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Rapprochons cette idée générale de l'état de la France, nous indiquerons ainsi le cours de nos méditations, et leur direction vers un but utile.

LA Constitution actuelle a reçu des atteintes qui prouvent sa foiblesse, et qui annoncent sa courte durée. Et comment n'auroit-on pas jugé, après un mûr examen, qu'elle n'avoit en ellemême aucun soutien ? Toutes les autorités dont elle est composée ne peuvent ni se surveiller, ni s'entr'aider; et l'indépendance du premier pouvoir a été préparée de toutes les manières.

Ces vérités de fait, pour être instructives, ont besoin d'être rapportées à des principes; c'est peut-être l'unique moyen d'empêcher qu'en voulant corriger un jour des imperfections frappantes, on n'ait encore, sous des formes différentes, un résultat semblable.

C'est donc là le premier sujet que j'ai dû traiter; et, en même temps, j'ai montré l'inconvénient politique de ces combinaisons

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timides où, en empruntant quelques traits de la Monarchie et quelques traits de la Républi que, on ne peut obtenir ni l'unité majestueuse de l'une, ni le mouvement animé de l'autre.

Ce sont ces deux Gouvernemens qui, dans leur pureté, doivent fixer la principale attention du Législateur; mais l'un et l'autre, dans leur application à la France, présentent de grandes difficultés.

Je les ai approfondies ces difficultés, et j'essaierai de les décrire. J'ai même été plus loin, et je me suis hasardé à tracer deux plans de Gouvernement : l'un, sous le nom de Monarchie héréditaire et tempérée; l'autre, sous le nom de République une et indivisible, et soumise, autant qu'il est raisonnablement possible, aux lois de l'égalité.

J'ai quitté dans cette occasion le poste abrité des idées générales, et je ne l'ai pas fait sans en connoître le péril.

Le plan d'une République une et indivisible

d'une République véritable et reconnue pour telle, m'a donné le plus de peine; mais deux intérêts m'ont attaché à ce travail.

J'ai cru que si les circonstances ramenoient jamais un tel Gouvernement, comme il est possible, on devroit souhaiter, au nom de la patrie, au nom même de l'humanité, qu'il y en eût un modèle tracé hors des temps de passions, un projet déposé quelque part, et moins dangereux que les systêmes dont on a fait l'épreuve pendant le cours de la révolution.

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J'ai cru aussi que, pour comparer de bonne foi la Monarchie avec la République, la République avec la Monarchie, il falloit d'abord rechercher le degré de perfection qu'on pouvoit donner en France à ces deux genres Gouvernement. Et cette obligation est d'autant plus essentielle, d'autant plus de rigueur, qu'il ne suffit plus aujourd'hui d'un jugement spéculatif; il faut examiner ce qui peut réussir au milieu de tant d'opinions en divers sens, de tant d'habitudes déjà devenues fortes, et de

tant de passions encore prêtes à renaître, ce qu'on peut faire aussi sous la protection de l'homme nécessaire ; et nous donnons tous ce nom à Bonaparte.

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Il y a plus d'une sorte de Républiques, plus d'une sorte de Monarchies. Ainsi, après avoir examiné la Monarchie héréditaire et tempérée, et la République une et indivisible, ces deux Gouvernemens entre lesquels l'opinion de la France semble partagée, j'ai dû fixer mes regards sur quelques autres systêmes politiques; et je l'ai fait rapidement, lorsque des motifs. décisifs ont simplifié pour moi les questions..

Il est une pensée qui m'est revenue souvent dans le cours de mes méditations, c'est que les: obstacles apportés par les circonstances à l'établissement d'un bon Gouvernement constitu

tionnel n'étoient ni connus ni pressentis par les personnes même habituées à la réflexion..

Cependant, des difficultés redoutables se pré

sentent pour tout. Une République une et indi visible, au milieu d'un vaste pays, agrandi encore chaque jour par des conquêtes ! Une République fédérative au milieu d'une Nation qui veut se mouvoir à grands flots vers la gloire et la renommée ! Une Monarchie héréditaire quand les accompagnemens de la royauté n'existent plus, quand les élémens d'opinion, nécessaires à l'existence, à l'ascendant des Pairs et des grands Seigneurs, sont presque dissous ! Une monarchie militaire au milieu des lumières de notre siècle ! Une aristocratie patricienne, avec le goût présent des Français pour l'égalité ! Une aristocratie bourgeoise, avec leurs dispositions dédaigneuses pour toutes les supériorités faites à la main ! Voilà, tout au moins, de grands sujets de réflexion.

J'ai retrouvé, en les étudiant, la plupart des vérités que j'avois consacrées dans mes premiers écrits politiques: mais une suite d'événemens sans pareils ayant fait de la France un monde nouveau, je serois resté trop en arrière

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