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MÉLANGES.

UNE DÉCOUVERTE BIBLIOGRAPHIQUE

A PROPOS DE LA CHRONOLOGIE MAROTIQUE.

La chronologie des œuvres de Clément Marot, le problème de l'authenticité des pièces parues dans des plaquettes ou dans des recueils collectifs renferment des points obscurs ou des erreurs qu'une recherche dans les grandes bibliothèques de l'Europe ou le hasard va dissiper. Le tableau chronologique dressé par M. P. Villey' remplace la chronologie fantaisiste de Lenglet-Dufresnoy (La Haye, 1731) et complète le travail inachevé de G. Guiffrey (t. II, III, 1876-1881). Les trois premières parties du tableau embrassent les publications du vivant de l'auteur (1515-1532, 1532-1538, 1538-1544), la dernière (1544-1560) les éditions posthumes. M. Villey a examiné un nombre très considérable des œuvres imprimées et des recueils renfermant des pièces marotiques dont on peut tirer des conclusions sur la date de la composition, des renseignements touchant l'histoire, l'authenticité de l'attribution pour certaines pièces. Son tableau doit être le point de départ d'une édition critique aussi bien que d'une étude littéraire de l'œuvre marotique.

Les éditions successives de l'Adolescence clémentine (1532) s'enrichissent de nombreuses œuvres étrangères que le public attribue à Marot, qui proteste contre l'abus dans le titre d'une de ses œuvres : « Et ne sont en ce present livre autres meschantes œuvres mal composees que on impose estre du dict acteur, lesquelles il repousse et desadvoue. » Il le pouvait faire de son vivant, mais les éditions posthumes étaient livrées aux caprices des imprimeurs qui semblaient justifier la fantaisie ou l'hypothèse de quelques éditeurs modernes. L'année de

1. P. Villey, Tableau chronologique des publications de Marot. Revue du Seizième sièle, t. VII, 1920, p. 46-97, 206-234; t. VIII, 1921, p. 80-110, 158-210.

sa mort (1544) est un terme qui facilite à juger la justesse d'une attribution ou la valeur d'une édition. Ce fait ajoute un plus grand intérêt à la découverte d'une édition antérieure du Recueil de vraye poésie françoyse que M. Villey' mentionne en premier lieu parmi les publications posthumes (décembre 1544). 11 renferme « au moins cinq pièces inédites de Marot, l'une signée de son nom et les quatre autres non signées ». La paternité de Marot fut attribuée à plusieurs des pièces non signées, et M. Villey lui-même admet : « Il est possible que, parmi les nombreuses pièces anonymes de ce recueil, quelquesunes soient effectivement de Marot, car il appert que l'éditeur a eu connaissance de pièces de Marot encore inédites. » Il faut prendre beaucoup de précautions dans l'attribution de pièces non signées, ce que prouve l'erreur de M. Fromage, et aujourd'hui, grâce au tableau de M. Villey, nous avons un ouvrage indispensable pour distinguer l'édit de l'inédit.

La Bibliothèque de la Cour et de l'État de Munich possède une édition du Recueil de vraye poésie françoise, publiée une année avant l'exemplaire de la Bibliothèque de l'Arsenal (BL 7231), examiné par M. Villey. Il est connu que le fonds de la bibliothèque Palatinale est riche en éditions rares ou uniques d'imprimés du xvIe siècle. Les chansons de Marot mises en musique par Pierre Attaingnan (1530) furent réimprimées par E. Bernouilli d'après l'exemplaire de Munich3. L'édition d'Anvers de l'Adolescence clémentine par Jean Steels ne se trouve que dans la même collection. Cependant, l'impression dont nous allons donner une description bibliotechnique a échappé à l'attention toujours éveillée de M. Villey :

Recueil de vraye | Poésie Françoyse | prinse de plusieurs Poëtes, les plus excellentz de | ce regne. Avec privilege du Roy pour cinq ans. | 1543. De l'Imprimerye de Denys Janot. | On les vend au Palays, en la gallerie par où | on va à la Chancellerie, es boutiques de | Jehan Longis et Vincent Sertenas, libraires 5.

1. Villey, loc. cit., t. VIII, 1921, p. 157.

2. R. Fromage, Poésies inédites de Clément Marot. Bulletin de I histoire du protestantisme français, 1909 (cf. Plattard, Revue des Etudes rabelaisiennes, 1912, p. 68-71).

3. Villey, loc. cit., t. VII, p. 53.

4. Pogall. 1379, in-8°. Villey, loc. cit., t. VII, p. 208, n. 3.

5. Münich, Hof und Staats bibliothèque, Pogall., 1848. Le volume

Le privilège qui suit est daté : le XIIe iour d'April mil cinq cens quarante troys. Signé sur le reply de par le Roy, Bayard. Achevé d'imprimer : le XXVe iour de May 1543.

Le volume est relié en cuir et sur le plat extérieur on trouve l'ex-libris de la bibliothèque des ducs de Bavière. Au feuillet de garde se trouve la cote : BL 3750. Les cahiers sont marqués des lettres de A jusqu'à G 4, plus quatre feuillets, et les feuillets numérotés de 1 jusqu'à 47, plus huit feuillets (110 pages). Une erreur de relieur semble avoir augmenté le nombre des feuillets, puisque le cahier contenant les pièces à partir D'une vieille j'usqu'à Responce s'y trouve relié en doublet.

L'incipit du volume (A ii) est le même que dans l'édition de 1544: Traduction d'un Épigramme de Martial, commençant : « Vitam qui faciunt beatricem », par Clement Marot.

Voicy, amy, si tu veulx sçavoir

Qui fait à l'homme heureuse vie avoir.

Le Second Enfer d'Estienne Dolet, natif d'Orléans (1544)', renferme une variante (p. 63):

Mon fils, voicy, si tu le veulx sçavoir...

Les autres pièces non signées de Marot sont : A Ysabeau, De Macée, D'une vieille, De Pauline. Les pièces qu'on lui a attribuées suivant les recherches de M. Villey sont : Douleur et volupté (d'A. Herolt) 2, Rondeau des Barbiers3. Huictain: Le lendemain des nopces on vint veoir, Marot du faulx bruis de sa mort. Douzain (à Creman)5: De monsieur le cardinal de Tournon, D'un Murier, Virelay. - Il faudrait reprendre pour ces poésies l'examen de l'authenticité appuyé par des preuves internes, puisque la date de leur publication les fait paraître

est entré dans la bibliothèque avec la collection achetée à JeanJacques Fugges. Cf. O. Hertig, Die Gruendung des Muenchner Hofbibliothek durch Albrocht V und Johann Jakob Fugge; Abh. des h. Kayser Akad. des Wissenschaften, XXVIII, 3. Muenchen, 1917. 1. Villey, loc. cit., t. VIII, p. 103, n. 1.

2. Ibid., p. 198.

3. Ibid.

4. Ibid., p. 199, n. 1.

5. Ibid., p. 159, n. 3.

6. Ibid., p. 104.

7. Ibid., p. 169.

du vivant de Clément Marot, auquel on a attribué la plus grande part du volume. Les auteurs nommés à côté de lui sont : Macault, dont l'Épigramme suit celle de Marot, et Des Essars, qui contribua la Généalogie des Roys de France, et SainteMarthe, qui adressa un douzain à Marot. Le nom de SainteMarthe figure au moins trois fois dans le Recueil.

L'explicit se trouve à la fin d'un Dixain en l'honneur du roi :

O nous heureux aultant qu'on le peulx estre,
D'avoir un Roy qui nous monstre à bien faire.

Fin du recueil de poésie | françoise.

Des deux libraires qui ont vendu cette édition, Vincent Sertenas est nommé sur l'édition du Petit Traicté (1535), imprimé par Anthoine Bonnemère, renfermant quatre pièces de Marot'. Clément Marot, émigré à Genève (fin 1542), où il fait imprimer ses Cinquante psaumes (après le 1er août 1543)2, ensuite à Chambéry (1543), pouvait-il connaître le Recueil de vraye poésie françoise (1543) avant sa mort, arrivée à Turin l'année suivante (1544)? Des recherches au sujet de la vente de l'édition, du nombre des exemplaires conservés peuvent contribuer à la solution du problème qui touche l'attribution de quelques œuvres et la popularité du nom de Clément Marot peu avant sa fin.

Louis KARL.

1. Villey, loc. cit., t. VII, p. 208.

2. Ibid., t. VIII, p. 97.

COMPTES-RENDUS.

FLEURET et PERCEAU. Les satires françaises du XVIe siècle. Paris, Garnier, 1922. 2 vol. in-8°.

« Le présent ouvrage, dit la préface de cette anthologie, ne contient guère que des satires proprement dites, conçues selon l'idée que l'on se fait communément de la satire poétique et d'après les modèles de l'antiquité latine. »

Pour constituer un recueil de pièces de vers propre à donner une idée exacte de l'esprit satirique au siècle de la Renaissance, on pouvait hésiter entre plusieurs programmes. Il eût été légitime d'y admettre l'épigramme, la chanson, le conte en vers, qui relèvent de la satire, si l'on prend le mot dans son sens large. Il n'était pas interdit, d'autre part, de restreindre la satire aux pièces « satyriques », dans le sens où l'entendaient Vauquelin de la Fresnaye et quelques autres écrivains, c'est-à-dire aux censures de mœurs, écrites dans un style impudent ou lascif, qui rappelle la licence cynique des satyres chez les anciens. Le livre eût été composé alors des invectives si nombreuses contre les vieilles courtisanes, contre les courtières d'amour, contre les femmes, contre le mariage.

MM. Fleuret et Perceau ont pris un moyen parti. Leur choix a porté sur des poèmes qui correspondent à l'idée que la Renaissance se faisait de la satire, d'après Juvénal, Horace et Perse. On rencontre de telles œuvres chez nombre de poètes au xvie siècle, bien qu'aucun d'eux, jusqu'à Mathurin Régnier, n'ait exclusivement cultivé la satire.

Les sujets de ces poèmes satiriques sont variés. Ici ce sont les invectives « satyriques » dont nous venons de parler. Il s'en trouve chez Joachim du Bellay, Flaminio de Birague, Jean de Boissières, Desportes. Ailleurs des ripostes aux attaques d'envieux ou de médisants, chez Baïf, par exemple, et Jacques Pelletier du Mans. D'autres poètes, comme Bailly, reprenant la traditionnelle satire des « états du monde », blasonnent les

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