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aussi n'y rencontre-t-on guère de sources, celles-ci allant sortir à la base, tant à la jonction des macignos et des schistes, qu'à celle des talschistes.

C'est dans les calcaires, comme en Morée, ou à leur voisinage immé. diat, que se trouvent les Khonos (Katavothrons) ou perdoirs d'eau, que l'on rencontre en plusieurs points et dont j'ai parlé p. 368 et suivantes.

Dans les parties recouvertes par une terre végétale un peu épaisse, et souvent argilo-sableuse rouge, l'humidité se conserve dans celle-ci jusqu'aux premières chaleurs de juin; mais à partir de celles-ci, les calcaires n'ayant plus d'humidité à laisser monter de leur intérieur, le sol se dessèche entièrement jusqu'aux premières pluies d'octobre. Dans les bautes montagnes, l'absence de terre végétale et l'aridité des rochers, arrêtent presque toute végétation, même celle des lichens.

Les macignos peuvent seuls renfermer des nappes d'eau, mais de fort peu d'étendue, en raison de leur allure tourmentée; quand aux calcaires, leur état fendillé n'en permet pas l'existence. Il n'y a donc nulle chance d'y voir réussir les sondages artésiens.

Usages économiques. Les macignos et les roches calcaires donnent partout du moellon pour les constructions, et aussi la pierre employée à faire la chaux; lorsqu'on voudra construire des routes, les dernières fourniront d'excellents matériaux. Peut-être pourra-t-on aussi employer comme marbre les calcaires lamellaires de Kritsa. Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai dit précédemment et aussi p. 270, sur les silex arénoïdes exploités comme pierre à aiguiser, sous le nom d'Akoni, dans les temps antiques, près de Naxous, à la naissance de la presqu'île de Spina-Longa, et sous le nom d'Akoniès par les modernes, pendant le siècle dernier à Samaria, au cœur des Aspro-Vouna, et actuellement à Aloudha, près de Spina-Longa. Les gypses rencontrés sur divers points ne m'ont pas paru être l'objet d'exploitations, excepté peut-être dans la presqu'île de Sitia. Végétation. La perméabilité des macignos et leur facilité à retenir les eaux pluviales, leur communique des caractères analogues à ceux des talschistes et des roches ignées. Mais la sécheresse et l'aridité des calcaires forment un contraste très-remarquable, qui se reproduit identiquement sur les calcaires subapennins, et qui en Crète différencie trèsnettement l'ensemble qui nous occupe, surtout dans les parties élevées que ces derniers n'atteignent pas. Je renvoie pour la végétation des dif férentes zones d'altitude, à ce que j'ai dit d'une manière générale en commençant, p. 34.

CHAPITRE VI.

TERRAIN TERTIAIRE PRINCIPALEMENT SUBAPENNIN.

Aperçu général. - Dans l'Europe septentrionale, les terrains tertiaires forment un grand ensemble, plus ou moins continu, mais facilement reconnaissable à ses caractères pétrographiques. Dans la région méditerranéenne, au contraire, ils se partagent en deux groupes bien distincts.

L'un, plus ancien éocène, contenant des Nummulites, a été souvent rapporté, à cause de l'apparence de ses roches et de sa stratification accidentée, aux derniers terrains secondaires auxquels il se lie, plus ou moins intimement, par sa partie inférieure. En Crète, particulièrement, la liaison m'a semblé si intime, comme j'ai eu soin de le dire au commencement du chapitre précédent, que j'ai dû décrire simultanément les assises. qui renferment des Rudistes sur un point, et celles dans lesquelles se trouvent des Nummulites sur un autre.

Le second groupe, plus récent, possède le faciès ordinaire des terrains tertiaires du Nord, et il a été considéré, d'abord et à tort, comme les représentant en totalité; mais depuis 1820, et surtout depuis 1825 et 1828, les travaux de Constant-Prévost et de M. J. Desnoyers ont bien établi son indépendance et sa postériorité. Depuis quelques années, les géologues autrichiens le désignent sous le nom de terrain néogène, que j'emploierai aussi. C'est ce second groupe qu'il me reste maintenant à faire connaître, et que j'appellerai souvent subapennin, parce qu'il renferme, sur un bon nombre de points, des fossiles très-caractéristiques de cet étage, en Morée et en Italie, et quoiqu'il en renferme beaucoup d'autres qui n'ont encore été rencontrés que dans des dépôts plus anciens, correspondant à ceux de Vienne, ainsi qu'aux faluns de la Touraine.

Les rapprochements avec la Morée sont assez faciles à établir; il ne me semble pas que la formation tertiaire des Gompholites de la partie septentrionale, qui atteint jusqu'à 1,800m d'altitude, soit représentée; ou du moins je n'ai aperçu aucune discordance de stratification dans l'ensemble de roches qui a succédé aux calcaires à Nummulites. Celui-ci, qui renferme cependant des poudingues formés aux dépens du terrain crétacé, surtout dans la presqu'ile de Sitia, paraît bien correspondre à la formation subapennine de MM. Boblaye et Virlet, qui n'atteint que 500 d'élévation dans la Messénie et la Laconie.

Les caractères généraux de cette formation dans la Morée, sont ceux de dépôts littoraux au pied des rivages élevés; il en résulte une extrême variabilité de structure et des changements complets à de petites distances. Ce n'est qu'en s'écartant du pied des hautes montagnes qu'on commence à trouver des caractères à peu près uniformes; à la partie inférieure règnent des Marnes bleues, souvent avec Lignite; au-dessus, des Sables ou jaunes et calcarifères, ou verdàtres et micacés; enfin, à la partie tout-à-fait supérieure, des Calcaires à grains fins et presque dépourvus de fossiles, fournissent dans toute la Grèce une pierre de taille d'excellente qualité, désignée, aujourd'hui comme dans l'antiquité, sous le nom de pierre Poros. Cette série appartient aux dépôts formés à quelque distance des rivages élevés; tandis qu'au pied de ceux-ci, les Marnes sont à peu près remplacées par des agglomérats détritiques, et les Calcaires de la partie supérieure par des sables et des Poudingues alternatifs.

« Ces diverses natures de dépôts appartiennent également au Terrain subapennin dans tous les lieux où il a été observé; mais ne le caractérisent pas, attendu qu'elles se retrouvent dans toutes les formations littorales; elles n'indiquent pas non plus des époques distinctes, mais seulement divers états des rivages, en sorte que chacune d'elles peut représenter toute la série; ainsi, lorsque les Marnes bleues se précipitaient dans un golfe ou mer profonde peu agitée, la série contemporaine commençait par des Sables sur les bas-fonds et dans les détroits, et par des Poudingues sur les plages, et les fossiles propres à ces diverses natures de fond caractérisaient plus particulièrement chaque dépôt. Ces changements dans la nature des couches d'une même formation n'indiquent donc pas des soulèvements ou autres révolutions physiques faibles. ou éloignées du lieu de l'observation, mais seulement un changement dans les conditions d'équilibre entre le poids des matières et la force du flot et des courans. >>

Ces lignes écrites par MM. Boblaye et Virlet (1) s'appliquent à la Crète, où les dépôts tertiaires qui nous occupent, forment toutes les parties basses; il y a cependant cette différence que les lignites sont trèspeu développés, et que les calcaires, en raison du peu d'étendue des dépôts, n'ont pas les qualités requises pour les grandes constructions.

Tandis que les talschistes et les calcaires crétacés et à Nummulites

(1) Expédition scientifique de Morée, Géologie, p. 218-19.

constituent les parties montagneuses les plus saillantes de l'ile, le terrain subapennin, au contraire, en forme les parties basses, les plateaux plus ou moins élevés qui relient les premières entre elles, ou qui les bordent en plusieurs points. Habituellement il remplit d'anciennes baies, d'anciens golfes ouverts encore aujourd'hui à la mer, surtout sur la côte septentrionale, comme à Kisamo-Kasteli, à Khania, dans l'Apokorona, ȧ Rhethymnon et dans le Mylopotamo, quelquefois aussi sur la côte méridionale, comme dans la presqu'île de Sitia. Il occupe également le fond de vallons anciennement plongés sous les eaux, comme dans les éparkhies d'Haghio-Vasili et d'Amari, et dans la partie N.-E. de la presqu'île de Sitia. Dans deux parties aussi, de Megalo-Kastron au golfe de Messara, et du golfe de Spina-Longa à Hierapetra, il traverse l'île entière qui était ainsi partagée en trois pendant la période néogène.

Dans la Thrace, la Macédoine et la Thessalie, surtout d'après les observations de M. A. Boué, et en général au N. d'une ligne tirée de l'extrémité méridionale de l'Eubée au Menderé, au S. de Samos, comme l'a fait remarquer le capitaine T. Spratt, les dépôts tertiaires semblent s'être faits dans un grand lac d'eau douce. Au S. de cette ligne, au contraire, en Morée, en Crète, à Rhodes, etc., les formations marines dominent presque exclusivement; les dépôts d'eau douce, entièrement accidentels, ne se sont formés que dans quelques-unes des dépressions isolées, situées entre les chaînons montagneux.

Le terrain subapennin, sur la côte S. du pays de Selino, n'existe qu'à Selino-Kasteli, où il est formé par un très-petit lambeau de marnes grises. Au N., le bassin de Mesoghia est formé inférieurement par des marnes grisâtres, et, supérieurement, par des calcaires grossiers ou compactes assez bien stratifiés. Au cap Grabousa, un lambeau, qui paraît une dépendance de ce bassin, est formé par des calcaires très-compactes, alternant avec de rares lits de calcaire marneux jaunâtre. Le bassin de Kisamos, presque entièrement composé de marnes blanches ou légèrement bleuâtres, présente cependant quelques bancs de calcaire marneux à diverses hauteurs, et notamment dans les parties supérieures. A Kaleriana, près de Kisamo-Kasteli, la partie inférieure renferme des bancs d'un gypse compacte ou grenu qui contient des poissons fossiles, dont j'ai pu me procurer un certain nombre d'échantillons pendant mon séjour. M. Agassiz, qui les a examinés, les croit identiques avec ceux de Sinigaglia. M. Pictet, qui a étudié ceux qui ont été recueillis par M. de Heldreich, les rapporte également au Lebias crassicaudus.

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Au N. des montagnes de Sphakia, le massif de Khania est uniquement formé par des calcaires compactes ou grossiers blanchâtres, en bancs épais et à stratification assez marquée en grand. Le petit bassin de l'Apokorona, qui appartient au même dépôt, est formé, surtout dans sa partie méridionale, par des marnes blanchâtres qui alternent avec des bancs de calcaire compacte souvent marneux; dans la partie septentrionale, les calcaires deviennent plus compactes et les marnes disparaissent presque entièrement.

Dans le plateau accidenté de Rhethymnon, le terrain néogène occupe une place considérable et forme plusieurs bassins. Le premier à l'O. est celui de Roustika; ses bords sont formés par des bancs puissants de calcaire compacte blanchâtre, avec empreintes de coquilles. Cependant, au S. du Vrysinas, il y a d'abord des argiles bleues, puis des molasses jaunâtres, avec grandes Huîtres, et ce n'est qu'à la partie supérieure que se montrent les bancs calcaires. La partie centrale est formée par des alternances de marnes blanchâtres et de calcaires compactes plus ou moins marneux. Le bassin de Rhethymnon, qui se rejoint peut-être avec le précédent, à l'E. du Vrysinas, est composé de la même manière; seulement, les marnes qui alternent avec les calcaires, dans la partie centrale, sont souvent jaunâtres.

Au S. des deux précédents, se trouvent six petits bassins qui ont des caractères particuliers. Celui de Sphakia est formé par de grands bancs de poudingues calcaires grisâtres; à Franco-Castello, cependant, il paraît qu'il y a des couches, soit marneuses, soit calcaires, qui renferment de grandes Huîtres. Les bassins de Preveli et d'Haghio-Vasili sont formés, dans leur partie inférieure, par des marnes bleuâtres, avec petits amas de mauvais lignite, dont on a tenté l'exploitation pendant la domination de Méhémet-Ali. Supérieurement, il y a des molasses jaunâtres, avec un petit lit de calcaire compacte d'eau douce. Les bassins de Melabès, de Vrysæs et d'Asomatos sont surtout formés par des molasses, jaunâtres dans les deux premiers, et grisâtres dans le troisième. Celui de Melabès présente, à sa base, des marnes bleues avec coquilles peut-être marines, et, supérieurement, un lit de calcaire compacte, avec nombreuses coquilles d'eau douce.

Le plus grand dépôt néogène de la Crète, est, sans contredit, celui du plateau accidenté de Megalo-Kastron, qui est limité à l'O. et à l'E. par les montagnes du Psiloriti et de Lassiti, et au S. par la chaîne côtière du Kophines. Dans la partie S.-E., il est formé par d'immenses

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