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nié, ce sont des argiles sableuses rouges avec fragments roulés des mêmes calcaires. Vers le milieu de la longueur, au point de partage des bassins du Hiero-Potamos et de l'Anapodhari, entre Asémi et Sternès, la plaine, sur plus de un demi-myriamètre de largeur, offre un sol argilo-sableux rougeâtre, avec nombreux débris de macigno. Entre Pyrathi et Mesokhorio, elle est assez étranglée et uniquement formée de débris de macigno et de jaspe.

La plaine, de près de 2 kilomètres de largeur, sur le bord de laquelle est située Hierapetra, est formée par des sables et graviers siliceux et calcaires, d'abord jaune-rougeâtre, puis noirâtres avec cailloux (979), qui, du pied des montagnes, viennent recouvrir la ville antique; le large vallon qui met en communication facile les deux côtes, présente aussi des sables jaune-rougeâtre qui renferment des cailloux, au N. du col.

Dans la presqu'île de Sitia, le plateau de Pervolakia, sur la côte méridionale, est couvert de blocs de quartzite gris-verdâtre avec filons de quartz et d'amphibole, dont l'origine est problématique. Enfin, à la base de l'Akroteri du cap Sidhero, le plateau de Toplou porte, au S.-E. du monastère, une grande quantité de cailloux et de blocs talqueux et de calcaire gris.

Terre végétale.

En Crète, quand le sous-sol est tendre ou friable, ce qui n'est pas très-fréquent, la terre végétale est formée par les produits de sa désagrégation, qui prennent des teintes généralement plus jaunâtres que la roche vive, quelquefois noirâtres par suite de la présence d'une quantité considérable d'humus. Quand le sous-sol est résistant, ce qui arrive presque partout, le sol arable est constitué, même lorsque le diluvium ne forme pas de nappes épaisses, par des terres argileuses ou argilo-sableuses, rouges ou brun-jaunâtre, tout aussi bien sur les talschistes que sur les calcaires durs secondaires et tertiaires, ainsi que j'ai déjà eu soin de le dire p. 211, en parlant du sol au point de vue agricole. Je n'ai pas à revenir sur les différentes sortes de terres végétales décrites à la page suivante; il ne me reste qu'à parler de son origine qui, le plus souvent, participe à la fois de celles du diluvium et des alluvions.

Dans les parties basses de l'île, ces terres rouges semblent être le dernier résidu des eaux diluviennes; elles auraient été déposées postérieurement au façonnement du relief actuel du sol, car elles se trouvent, tant sur les parties horizontales que sur les pentes qui les terminent, ou dans les vallées et les vallons qui les sillonnent.

Dans les parties élevées, il pourrait en être souvent autrement. En Morée, dit Boblaye (1), « une terre rouge calcarifère et ferrugineuse, se rencontre jusqu'aux sommets des pics les plus élevés, mais seulement à la surface des Calcaires secondaires. Nous croyons devoir attribuer sa formation à la décomposition des Calcaires secondaires par l'aura maritima et les agents atmosphériques ». Je ne pense pas qu'une pareille hypothèse soit applicable à la Crète; en voyant, en 1845, des parties de la surface des hauts plateaux et des montagnes, exclusivement formées par des calcaires assez purs, compactes ou légèrement grenus, recouvertes par des terres végétales brun-rougeâtre, très-fines, de nature argileuse et sableuse, je n'avais pu me rendre compte de leur présence en ces lieux, qu'en supposant qu'elles étaient le résultat de l'accumulation de matières pulverulentes transportées par les vents, et empruntées à d'autres points de l'île, souvent à une altitude inférieure. Aussi est-ce avec le plus grand plaisir que j'ai vu paraître les observations de M. Virlet sur un terrain d'origine météorique ou de transport aérien qui existe au Mexique, et sur le phénomène des trombes de poussière auquel il doit principalement son origine (2); elles viennent en effet confirmer de la manière la plus complète l'hypothèse que j'avais faite, et que je regardais seulement comme très-probable.

Sur les dépôts détritiques et les alluvions fluviatiles, les parties meubles qui les composent forment les éléments les plus importants de leur sol végétal.

Erosions superficielles.

Les rochers calcaires exposés à l'action des eaux pluviales présentent des surfaces corrodées et creusées de sillons et de rigoles plus ou moins profonds, tortueux, irréguliers et entrecroisés, semblables à ceux qui sont connus sous les noms de lapiaz en Savoie, et de karrenfelder dans les Alpes allemandes. Sur les parties élevées des montagnes, les eaux acidulées à la faveur de l'acide carbonique, creusent seules ces sillons, tandis que dans les parties basses les sables et les graviers qu'elles charrient, leur viennent en aide. Les fissures qui divisent le sol favorisent la production de ces sillons; aussi affectent-ils, ainsi que les mamelons qui les séparent, des formes très-accidentées, avec des étranglements et des

(1) Expédition scientifique de Morée, Géologic, p 336.

(2) Bull. de la Soc, Géol. de France, 2me série, t. XV, p. 129 à 136 et 139.

renflements nombreux. Quand la roche est d'une dureté inégale, l'eau attaque plus promptement les parties tendres et y creuse des cavités irrégulières souvent larges et profondes. Quelquefois, les petits mamelons même qui accidentent la surface des roches, ont leur surface entièrement couverte de sillons d'un centimètre de largeur et d'une profondeur à peine de moitié, qui simulent, dans des proportions on pourrait dire microscopiques, les vallons qui descendent en divergeant des sommets des grands massifs montueux, comme le Cantal ou l'Etna. C'est ce que j'ai eu occasion d'observer, tout aussi bien au sommet du Kouloukouna à 1,092, que dans les environs de Kritsa, à environ 200 d'altitude. En France, j'ai eu depuis l'occasion d'observer des accidents semblables de dissolution superficielle, sur les calcaires à Nummulites des pentes méridionales de la Montagne-Noire.

Les sommets et les pentes ne présentent pas d'autres configurations dans les différents massifs montagneux de la Crète. Nulle part je n'ai rencontré ces surfaces moutonnées, doucies, polies ou striées qui, dans les hautes vallées des Alpes, sont attribuées à une ancienne et plus grande extension des glaciers. Je n'ai aperçu de surfaces usées que sur les parties inférieures des parois de ces gorges profondes, désignées sous le nom de Pharangha, par lesquelles, dans la saison des pluies, s'échappent les torrents que celles-ci occasionnent. Le plus remarquable sous ce rapport, ainsi que je l'ai dit p. 368, est celui d'Haghia-Roumeli, dans lequel les parois sont polis jusqu'à une dizaine de mètres au-dessus du fond, et où les lits et rognons siliceux en saillie sont eux-mêmes fortement usés.

Terrain détritique.

Dans tous les pays de montagnes il se produit, au pied des grands escarpements, des accumulations plus ou moins considérables de fragments toujours anguleux, plus ou moins gros, analogues à ces immenses éboulis désignés sous le nom de Chaos dans les Pyrénées. En Crète, ces éboulis, presque toujours calcaires, sont assez fréquents; les moins anciens sont habituellement presque dépourvus de végétation; les autres, malgré celle-ci, se reconnaissent d'assez loin à leurs longues pentes droites plus ou moins rapides; ils forment parfois de petits contreforts sur le pourtour des massifs et dans leurs larges vallons. Les plus remarquables m'ont semblé s'étendre au pied du flanc occidental de l'Aphendi-Kavousi, de l'une à l'autre côte. Au S. des Aspro-Vouna, la pente, dite Sloudha, située entre le plateau d'Aradhena et la plage d'Haghios-Paulos, pré

sente aussi de grands talus rapides d'éboulement, de 200 à 300m d'élévation. Dans la plaine de Lassiti, de grandes pentes de ce genre existent aussi à l'angle S.-E., au pied de la masse du Spathi, depuis le débouché du torrent du Katharos; le sol du Limnokharo, incliné fortement au N.-E., semble lui-même n'en être qu'un prolongement pour une partie, l'autre étant formée dans le bas par des sables grossiers et dans le haut par des cailloux et poudingues.

Des éboulements se produisent aussi dans les talchistes, quand ils ont été fortement détrempés par les eaux pluviales et lorsque la direction de la stratification vient en aide. Je rappellerai celui qui, vers 1837, descendit du flanc oriental du grand vallon du Tavroniti et occasionna la formation d'un petit lac entre Roumata et Voukoniès; en 1845, il paraissait s'accroître encore journellement, et sous une pente générale de 8o, le côté d'amont était formé par des matériaux fins constituant une boue talqueuse gris-verdâtre, tandis que le côté d'aval présentait des blocs assez gros.

Alluvions fluviatiles.

Par suite de l'action destructive, peu intense en ce moment dans les montagnes, et de l'encaissement, en général considérable, des cours d'eau de la Crète, ceux-ci laissent s'accumuler peu d'atterrissements sur leur fond; c'est seulement lorsque ce dernier est de niveau avec la plaine, qu'ils y étalent les détritus qu'ils charrient pendant les débordements d'hiver.

Les vallons que j'ai eu occasion de traverser et de parcourir m'ont offert des cailloux roulés formés aux dépens des roches de leur bassin hydrographique, ou bien empruntés aux nappes diluviennes voisines. Ainsi, le Tavroniti, au-dessus de Voukoniès, coule tantôt sur des boues talqueuses et tantôt sur des sables, des cailloux et des blocs de quartzite talqueux et de talschiste. En aval du village, ces matériaux remontent un peu sur les parois du vallon et s'étendent dans la plaine littorale. De même, au débouché du lit du torrent de Katokhori, les cailloux primitifs des environs de Dhrakona s'étalent dans la plaine de Stylo.

Le grand vallon de Moni à Souia offre un sable talqueux assez fin, avec de gros blocs de talschistes et de calcaires gris; à 2 kilomètres environ de la côte, il s'élargit et présente des bancs, des amas irréguliers et des roches d'un poudingue talqueux et calcaire brunâtre (940), évidemment formés par l'interposition d'un ciment calcaire. Les roches dures sont

également fort développées dans les élargissements du grand vallon d'Haghia-Roumeli; dans la plaine inclinée de Samaria, le lit du torrent est enfoncé de plusieurs mètres dans les bancs d'un poudingue calcaire grisâtre, formé évidemment à une époque et corrodé à une autre plus récente; dans celle d'Haghia-Roumeli, le sous-sol est souvent formé aussi par des poudingues très-durs, à ciment de calcaire compacte grisjaunâtre, parfois entièrement semblables à ceux du terrain tertiaire; ceux que l'on voit dans le lit du ruisseau se relient à ceux qui, plus bas, entrent dans la composition de la plage. - A Komitadhès encore, le fond du Pharanghi, à son débouché sur la terrasse tertiaire, présente des poudingues de calcaires grenus fort durs, grisâtres (941), assez mal stratifiés.

Dans l'éparkhie d'Amari, un dépôt de cailloux roulés, souvent de la grosseur de la tête, soit talqueux soit calcaires, occupe le fond de la petite plaine de Visari, et se suit dans le vallon du Platy, sur le chemin de Messara.

Le lit du torrent de la plaine de Lassiti renferme de nombreux fragments roulés calcaires; d'abord de la grosseur de la tête au débouché du Pharanghi du Katharos, ils sont réduits graduellement à la grosseur d'une noix, et même à l'état de simples graviers mélangés d'argile, à leur arrivée au Khonos, à l'autre extrémité de la plaine.

Enfin, dans la plaine du Sklavotia à Piskokephalo, les sables renferment des cailloux surtout talqueux et calcaires; il y en a aussi de verts qui sont probablement de même nature que les blocs de quartzite verdâtre et de diorite à grain fin verdâtre, qui sont sur les collines voisines.

Alluvions marines émergées.

Presque toujours placées au-devant des terrains néogènes, elles se composent d'abord de dépôts élevés de plusieurs mètres au-dessus de la Méditerranée, surtout dans la partie occidentale, et ensuite de ceux auxquels ils ont l'air de se relier, et qui se forment journellement sur les plages, à l'aide des atterrissements apportés par les cours d'eau dans la saison des pluies, et des matériaux arrachés journellement aux falaises par l'action des vagues. Le phénomène des dunes toutefois ne se produit que d'une manière rudimentaire, sans doute par suite de l'absence de vents propices et de véritables marées.

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Côte septentrionale. Au fond de la baie de Kisamos, les rochers de calcaire gris du pied des montagnes de l'Akroteri du cap Grabousa, ne

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