bassins isolés à Palæoloutra et à Myrthio. -Les montagnes du Psiloriti, entièrement de calcaires gris, n'offrent les talschistes que dans le fond de quelques vallons, et sur la côte septentrionale au cap Khodhro et près de l'Almyros. Le terrain subapennin, prolongement de celui de Rhethymnon, occupe toute la partie basse du bassin du Mylopotamos; quelques petits bassins isolés sont perdus dans les montagnes d'Amari, près de l'angle S.-O. Le plateau accidenté de Megalo-Kastron comprend au S. le chaînon côtier calcaire du Kophinos, qui n'est qu'un prolongement des montagnes de Lassiti. Au N. de la plaine d'alluvion de Messara, c'est une grande surface tertiaire de laquelle surgissent, sur divers points, des montagnes, les unes talqueuses à Dhamania, et les autres de calcaire gris comme le Karadagh. L'angle N.-E., cependant, est occupé par un plateau de calcaire gris qui s'avance jusqu'au cap Kakonoros, et qui est séparé de la mer par la bande tertiaire de Khersonesos. Les montagnes de Lassiti, entièrement formées par les calcaires, ne laissent guère apercevoir les talschistes qu'au fond du grand vallon de Mirabello, et dans les parties basses de leur revers méridional, à Kalami, où les diorites et les serpentines les accompagnent. L'isthme de Hierapetra, å

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l'exception du noyau central, est occupé par les terrains tertiaires qui s'avancent assez loin vers l'O., sur la côte méridionale. Des dépôts plus récents remplissent les bassins intérieurs de Lassiti.

Dans la presqu'île orientale de Sitia, les calcaires constituent le grand massif dominé par l'Aphendi-Kavousi, et à l'E., le plateau du Dhrisès et de Khandra qui, avec celui du cap Traostalo qui lui est parallèle, forme la côte à l'E. et au S.-E., les talschistes y forment une bande près de la côte septentrionale, un massif à Toplou, et le fond ou les pentes de quelques grands vallons. Le terrain tertiaire occupe une dépression considérable au S. et à l'O. des deux massifs calcaires, sur la côte méridionale; il remplit les parties basses du bassin du Sklavotia, le vallon longitudinal de Karoubès et Zakro, et relie les petits plateaux talqueux et calcaires de l'Akroteri du cap Sidhero.

Depuis mon voyage, l'exploration botanique si importante de M. de Heldreich, en 1846, n'a fourni aucun renseignement nouveau; mais les officiers anglais chargés de relever une nouvelle carte marine, MM. Leycester et Spratt, ont publié deux notes intéressantes relatives à des dépôts récents exhaussés sur les côtes de la partie occidentale.

Les talschistes, les serpentines et les diorites ont une origine ignée, incontestablement démontrée, je crois, par leur état cristallin. C'est dans le sein des mers qu'ont été formés les terrains crétacés et éocène, comme le démontrent, malgré la rareté des gisements, les Rudistes d'une part et les Nummulites de l'autre. Il en est de même pour le terrain subapennin, à l'exception de quelques petits dépôts des éparkhies d’Haghio-Vasili et d'Amari qui, renfermant des Néritines et des Unio, sont au moins d'embouchure, s'ils ne sont exclusivement lacustres. Les alluvions ont des origines très-diverses.

Les talschistes et les terrains crétacés et éocène qui composent les chainons montagneux de la Crète, ont été fortement bouleversés lors de l'élévation de ceux-ci; aussi les strates sont-ils contournés et redressés parfois jusqu'à la verticale, comme dans toute la région méditerranéenne. Le terrain subapennin, au contraire, n'a subi que de faibles dérangements locaux; mais des tassements par dessèchement, ou des mouvements de bascule ont occasionné des changements de niveau, parfois de 500 à 600m, entre les différents points, qui sont alors reliés les uns aux autres par des pentes peu rapides.

CHAPITRE I.

MINÉRALOGIE ET PÉTROGRAPHIE,

4° ESPÈCES MINÉRALES.

La Crète est excessivement pauvre, non-seulement en espèces minérales, mais en minéraux cristallisés. Elle est à peu près réduite aux espèces indispensables pour constituer les roches talqueuses, les diorites et serpentines, et les formations neptuniennes dans leur plus grande simplicité. Tout est connu lorsqu'on a énuméré 15 espèces cristallines, le plus souvent à l'état grenu, d'origine ignée, remaniées ensuite dans le sein des eaux, et 4 ou 5 autres déposées exclusivement par celles-ci. La 1re classe, des gaz (1), ne présente guère que l'air.

Air. Il ne demande ici aucune mention spéciale, puisqu'on peut recourir à la Météorologie.

Gaz inodores et non acides.

Ils se dégagent des Almyros sous forme de

grosses bulles, mais j'ai négligé de les recueillir.

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Hydrogène sulfuré. Il existe dans certains calcaires simples ou magnésiens, et il se manifeste lorsqu'on frappe ceux-ci avec le marteau.

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Eau. Elle a été traitée dans l'Hydrographie et la Météorologie.

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Il doit, comme partout, se former dans les habitations et les

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Sel gemme. Il doit exister dans les montagnes du Psiloriti, ainsi que le démontre l'analyse de l'eau de l'Almyros de Megalo-Kastron, et sans doute aussi dans les massifs de Sphakia et de Lassiti. Sur les côtes, le sel marin se produit dans le creux des rochers par évaporation de l'eau de la mer. Je n'ai pas à revenir sur ce qui a été dit des salines, p. 272.

Alun de plume. - En efflorescences à la surface des phyllades, par suite de l'altération des pyrites, à Spaniako, Epanokhorio, Voukoniès, Phourné, etc.

La troisième classe, des minéraux pierreux, renferme la plupart des espèces minérales qui jouent un rôle important dans l'ile; mais les cristaux déterminables et isolés font presque complètement défaut.

Calcaire.-En petits rhomboèdres jaunes, dans un silex de Malaxa. - Spathique blanc, en veines dans les calcaires primitifs de Roumata, Ergasteri, Dha

(1) D'après la classification que j'ai publiée dans les Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XXI, p. 91. 1836.

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