Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

de la hauteur et de la continuité de ses montagnes, et de l'étendue de l'arc terrestre qu'il embrasse, un des reliefs les plus remarquables du continent européen. Sa direction, dans la Grèce, comptée sur le méridien de Corinthe, nous a paru être à-peu-près N. 42° à 45° 0., et ne différer que de 2o à 3o de celle attribuée par M. Élie de Beaumont au Système du Morvan et du Boehmerwaldgebirge. Au midi de l'Olympe, on retrouve exactement la même direction dans les monts Kissovo (Ossa), Mavrovouni (Pélion); dans la longue chaîne de l'Eubée; dans les îles d'Andros, de Tine, de Mycone, de Sténosa, d'Amorgos, de Stampalie et peut-être aussi de Scarpenthos. La trace de cette direction de soulèvement a été presque entièrement effacée dans le Péloponèse par les grandes lignes du système Pindique. — Système Pindique. La direction de ce système est environ N. 24° à 25° 0. Le système du mont Viso, qui s'en rapproche le plus par sa direction, ne fait avec notre méridien qu'un angle de 14° à 15° 0.; cependant les époques de soulèvement paraissent bien être les mêmes. La chaîne du Pinde, axe principal de ce système, court dans la Grèce continentale, depuis l'extrémité septentrionale de l'Albanie, vers Novi-Bazar, jusqu'à Lépante, et de là se prolonge dans la Morée, par les montagnes de l'Arcadie et la chaîne du Taygète, jusqu'au cap Matapan, extrémité la plus méridionale de l'Europe. En Morée, ce Système forme d'autres rides parallèles : ce sont, d'un côté, la chaîne Messénique, du cap Gallo à Arcadia; et de l'autre côté, ou au levant, la chaîne Monembasique ou des Malévos, qui s'étend depuis le cap Malée jusqu'au Ziria et dessine toute la côte orientale de la Morée. »

La Crète présente infiniment plus d'analogie orographique avec le N. de l'Afrique, situé à une beaucoup plus grande distance à l'O., mais dans son prolongement. En effet, d'après M. Renou, en 1848, le Système le plus ancien qui se remarque en Algérie est celui des Pyrénées; toutes les principales montagnes en portent l'empreinte à divers degrés. Les environs d'Alger montrent une direction N. 25 à 30° E., qui est celle des Alpes occidentales, et cette ligne, prolongée au sud, passe par le Djebel-Amour, et se continue même au loin dans le désert par un bombement du sol. Dans l'empire de Maroc et dans l'état de Tunis, ce soulèvement est fortement accusé par les principales masses de montagnes. Celui des grandes Alpes, beaucoup plus important, traverse les trois États de Maroc, Alger et Tunis, et il n'est presque pas de montagne, de colline, de plaine, qui n'en porte plus ou moins la trace. En 1858, M. Pomel a reconnu le Système de l'Erymanthe au S. et à l'O. d'Alger.

ADDITIONS.

Le désir de ne pas terminer mon travail sur la Crète avant la publication de la seconde feuille de la grande carte de l'Amirauté anglaise qui a éprouvé d'assez longs retards, les recherches que j'avais à faire pour compléter la partie botanique, et aussi diverses occupations urgentes, m'ont fait suspendre l'achèvement de mon ouvrage, après la publication de la partie géologique, en novembre 1860 et juillet 1861.

En reprenant l'impression six années après, j'ai à tenir compte d'un ouvrage en deux volumes publié vers la fin de 1865, sous le titre de Travels and Researches in Crete par le capitaine T.-A.-B. Spratt, qui a fait exécuter la plus grande partie des relevés de la carte que je viens de mentionner.

Cet auteur est le premier qui ait intercalé des indications géologiques nombreuses dans le cours de ses descriptions principalement archéologiques, et qui ait donné à la fin un aperçu général, accompagné d'une carte géologique dressée à une échelle un peu plus petite que celle que j'ai fait graver.

L'auteur, en suivant dans l'intérieur de l'île des itinéraires assez souvent différents des miens, et en faisant par mer une étude spéciale des côtes, a pu observer un certain nombre de faits dont je n'ai pas eu connaissance; je crois donc devoir compléter mon livre par des traductions textuelles d'extraits se rapportant à diverses localités que je n'ai pas visitées et que je donnerai dans l'ordre de succession des terrains que j'ai adopté; seulement je ferai deux chapitres spéciaux, l'un pour les dépôts tertiaires d'eau douce que je n'avais rencontrés que dans un petit nombre de points, et l'autre pour les phénomènes qui accusent des changements de niveau sur les côtes de la Crète, depuis le commencement de l'époque historique.

Ces extraits seront donc ainsi répartis :

Talschistes et roches ignées antérieures au terrain crétacé.
Macignos et calcaires noirâtres crétacés et éocènes.

Terrain tertiaire principalement subapennin.

Dépôts tertiaires d'eau douce.

Terrains d'alluvion.

Changements de niveau récents.

Ch. II et III.

TALSCHISTES ET ROCHES IGNÉES ANTÉRIEURES AU TERRAIN
CRETACE. (P. 474-501)

II, p. 184 (1).. << Les montagnes de ces deux districts occidentaux (Kissamo et Selino) sont différentes en général d'une manière si marquée de celles d'Omalo, tant en caractères qu'en couleur, que je m'arrête ici pour en donner une courte description. Elles sont presque entièrement composées d'une masse d'argiles schisteuses et de schistes bruns, rouges et pourpres, d'une nature très-friable dans quelques chaînons, et très-endurcie dans d'autres. Ces séries de roches sont aussi plus largement développées ici, que dans aucune autre partie de la Crète, par suite de leur caractère d'endurcissement. Interstratifiées avec elles se trouvent des masses de calcaires gris, et quelquefois de conglomérats, du même âge, aussi bien qu'une masse de gypse près du cap Krio; elles sont apparemment les membres les plus supérieurs de la série à Hippurites, et plongent à l'O. et au N.-O. sous diverses inclinaisons, quoique jamais au point d'accuser des poussées volcaniques voisines. »

-

II, p. 175. « Le caractère géologique des montagnes est ici changé (en montant de Lakho à Omalo); des argiles schisteuses sombres et des roches schisteuses formant de plus bas chaînons, on passe à un calcaire compacte gris et stratifié. Les collines plus basses ne résultent cependant pas de la venue au jour des strates plus inférieures, mais en apparence d'un abaissement des séries supérieures à ce niveau. »

II, p. 73. Anoya. « Nous traversâmes la vallée étroite et tombâmes dans un sentier en zig-zag suivant sur le flanc escarpé d'un faîte de couches d'ardoise brun-rougeâtre; en vingt minutes nous atteignîmes le village perché sur le bord supérieur d'un territoire cultivable situé sur le flanc septentrional de l'Ida, où la culture est principalement pratiquée sur d'étroites terrasses, le long des côtés d'innombrables faîtes étroits qui, semblables aux racines fibreuses d'un grand arbre, partent ici de la base de la montagne.

< Ceci, cependant, est dû à la présence de couches de roches schisteuses et d'ardoises recouvrant le calcaire gris à Hippurites, au lieu d'une surface formée de grandes masses de ce dernier, comme c'est le caractère plus général des pentes de l'Ida. >>

(1) Ces numéros indiquent les volumes et les pages de l'ouvrage de M. Spratt.

II, p. 68. « Gonies est situé haut, sur le faîte occidental limitant cette vallée encaissée qui conduit à une gorge (vers Dylisso); la vallée pour la plus grande partie consiste en un terrain pauvre, et est entourée par des roches schisteuses et d'argile schisteuse bouleversées et de serpentine, qui, ici a repoussé, tordu et fortement décoloré les roches en contact avec elle. Nous voyageons sur un amas de cette serpentine pendant plus d'un quart de mille, lorsque nous traversons la vallée au pied de la colline de Gonies. »

I, p. 22. «< Vorus est situé au haut d'un long vallon qui conduit de la plaine ou vallée de Gortyne, à une brèche étroite ou col séparant une colline de serpentine des argiles schisteuses sombres, des schistes et des calcaires semi cristallins, plissés et contournés qui supportent la grande masse de strates horizontaux gris de calcaires sans fossiles qui s'élève de là jusqu'aux crètes de l'Ida. »

I, p. 94. Juste au-dessus du village de Xidhia ou Xidhi, la colline de Lyttus est une sorte de poste avancé et d'éperon plus bas des montagnes de Lasethe, composé principalement d'argiles schisteuses friables et de schistes d'un brun foncé, bleus et de couleur grise, qui ont une forte inclinaison; ces roches plongent presque verticalement au N.-O., et paraissent appartenir à la série supérieure des roches nummulitiques existant en Crète. }}

II, p. 353-354. — « La série suivante de roches, formant de grandes surfaces, mais des groupes de collines et de chaînes beaucoup plus bas que la première (celle des calcaires) consiste en schistes bruns, gris et verdâtres, en quartzite, et argiles schisteuses, d'une épaisseur considérable, très-bouleversés, plongeant quelquefois sous de forts angles, et ayant des roches volcaniques qui les traversent en plusieurs endroits, comme à l'extrémité orientale de la Crète, à Eremopoli, dans le centre, soit sur les bases septentrionales et méridionales de l'Ida, soit à Kaloi Limenes ou Beau-Port, et aussi dans l'extrémité occidentale de l'île près de la rivière Platanos, comme le montrent les couleurs sur la carte qui accompagne l'ouvrage. Quelques-unes des roches schisteuses semblent être micacées, d'autres contenir seulement des paillettes d'argile schisteuse endurcie, brillante, fort semblable au mica, et donnant ainsi à quelques parties de ces groupes, combiné avec leur endurcissement, une apparence minéralogique qui donne l'opinion qu'elles sont beaucoup plus anciennes que les masses calcaires sur les flancs desquelles elles sont situées, quoique le sens de leur inclinaison, là où je l'ai observée,

semble dans la plupart des cas dénoter le contraire. M. Raulin, un géologue français qui a récemment étudié la géologie de la Crète, considère quelques-unes d'elles comme étant même de l'époque Paléozoique, et par suite comme n'étant pas de simples roches métamorphiques, produites par la pression et la chaleur sous-jacente; ce que je suis disposé à croire la véritable explication de l'apparence minéralogique et de l'état d'une grande portion d'entr'elles ; et je les estime en grande partie plus nouvelles que les calcaires appelés Scaglia. D'ailleurs, quelques-unes contiennent des masses d'un calcaire dur fossilifère avec Nummulites, qui après s'être amincies et étendues à une certaine distance au milieu d'elles, disparaissent et sont remplacées par des argiles schisteuses friables ou des schistes endurcis, qui à leur tour semblent de nouveau remplacés par les mêmes calcaires.

Certains de ces schistes et argiles schisteuses, cependant, semblent supporter la Scaglia; tandis que d'autres, la plus grande partie, semblent indubitablement reposer sur elle, et sont ainsi plus nouveaux, et, d'après leurs positions, paraissent comme s'ils avaient été rejetés, ou jetés en bas de la première pendant son élévation. Ils sont par suite vus reposer sur les flancs des masses de Scaglia, où de grandes failles et des déplacements les ont laissés, et n'ont pas été ainsi déposés autour d'elles comme on les trouve maintenant, bien qu'elles puissent être plus nouvelles, et représenter peut être une époque géologique distincte. >

M. le capitaine Spratt cite la Note sur la constitution géologique de l'ile de Crète que j'ai publiée en mars 1856 (1), mais il ne paraît pas avoir eu connaissance des diverses parties de ma Description physique de l'île de Crète qui ont paru, de la fin de 1858 au milieu de 1861, dans les Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux.

Dans une première lettre insérée dans les Berichte de Vienne, en mars 1848, et dans la Note ci-dessus j'ai nettement indiqué, et dans la Description je crois avoir bien établi, que les terrains schisteux de la Crète se divisent en deux groupes bien distincts: l'un cristallin talqueux que j'ai rapporté, non à l'époque paléozoïque comme l'avance M. Spratt, mais bien aux terrains primitifs supérieurs, formés antérieurement à l'existence des ètres vivants; et l'autre de schistes plus ou moins argileux entremêlés de macignos, inférieur au système calcaire hippuritico-nummulitique. Tout en acceptant comme exacts les faits

(A) Bulletin de la Société géologique de France, t. XIII, p. 439 à 488.

« VorigeDoorgaan »