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CHAPITRE VII.

TERRAINS D'ALLUVION.

Aperçu général. - Les roches neptuniennes étudiées jusqu'à présent, forment des assises plus ou moins régulières qui ont été déposées dans des nappes d'eau tranquille analogues tant à la Méditerrannée, du milieu de laquelle s'élève la Crète, qu'aux lacs d'eau douce situés sur le trajet des cours d'eau qui viennent se perdre dans cette mer. Il n'en est pas entièrement de même pour celles qu'il nous reste à examiner; car une certaine partie des dépôts a été faite dans des nappes d'eau trèsprobablement passagères, ou bien sur le trajet des cours d'eau qui sillonnent encore aujourd'hui par intervalles les vallons de la Crète.

L'observation des faits amène a reconnaître que, postérieurement au dépôt des derniers terrains tertiaires, la surface de l'Europe a été sillonnée par des courants d'eau d'un volume et d'une violence extraordinaires. Ceux-ci ont d'une part achevé le façonnement des vallées préparées par les bouleversements de l'écorce du globe, qui ont donné naissance aux chaînes de montagnes, et de l'autre opéré des dénudations, et creusé les vallons qui existent au milieu des dépôts, encore plus ou moins horizontaux, des plateaux et des plaines; on peut encore leur attribuer le creusement partiel et l'achèvement des cavernes qui avaient été ébauchées lors des révolutions qui ont façonné le relief de l'île.

Le second effet de ces courants a été la production d'une grande quantité de débris, qui subdivisés, roulés et lotis par l'action des eaux, ont été déposés par elles sur les surfaces dénudées, dans les vallons et, certainement pour la plus grande partie, sur le fond des mers où ils échappent forcément à nos investigations. Ces remblais constituent le terrain diluvien ou diluvium, formé de cailloux roulés, de graviers, de sables et de limons mal stratifiés et accompagnés de blocs erratiques. Il n'est pas toujours facile de distinguer ces dépôts diluviens, des alluvions et des atterrissements qui se forment journellement sous nos yeux. Cependant lorsqu'on les observe un peu en grand ils présentent presque toujours, soit une plus grande importance sous le rapport de l'étendue du dépôt, de la puissance et du volume de certains éléments, soit une hauteur au-dessus du fond des vallées très-supérieure à celle que peuvent atteindre, dans leurs plus grandes crues, les cours d'eau qui les sillonnent; enfin, ils renferment souvent des débris d'animaux

qui n'existent plus, au moins dans les contrées où leurs ossements sont enfouis.

Les alluvions ou dépôts postérieurs à la dernière grande catastrophe géologique, sont surtout caractérisées par leurs relations avec les causes dont nous voyons les effets se continuer journellement, et enfin par la présence d'êtres qui se rapportent aux espèces qui vivent encore dans les mêmes contrées, et notamment de débris de l'homme accompagnés de traces de son industrie.

Les terrains d'alluvion, ainsi qu'on a pu le pressentir facilement, se divisent en deux catégories successives, le diluvium ancien, auquel se rattache en partie la terre végétale, et les alluvions actuelles; celles-ci, soit d'après leur nature soit d'après leur état, se divisent en Crète, en plusieurs sortes synchroniques les unes des autres : le terrain détritique, les alluvions et atterrissements fluviatiles, et enfin les alluvions marines tant récemment émergées, que plongées encore dans le sein de la mer. On peut encore y rattacher les actions érosives des eaux.

Au pied des montagnes de Sphakia, les plateaux tertiaires, entre le prolongement méridional des montagnes du cap Spadha et la rivière Platania, et peut-être même jusqu'à Khania, présentent un dépôt diluvien formé par des sables argileux jaune-rougeâtre, avec nombreux cailloux et blocs de la grosseur de la tête, quelquefois même métriques, de quartzites talqueux du terrain primitif. La grande plaine de Khania, qui s'étend de Lakous à la baie de Soudha, renferme un dépôt de sable argileux rouge, avec cailloux roulés quartzo-talqueux, qui paraît contemporain des dépôts précédents.

Les terres végétales qui recouvrent les talschistes paraissent formées aux dépens de ces roches; mais celles que supportent les calcaires durs, soit secondaires, soit tertiaires, ne participent pas du tout de la nature de ces roches; elles sont argileuses, rougeâtres, et à peu près les mêmes partout; je suis disposé à les considérer, tant comme diluviennes, que comme transportées par les vents, pendant la période actuelle.

Les alluvions des ruisseaux et des torrents sont formées aux dépens des roches qui existent dans leur bassin hydrographique, et je n'ai pas remarqué qu'il en fût autrement.

La côte septentrionale, entre les caps Grabousa et Dhrapano, présente sur beaucoup de points des calcaires grossiers et des conglomérats coquilliers, ou bien des sables avec des bancs de poudingues, qui appartiennent à une époque assez récente, et qui s'élèvent jusqu'à 20 à 30

mètres au-dessus du niveau de la mer. Ces dépôts, sur plusieurs points, sont découpés par des vallons, et sembleraient ainsi antérieurs aux derniers évènements qui ont donné au sol ses formes actuelles. C'est dans ce terrain qu'a été trouvé près de Kbania, le squelette humain envoyé à l'Académie des sciences par M. Caporal en 1837. Ces dépôts récents de calcaire grossier et de conglomérat coquillier, se sont retrouvés sur un grand nombre d'autres points à l'E., notamment dans les environs de Rhethymnon, de Megalo-Kastron et de Malia.

La côte méridionale présente aussi sur beaucoup de points des sables avec des bancs de poudingues, mais en bandes étroites et fréquemment interrompues, les montagnes calcaires tombant souvent à pic dans la mer. A Hierapetra, ces dépôts sont exceptionnellement plus développés.

Enfin sur beaucoup de points des côtes, les rochers présentent jusqu'à 5 à 6 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer, des agrégats de Serpules et des trous contenant encore des mollusques perforants, qui indiquent un élévation récente du sol.

Roches. Comme dans les chapitres précédents les trois séries n'ont pas été scindées, à la faveur de quelques transpositions.

-

Poudingue quartzo-talqueux. tre, Selino-Kasteli; gris-verdâtre,

A ciment de calcaire grossier, gris-jaunâ-
Ghoudhsero.

Poudingue quartzo-calcaire. Gris-jaunâtre, Megalo-Kastron; brunâtre,

Souia.

Poudingue serpentineux et siliceux. - Gris-verdâtre, Hierapetra.

Grès quartzo-calcaire. Jaunâtre, Khania, Rhethymnon, Gaudhos.

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Sable quartzeux. Rouge, Haghia-Triadha; jaune-grisâtre, Almyros de Rhethymnon. Calcaire : jaunâtre, Khalepa, Gaudhos. Argileux: rouge, Khania, Dhamasta, Malia, Gaudhos.

Sable quartzo-lalqueux. Jaune-grisâtre, Kalyvès; rouge, Alykianou. Sable quartzeux avec fer oxydulé. Brunâtre, Hiasmata.

Sable quartzeux avec cailloux de ponce.

Jaunâtre, Mesoghia, Khania, Kalyvès, O. de Rhethymnon, Megalo-Kastron, E. de Kakonoros, golfe de Sitia, Ghoudhsero, Selino-Kasteli.

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Calcaire sableux.

- Grossier, jaunâtre; Megalo-Kastron, Hierapetra, Selino

Kasteli, Gaudhos; brunâtre, Haghios-Paulos.

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Poudingue calcaréo-siliceux. Gris, Haghios-Paulos. rougeâtre, Mesoghia.

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Accidents minéralogiques. Les minéraux à l'état cristallin, compacte ou terreux, qui forment les terrains d'alluvion en Crète, sont le quartz et le talc empruntés aux roches antérieures; à l'état remanié, le premier surtout compose les roches arénacées. L'argile pure ou sableuse existe sur quelques points. Le calcaire à l'état compacte du terrain crétacé, forme des galets et entre dans la composition des poudingues; à l'état grossier il forme quelques bancs. Comme espèces disséminées, empruntées à des roches plus anciennes, j'ai rencontré en outre sur les plages, la ponce en fragments roulés apportés des îles de l'Archipel par les vagues, et le fer oxydulé à l'état de sable très-fin, à l'embouchure du Hiasmata.

Diluvium.

Le plateau, sillonné par un assez grand nombre de vallons, qui s'étend du Nopiano-Potamos à l'extrémité occidentale de la grande plaine de Khania, est recouvert d'un manteau diluvien qui s'étend des talschistes sur le terrain néogène. Au S.-O. de Spelæa et vers Voukoniès, ce sont des sables argileux rouges, très-épais, renfermant une grande quantité de blocs de quartzite talqueux de la grosseur de la tête, et même quelquefois d'un mètre cube. Entre le vallon du Tavroniti et Vatolako les sables argileux sont jaune-rougeâtre, et les cailloux roulés ont habituellement la grosseur du poing ou de la tête.

A un niveau inférieur de 100m environ, se trouve la grande plaine fort unie de Khania, dont l'extrémité occidentale à Alykianou, est prolongée au S. par celle de Skenès. Le sol de toutes deux est formé par des sables argileux plus ou moins fins, jaune-rougeâtre, renfermant des cailloux roulés et des blocs assez gros, surtout visibles dans le lit des torrents; l'un d'eux, au pied de la colline schisteuse qui sépare en partie la plaine de Laghia, montre de petits escarpements de 4 à 5m de hauteur, de sables argileux et talqueux rouge (931), grossièrement stratifiés, employés à faire des poteries, et renfermant des cailloux de quartzite et de talschiste. De ce point jusqu'au-delà du Kladiso, le sol est formé par des sa

bles jaune-rougeâtre avec cailloux roulés de talschiste et de quartz, visibles sur divers points. Entre Khania et Nerokourou, et jusqu'à la baie de Soudha, on voit tantôt des sables jaunâtres, et tantôt des argiles sableuses jaune-rougeâtre ou rouges avec cailloux semblables aux précédents. (930).

Sur les parties hautes du plateau de l'Akroteri du cap Meleka, les calcaires néogènes présentent seulement des terres argilo-sableuses brun-rougeâtre; mais dans les parties basses septentrionales qui touchent au chaînon montueux, de Koraphakhia à Haghia-Triadha, il y a un dépôt fort épais de sable rouge (932), qui masque entièrement les roches sous-jacentes.

Au S. du golfe de l'Almyros, les bas plateaux qui entourent Dhramia sont aussi recouverts d'un épais dépôt de sables argileux rouges avec cailloux de quartzite, qui se relient aux sables de la plaine littorale.

Au S. de Rhethymnon, la haute plaine unie d'Armenous est occupée par un dépôt sableux qui recouvre probablement des calcaires tertiaires. Dans la plaine d'Haghio-Vasili aussi, de Palæoloutra jusqu'au-delà de Koxaré, un dépôt est formé aux dépens des quartzites schistoïdes; beaucoup plus loin, au S.-E., le col de Krya-Vrysis offre aussi des dépôts sableux.

Les plateaux subapennins situés entre Rhethymnon et le massif du Psiloriti, sont en partie recouverts par un dépôt analogue; de la plaine sableuse de Perivolia on monte sur une colline formée, ainsi que le plateau entre Loutra et Amnato, par des sables argileux rouges à débris primitifs. Il en est de même sur le plateau qui s'étend du Hiasmata jusqu'au-dessus de Perama.

La plaine de Kastel-Pedhiadha qui longe le pied occidental des montagnes de Lassiti, est également occupée par des dépôts diluviens. A l'extrémité septentrionale, devant Peghaïdhouri, des ravins laissent voir, sur 3 à 4m d'épaisseur, une argile sableuse jaune veinée de grisâtre (934), avec graviers et cailloux quartzeux. De Kastel-Pedhiadha à Panaghia, le sol ne présente que des sables rouges ou rougeâtres avec débris du terrain talqueux.

La plaine de Messara est essentiellement formée dans ses parties basses, par un dépôt sableux renfermant habituellement des fragments des roches sous-jacentes. Dans la partie occidentale, le chemin de Klima à Dhibaki passe au milieu de sables argileux rouges avec nombreux débris de macigno et de calcaire gris. Sur le côté opposé, entre Vodia et Alithi

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